La blockchain, un atout clé pour l'économie sociale et solidaire ?

Au-delà du buzz autour de Bitcoin et des cryptomonnaies, la technologie de la blockchain va apporter des réponses évidentes pour l'ensemble de l'écosystème de l'ESS. Par Sébastien Bourguignon, directeur conseil et influencer digital chez Margo.
L'UNICEF a lancé depuis le 19 septembre dernier la possibilité pour ses contributeurs de réaliser des dons en cryptomonnaies.
L'UNICEF a lancé depuis le 19 septembre dernier la possibilité pour ses contributeurs de réaliser des dons en cryptomonnaies. (Crédits : Reuters)

La blockchain et les cryptomonnaies n'arrêtent pas de faire parler d'elles dans de nombreux secteurs d'activité. Les banques et les assurances ont déjà de nombreux retours d'expérience et le milieu de la logistique et du transport commence, quant à lui, à avancer à grands pas sur le sujet. Si les applications de ces technologies sur ces secteurs peuvent sonner comme des évidences, celui de l'économie sociale et solidaire (ESS) l'est à première vue, beaucoup moins. Et pourtant, en ce qu'elle permet d'apporter des réponses concrètes aux enjeux de transparence et de traçabilité, qui impactent également le monde de l'ESS, la blockchain s'avère porteuse de bénéfices non négligeables pour ce secteur.

Un facteur essentiel, la confiance

La confiance est un facteur essentiel de réussite de cette approche de fonctionnement de notre société. Ainsi, le fait que toute transaction, et son contenu, soit entièrement lisible par n'importe qui, qu'elle soit non modifiable et non supprimable et qu'on puisse la suivre tout au long de sa vie, permet d'apporter la confiance nécessaire pour rassurer les différentes parties-prenantes dans la chaîne de valeur de cette nouvelle économie.

A commencer par le milieu caritatif. L'attente est importante de la part des donateurs pour savoir où passe l'argent collecté, avoir la certitude qu'un euro donné pour un projet soit bien un euro qui lui soit affecté, à lui et pas à un autre. De fait, des initiatives ont émergé un peu partout dans le monde depuis quelques mois, comme par exemple la startup Disberse qui mène une expérimentation depuis l'année dernière avec une quarantaine d'organisations anglaises réunies au sein du groupement The Start Network pour tracer les dons entre les donateurs, le gouvernement et les organismes de bienfaisance.

Autre initiative très récente également, celle de l'UNICEF qui a lancé depuis le 19 septembre dernier la possibilité pour ses contributeurs de réaliser des dons en cryptomonnaies. L'UNICEF a choisi d'ouvrir les dons sur 9 crypto-monnaies différentes afin de disposer d'un spectre assez large, de frais de transaction possiblement plus faibles et tenter, ce faisant, de démocratiser les cryptomonnaies dans le milieu caritatif. Le Samusocial, après un test réalisé entre mi-janvier et mi-février dernier, a ainsi décidé de pérenniser le dispositif.

Une solution pour aider à l'identification des réfugiés

Les mouvements migratoires représentent quelques 65 millions de personnes aujourd'hui déplacées, et qui ne disposent pas d'une identité dans les camps de réfugiés ne leur permettant ni de prouver qui ils sont et quel sont leurs liens de parenté, ni de percevoir des aides de la part des ONG afin de subvenir à leurs besoins élémentaires. Dans ce cadre, l'organisation Bitnation œuvre ainsi avec une solution basée sur Ethereum, notamment au travers du projet d'aide humanitaire Bitnation Refugee Emergency Response (BRER) qui a permis de faciliter l'aide apportée aux réfugiés lors de la crise de septembre 2015 en Europe.

De la même manière, l'initiative ID2020 vise plus largement les 1,1 milliard de personnes dans le monde qui ne disposent pas d'un moyen de prouver leur identité. Cette alliance regroupant de nombreux acteurs du privé et du public a été cofondée par Accenture, Gavi, Microsoft et The Rockfeller Foundation. Le constat d'ID2020 est simple : le manque d'identité reconnue prive les populations de protection, d'accès aux soins et des droits basiques. Ce consortium se veut donc dédié à la résolution des défis d'identité pour l'ensemble des personnes qui n'en n'ont pas, grâce à la technologie et en particulier la blockchain.

Lutter contre le greenwashing

Nous avons tous entendu parler de ces sociétés dont l'activité pollue et qui pour répondre aux engagements de la responsabilité sociétale des entreprises déroulent des stratégies de greenwashing pour se présenter aux yeux du monde sous leur meilleur jour, sans pour autant mettre en œuvre des actions concrètes et vérifiables. Pour réussir à apporter des preuves sur leurs engagements d'émission de carbone, la fondation Veridium en partenariat avec IBM se propose de développer une place de marché du crédit carbone en utilisant la blockchain Stellar. De son côté, Ben & Jerry's a lancé le même type d'initiative en utilisant la même technologie.

Au-delà donc du buzz autour de Bitcoin et des cryptomonnaies, la blockchain semble réellement en mesure d'apporter des réponses évidentes à l'écosystème ESS partout sur la planète. Ces enjeux sont colossaux et les atouts de la technologie de Satoshi Nakamoto montrent encore une fois son pouvoir positif de disruption.

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