Finance durable, entreprises responsables : accélérons notre transformation !

Mars 2018, printemps de l’économie responsable ? De l’engagement européen sur la finance durable à la promesse d’entreprises intégrant pleinement leurs dimensions environnementales et sociales, l’impulsion politique est là. Mais pour passer de la parole aux actes, il faut accélérer la transformation responsable de nos organisations. Par Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, filiale de la Caisse des dépôts.
Anne-Catherine Husson-Traore est directrice générale de Novethic, filiale de la Caisse des dépôts, à la fois centre de recherche sur la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et l'ISR (investissement socialement responsable), et un média sur le développement durable.
Anne-Catherine Husson-Traore est directrice générale de Novethic, filiale de la Caisse des dépôts, à la fois centre de recherche sur la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et l'ISR (investissement socialement responsable), et un média sur le développement durable. (Crédits : DR)

Le 8 mars dernier, la Commission européenne a rendu public son plan d'action pour la finance durable. Dans le même temps, le rapport cosigné par Nicole Notat, présidente de Vigeo Eiris et Jean-Dominique Senard, président de Michelin, dévoilait 14 recommandations pour « faire de l'entreprise un objet d'intérêt collectif ». Audacieux et opérationnel, il invite notamment à confier aux conseils d'administration des entreprises la formulation d'une « raison d'être » visant à guider la stratégie de l'entreprise en considération de ses enjeux sociaux et environnementaux, et à modifier le Code civil en conséquence.

Le cap est fixé, la bataille de la mise en œuvre commence !

Ces deux initiatives, inimaginables il y a quelques années, montrent le chemin parcouru. Elles conduisent des acteurs politiques majeurs à traduire en réalités économiques mesurables des phénomènes environnementaux comme le changement climatique ou la raréfaction des ressources naturelles, ou encore des problèmes sociaux comme le creusement des inégalités, l'optimisation fiscale excessive ou le remplacement des humains par des robots. La bataille des idées est en grande partie gagnée, mais encore faut-il traduire ces victoires en actions. Cela suppose une transformation profonde des modèles économiques et financiers actuels, et la mobilisation d'un nombre croissant de ressources humaines et financières.

Le mouvement existe, mais pour qu'il soit à l'échelle des besoins, il faut accélérer considérablement la transformation responsable de l'ensemble des parties prenantes de l'économie : institutions financières publiques et privées, entreprises et citoyens.

Quatre leviers d'accélération de la transformation responsable

Pour commencer, il faut décoder ce mouvement, c'est-à-dire expliquer et diffuser des savoirs actualisés pour orienter les acteurs qui se demandent par où commencer. Les recommandations existent dans plusieurs rapports publiés ces dernières semaines (celui dit Ducret/Lemmet pour une "Stratégie française pour une finance verte" publiée en décembre 2017, celui du HLEG pour une finance durable européenne en janvier, et enfin le rapport Notat/Senard en mars). Tous encouragent une plus grande transparence sociale et environnementale des stratégies d'investissement et des processus de création de valeur des entreprises, et appellent épargnants et consommateurs à participer au changement.

Il faut ensuite, mettre en place des systèmes d'évaluation standardisés pour mesurer l'impact des actions entreprises. En invitant à la création d'un référentiel européen des activités durables et à la mise en place de standards et labels pour les produits financiers environnementaux, le plan d'action de la Commission européenne va dans ce sens. C'est également le cas du rapport Notat/Senard, qui encourage à la création de labels RSE sectoriels ou à la naissance d'un acteur européen de labellisation.

Pour créer ce nouveau cadre de référence, il faut d'abord développer les compétences des promoteurs et promotrices de responsabilité. Un défi de taille se pose ainsi aux organisations en mutation : celui des talents et des savoir-faire disponibles aujourd'hui. Tous nos partenaires, au sein du secteur financier, d'institutions ou d'entreprises l'expriment : leur principal enjeu est de former leurs équipes pour piloter de manière autonome et rapide une transformation responsable qui ne fait plus débat.

C'est pourquoi, il est indispensable de valoriser les initiatives modèles, de diffuser les bonnes pratiques pour susciter l'inspiration, mais aussi d'analyser les risques générés par un scénario "business as usual" encore largement défendu. Dans le premier cas, les exemples ne manquent pas d'entreprises aux modèles innovants ou d'investisseurs contribuant à une économie inclusive et sobre en carbone. Donnons-leur la lumière qu'ils méritent ! Dans le second cas, il faut repenser la plupart des modèles d'évaluation des risques.

La tâche est colossale et suppose un appel à la mobilisation générale afin de faire la guerre à un modèle économique à bout de souffle qui menace la planète tout entière. Cet effort de guerre suppose une action globale et concertée, intégrant simultanément actualisation des savoirs, standardisation, formation et valorisation afin d'accélérer la transformation responsable que de plus en plus d'acteurs économiques et financiers appellent de leurs vœux.

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