L’émancipation économique des femmes  : un défi prioritaire qu’il faut continuer à relever

Estimant que depuis 5 ans, le sujet de la parité est sorti des tiroirs et des placards, Patricia Chapelotte, présidente, créatrice du Prix de la Femme d'Influence et plus d'une vingtaine de personnalités féminines (*) dénoncent l'inégalité économique entre les hommes et les femmes.
(Crédits : DR)

Nous sommes des femmes issues de la société civile. Nous avons la conviction que l'égalité et l'émancipation économique des femmes sont des combats prioritaires, prioritaires pour nous mais prioritaires aussi pour notre pays. Au début de son mandat, Emmanuel Macron a fait de la parité femmes-hommes la grande cause de son quinquennat. La France, ce pays des Lumières, ce pays précurseur des droits humains, s'est longtemps accommodé d'inégalités massives entre les femmes et les hommes. En dépit de la loi qui l'interdit, les femmes sont payées près de 10 % de moins que les hommes à compétence et expérience égales.

Elles représentent 78 % des temps partiels, leur retraite dépasse à peine la moitié de celle des hommes, 70% des personnes en situation de pauvreté sont des femmes. L'indépendance économique est le premier levier pour avoir la maîtrise de son propre destin, sortir de la pauvreté, décider de sa vie familiale et affective, assurer un avenir à ses enfants. Et, ce sont les femmes qui, le plus souvent, en sont privées. La France ne peut pas fermer les yeux, pas la France ! Notre pacte républicain et notre promesse d'égalité des chances ne nous l'autorisent pas.

Égalité économique

Nous prenons la parole, pour affirmer ensemble que le chemin est encore long
jusqu'à l'égalité économique réelle. Mais nous assumons qu'il y aura un avant et un
après ce quinquennat. En quelques années, la France s'est dotée de l'arsenal
législatif le plus affûté au monde en matière d'égalité. L'index de l'Egalité
professionnelle permet de mesurer notamment les différences de salaire et donne des outils aux entreprises pour mettre en place des trajectoires de progression.

La loi Rixain, 10 ans après la loi Copé-Zimmerman, instaure une obligation minimale de 30 % de femmes au sein des instances dirigeantes en 2027, puis 40 % en 2030. Depuis 5 ans, le sujet de la parité est sorti des tiroirs et des placards. On l'évoque, on le mesure, on le revendique. Les acteurs économiques mesurent enfin combien la parité peut être un levier de performance. C'est plus largement une locomotive de la croissance et de l'emploi. L'autonomie économique des femmes profite à tout le pays.
L'accession, récemment, de trois femmes à la tête de grandes entreprises témoigne de l'impact concret de ces mesures. Une femme qui devient directrice générale, c'est une génération de petites filles qui peuvent croire à leur potentiel, et des jeunes filles qui osent suivre leur vocation scientifique ou managériale, parfois malgré le scepticisme de leur entourage.

Et même si nous devons nous défier du prisme de ne voir que la féminisation des instances dirigeantes, nous avons besoin de modèles et de systématiser les actions en matière d'orientation scolaire des jeunes filles et de lutte contre les stéréotypes. Pour la troisième année, une charte pour une représentation mixte des jouets a ainsi été signée par les industriels et les distributeurs de jouets.

Conjoints mauvais payeurs

Pour les moins favorisées, un service des pensions alimentaires a été créé pour pallier la défaillance des conjoints mauvais payeurs et la loi Rixain garantit l'obligation de verser le salaire ou les prestations sociales sur le compte bancaire dont les femmes sont personnellement titulaires, et pas celui de leur conjoint. Les métiers du soin, assurés majoritairement par les femmes, ont été également été revalorisés significativement dans le Ségur de la Santé. Ce quinquennat a donc posé les premières pierres d'une nouvelle dynamique qui implique toute la société civile. Il reste encore beaucoup à faire. Pendant que l'index de l'égalité pourrait intégrer les temps partiels, les entreprises pourraient rendre plus transparentes leurs échelles de salaire pour les postes sur lesquels elles recrutent ou promeuvent pour que les femmes puissent se situer et mieux « négocier ».

Précarité des femmes invisibles

Remettons aussi en cause les modèles de précarité des métiers des femmes invisibles, comme les femmes de ménage aux horaires inutilement fragmentés par exemple. Agissons pour que plus de femmes soient orientées dans les métiers scientifiques, techniques ou de la Tech et regardons comme anormale la surreprésentation masculine dans les 26 nouvelles licornes françaises. Intéressons-nous au maintien ou à la réinsertion des femmes de plus de 45 ans dans l'emploi ou au fait d'inverser dans une recherche clinique qui prend en compte spécifiquement le métabolisme des femmes ou dans une innovation plus particulièrement dirigée vers les métiers féminins... en un mot rétablissons l'équilibre.

L'émancipation économique des femmes est une priorité absolue, en France, au
XXIe siècle. Emmanuel Macron l'a bien compris. Assumons dans son sillage de vouloir devenir ce phare pour chacune des femmes qui veut pouvoir choisir sa vie.

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(*) SIGNATAIRES

Patricia Chapelotte, présidente, créatrice du Prix de la Femme d'Influence, entrepreneure ;

Corinne Amirault Moulin, entrepreneure ;

Aliénor Bacqué, architecte, co-fondatrice d'un studio d'architecture ;

Céline Bekerman, avocate pénaliste ;

Valérie Bonnement, dirigeante d'une agence de communication ;

Anne-Sophie Bordry, entrepreneure de la Tech ;

Hélène Bourbouloux, administratrice judiciaire ;

Marie-Claire Capobianco, banquière

Sylvie Cazenave-Péré, présidente d'un groupe industriel ;

Claire Chabrier, directrice associée d'un fonds d'investissement ;

Claudia Chemarin, avocate pénaliste ;

Marie Cluzet, entrepreneure ;

Chiara Condi, présidente et fondatrice de l'association Led by Her ;

Muriel de Saint Sauveur, dirigeante d'une agence spécialisée dans le leadership au féminin ;

Elisabeth Descombes, directrice déléguée d'un média économique ;

Clémence Guerrand, présidente d'association, concours international de jeunes chefs d'orchestre ;

Emmanuelle Hoffman, avocat aux Barreaux de Paris et du Québec ;

Sandra Le Grand, entrepreneure, conférencière ;

Isadora Limare, créatrice d'une marque de maroquinerie responsable ;

Hélène Molinari, administratrice indépendante de société, Présidente de Sumus ;

Fanny Picard, fondatrice d'un fonds d'investissement responsable ;

Marie Rivenez, PDG d'une société d'agro- alimentaire ;

Shannon Seban, conseillère municipale ;

Caroline Thomas, chef de produit international

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2022 à 14:50
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Sachez qu'en bas ce problème est bien moins important et en recul qu'en haut dont vous faites toutes partie parce que plus on possède et plus on est radin or ça fait belle lurette qu'au sein de la classe productrice à part son lot habituel de cas exc...

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