La finance au secours des économies du Golfe Arabique

Les Etats du Golfe sont lentement mais sûrement en passe de se transformer en destinations honorables à même d'attirer des investissements substantiels du monde entier. Par Michel Santi, économiste (*).

Le mois dernier, l'indice «MSCI» a enfin admis l'Arabie Saoudite dans son panier des marchés émergents («Emerging Markets equity index») qui abrite pas moins de 1.500 milliards de dollars. Pour mémoire, le Qatar et les Émirats arabes unis (EAU) en font partie depuis 2014, et le Kuwait y sera admis en 2020.

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, JP Morgan envisage d'inclure tous ces pays au sein de son très prestigieux et très influent index des obligations souveraines émergentes, le «EM hard-currency sovereign bond indice», qui donnera à la région une impulsion économique et financière majeure.

Une telle éventualité permettrait en effet d'attirer environ 50 milliards de dollars sous la forme d'emprunts obligataires lancés par ces nations : calcul relativement facile à faire en fonction de la pondération allouée par JP Morgan dans son indice dont la fortune est de 365 milliards de dollars. Une inclusion de l'Arabie, des EAU et du Qatar dans le «EM hard-currency sovereign bond indice» de JP Morgan abaisserait simultanément les coûts de financement de ces pays et se traduirait rapidement en une meilleure croissance.

Ceci étant dit, pourquoi ces pays (sauf Oman qui en fait déjà partie) ont-ils été jusque-là exclus de cet indice ? En fait, ils dépassent - parfois très largement - le critère de 18.770 dollars comme étant le plafond du P.I.B. par tête d'habitant fixé par JP Morgan exigé comme maximum par un pays pour y être inclus. Et pour cause : un pays comme le Qatar ne saurait satisfaire à ce critère puisque son P.I.B. par tête d'habitant est de 61.000 dollars ! JP Morgan a donc dû faire preuve d'une belle créativité pour tordre ces ratios et ces critères dans le but d'autoriser ces pays de faire très prochainement partie de son indice. Et pourquoi pas ? Ce n'est pas parce que les revenus moyens des citoyens d'un pays sont très élevés qu'il ne doit plus être considéré comme émergent ! En outre, les investisseurs attirés par ces marchés émergents les traitent déjà auprès de «desks» spécialisés et leur inclusion au sein de cet indice dédié de JP Morgan est un aboutissement logique.

Quoi qu'il en soit, cette nouvelle est exceptionnelle pour les pays arabes car les dettes souveraines combinées de ces pays (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Bahrein et Oman) pèseront désormais 12,3% dans l'indice JP Morgan, bien plus que le plus important pays jusque-là pondéré dans l'indice, à savoir le Mexique avec 5,1%. Le Moyen-Orient constituera aussi 18% du «MSCI EM equity index», contre 17% pour l'Asie et 11% pour l'Afrique. Cette progression notable permettra de multiplier les émissions obligataires qui autoriseront le développement des entreprises et - on l'espère - la réduction des inégalités.

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(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique", "Misère et opulence". Son dernier ouvrage : "Pour un capitalisme entre adultes consentants", préface de Philippe Bilger.

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