La voix de la France

La Commission européenne - velléitaire et frileuse - ne cesse de l'évoquer et de produire des rapports pour les stigmatiser. Du reste, les tiroirs de l'exécutif à Berlin regorgent de ce genre de rapports. Pourtant, les présidents français successifs ont clairement pris le parti de ne pas évoquer ce sujet épineux. Par Michel Santi, économiste (*).
Michel Santi

Priorité fut en effet accordée à pouvoir financer la dette de la France, même si cela nécessitait de brillamment jouer l'autruche et de feindre l'ignorance face à ce problème pourtant crucial. L'Allemagne ne balaie-t-elle pas d'un revers de main dédaigneux toute allusion à ses excédents ?

Pourtant, le nouveau président français devra très rapidement s'attaquer à ce dossier critique de l'excédent de la balance des paiements allemande qui se monte à 8,6% de son PIB. Il s'agit même là du dossier diplomatique le plus délicat auquel sera immanquablement confrontée la diplomatie française tant la posture allemande s'avère parasitique pour l'ensemble de l'économie mondiale ! L'ampleur - et la persistance dans le temps d'un excédent de cette taille - sont effectivement aux sources d'un déséquilibre majeur et - ce n'est qu'une question de temps - dévastateur pour tous ses partenaires, à l'intérieur comme hors de l'Union.

L'Allemagne est malade

Ne nous trompons pas de bataille pour autant car cet excédent massif n'est pas tant dû aux exportations allemandes qu'à une épargne substantielle qui se pratique très largement au détriment d'investissements privés et publics anémiques. De mauvaises politiques publiques et des choix stratégiques faibles combinés au vieillissement de sa population gonflent la balance des paiements de ce pays et commandent dès lors un diagnostic simple, voire limpide : l'Allemagne est malade. Son excédent budgétaire lui-même est le signe le plus infaillible de cette mauvaise gestion, qui ne sera pas réglée grâce à des sanctions commerciales imposées par ses partenaires, car elles y provoqueront une compression supplémentaire du coût du travail et une accélération de la précarité dans ce pays riche qui compte pourtant tellement de pauvres...

Que le prochain exécutif français se prépare donc à une fin de non recevoir de la part d'une Allemagne qui campera plus fermement que jamais sur sa position et qui ne cédera à nulle pression, sauf à une : celle de la liquéfaction de l'euro qui l'épouvante. Une telle perspective est effectivement ressentie comme une catastrophe économique et financière aux yeux des élites allemandes s'étant largement engraissées au détriment de la France et de l'Europe périphérique. Seule la voix forte d'une France déterminée - faisant peut-être cause commune avec l'administration Trump ? - est susceptible de ramener l'Allemagne à la raison, et d'éviter à notre monde un cataclysme causé par des déséquilibres malsains que seul ce pays refuse obstinément de voir.

Oui, une France volontaire peut en effet épargner au monde une nouvelle crise financière.

_______

(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

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Commentaires 8
à écrit le 29/06/2017 à 19:03
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SI l'Allemagne ne joue pas le jeu avec ses partenaires de la monnaie unique , pourquoi ne pas l'exclure de l'euro ? il y aurait un problème ...de crédibilité peut être de certains pays ? comme la France par exemple ? qu'en pensez vous Mr Santi ?

à écrit le 26/06/2017 à 18:43
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Il y a quelques années (2 ou 3 ?) Michel Santi titrait un de ses articles par une affirmation sans appel "l'Allemagne est moribonde". Maintenant, elle n'est plus que "malade". C'est donc qu'elle va mieux ?

à écrit le 26/06/2017 à 15:48
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Ca commence toujours ainsi, la misère avant le chaos. J'ai compris il y a belle lurette, Une petite étincelle suffit pour mettre le feu aux poudres. Plus il y a de poudre, plus l'explosion est violente. Pour l'instant "on" fabrique, "on" accumule, "...

à écrit le 26/06/2017 à 13:45
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M Santi n aime pas les allemands. Rien de nouveau ici. Par contre il devrait etre coherent: si vous avez une population agee, vous devriez avoir du deficit car pas mal de non productif. Curieusement ce n est pas le cas en RFA ... Quant a la misere e...

le 26/06/2017 à 18:24
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Vous niez le vieillissement, le taux de pauvreté supérieur au nôtre et les excédents allemands ? Ce sont pourtant des faits bien chiffrés et reconnus par tout le monde y compris les allemands. Par ailleurs, personne ne parle de dégrader les perfor...

à écrit le 26/06/2017 à 12:46
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Mr Santi nous fait encore part de sa germanophobie habituelle et nauséabonde, rien de nouveau donc. Pas de demonstration sur l'état 'malade' de l'Allemagne ni comment ses élites se seraient 'engraissées' (j'adore ce terme pour qualifier notre premie...

à écrit le 26/06/2017 à 12:11
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limpide. article vu sur La Tribune de Genève le 06 mai. cf. aussi Marcel Fratzscher, Olaf Gersemann ou Guillaume Duval sur l'Allemagne malade. le Financial Times aussi avait évoqué il y a peu une alliance France-US pour combattre l'excédent teuton.

à écrit le 26/06/2017 à 12:09
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Et nous connaissons la dramatique capacité des allemands à fermer les yeux sur les problèmes aussi horribles soient ils nous ne pouvons donc en effet qu'être pessimistes sur le comportement des dirigeants allemands qui ne doivent leurs places qu'à un...

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