L'unité du Medef est fragile, préservons-là !

Alors que l'élection à la présidence du Medef entre dans sa dernière ligne droite, Patrick Martin, président du Medef Auvergne-Rhône Alpes lance un appel à l'unité du mouvement face aux divisions révélées par la campagne pour la succession de Pierre Gattaz.
(Crédits : DR)

Alors que la campagne électorale du Medef entre dans sa dernière ligne droite, un constat s'impose : Jamais l'unité du mouvement n'a été tout à la fois aussi nécessaire et aussi fragile.
 
Nécessaire, car si notre pays semble désormais avoir pris le chemin des réformes de structures celles-ci ne marquent pas cependant « la fin de l'histoire » annoncée il y a plus de 25 ans par Francis Fukuyama et maintes fois démentie depuis.

Jamais, a fortiori dans un contexte de montées des populismes et de remise en cause de la construction européenne, le besoin d'une expression collective des entreprises de France n'a été aussi fort.

J'en suis convaincu le Medef est utile aux entreprises et à notre pays, en ce qu'il promeut quotidiennement des valeurs et des normes, non pas au service de tel ou tel secteur d'activité économique ou de telle ou telle branche professionnelle mais au profit de l'intérêt supérieur économique du pays et de l'intérêt général.

Dépasser les intérêts économiques différents

Le Medef dans son fonctionnement quotidien est donc appelé à dépasser les intérêts économiques différents et quelquefois strictement opposés de ses composantes. Cette construction originale est à la base des succès du mouvement. Malgré les débats et quelquefois les divergences, une fois qu'elles ont été validées par ses instances de gouvernance, les positions défendues deviennent celles de tous.  L'unité du Medef est la condition de la réussite et de l'efficacité.
 
Cependant j'ai le sentiment que cette unité est aujourd'hui fragilisée par un ensemble de facteurs qui cumulés font craindre à terme une marginalisation voire un éclatement de notre mouvement.
 
Le premier facteur tient à la virulence des débats qui ont opposés ces dernières années les différentes composantes de notre organisation. Point n'est besoin de détailler davantage tant ces oppositions ont eu, trop souvent à mon gout, un aspect médiatique et public, que je ne peux que regretter pour l'image du Medef.

La réforme devenue incontournable du paritarisme
 
Le second facteur tient à la réforme devenue incontournable du paritarisme. Il faudra la mener de façon ambitieuse mais transparente, la réflexion devra donner lieu à un vaste débat associant tous les secteurs d'activités, tous les territoires, mais aussi le plus grand nombre possible d'entreprises. Une fois des orientations définies, elles devront être validées par les instances de gouvernance du Medef de façon transparente et démocratique. Ne nous y trompons pas, la réforme du paritarisme, que nous appelons de nos vœux depuis longtemps, ne sera pas sans conséquence sur le Medef. Il faudra donner de nouvelles raisons aux fédérations adhérentes de maintenir leur niveau d'engagement, alors même qu'elles considèreront que la défense de leurs intérêts ne passe plus nécessairement par le Medef, en matière de négociation sociale notamment.
 
Le dernier facteur tient aux circonstances particulières de l'élection à la présidence du Medef en 2018. Chacun s'accorde à dire que cette campagne verra s'opposer plusieurs candidats jusqu'à l'élection du 3 juillet. Peut-être même donnera t'elle lieu à un second tour, ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire, au moins récente, du patronat. Il serait illusoire de penser qu'une telle configuration d'élection serait sans conséquence sur l'unité du Medef, si elle devait voir s'opposer deux candidats aux profils et aux soutiens très différents. Les failles apparues ces dernières années dans le registre de l'unité pourraient devenir béantes et les positions irréconciliables. En effet les antagonismes de positions et de structures qui se révèlent obligatoirement dans une campagne, quelque soit la valeur personnelle des individus, demeurent  et définissent les relations longtemps après la fin de l'élection.
 
Oui j'en ai la conviction l'unité du Medef est nécessaire mais elle est fragile.

C'est cette analyse qui a fondé en partie ma décision de me porter candidat. Homme d'entreprise engagé je connais bien le Medef, ses grandes qualités mais aussi ses petits défauts.
 
En militant résolu du modèle interprofessionnel, je pense que le Medef ne doit plus être un lieu d'opposition mais de convergence. Convergence des idées, des femmes et des hommes d'entreprise, des innovations. Un lieu d'échanges et de dialogue. Un lieu pour tous les créateurs et les chefs d'entreprise quelque soit leur secteur professionnel, leur âge ou leurs problématiques particulières.

La division est un poison mortel
 
Je pense être en mesure de créer les conditions pour tout à la fois développer l'attractivité de notre mouvement et convaincre une nouvelle génération de nous rejoindre et de prendre des responsabilités, donner des raisons nouvelles à ceux qui y sont déjà d'y demeurer et maintenir l'unité du Medef. C'est là que se situe le défi majeur que le prochain président aura à relever.

La division est un poison mortel. Le résultat de l'élection à venir accélérera la dissémination de ce poison, ou au contraire permettra de construire un Medef plus ouvert, plus efficace et plus uni. Je reste persuadé que, comme pour la construction européenne, la désunion conduira inéluctablement à l'affaiblissement. L'union est un combat, mais il vaut la peine d'être mené dans l'intérêt des entreprises que nous représentons. En ce qui me concerne j'entends le mener avec toute la détermination que me donne l'assurance de me battre pour le bien commun et l'intérêt général.

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