« Les problèmes ne viennent pas de l’Europe, mais du manque d’Europe » (Benjamin Djiane, membre du bureau exécutif de Renaissance, vice-président de Territoires de progrès)

OPINION - L'Europe aujourd'hui n'est pas celle des années 1930 et des chemises noires. Mais partout les rhétoriques xénophobes, nationalistes, anticapitalistes, protectionnistes se ruent avec succès sur le projet européen.
Benjamin Djiane, membre du bureau exécutif de Renaissance, vice-président de Territoires de progrès.
Benjamin Djiane, membre du bureau exécutif de Renaissance, vice-président de Territoires de progrès. (Crédits : © DR)

Les élections européennes à venir proposeront deux chemins. D'un côté, une Europe qui veut sortir d'elle-même - une sorte d'« Europexit » -, une Europe du repli et du refus, une Europe « dark ». De l'autre, une Europe qui persévère dans son être. Ne tombons pas dans les parallèles historiques contre-productifs. L'Europe d'aujourd'hui n'est pas celle des années 1930 et des chemises noires. Mais force est de constater que, partout, les rhétoriques xénophobes, nationalistes, anticapitalistes, protectionnistes se ruent avec succès sur le projet européen.

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Ces rhétoriques du dark ne pourront être combattues par les discours habituels qui glorifient l'Europe des Lumières, et qui justifient le projet européen par son existence même. Ceux-ci doivent être sérieusement amendés pour redevenir audibles. Non, l'Europe n'a pas tout bien fait : elle a été incapable, alors que c'était sa raison d'être première, d'éviter le retour de la guerre, incapable - c'était sa seconde raison d'être - de protéger nos industries, incapable, à ce jour encore, de porter un message puissant pour une vraie transition écologique, incapable aussi de combler le fossé entre les citoyens et les institutions les représentant.

Ce préalable de lucidité est nécessaire pour contre-attaquer. Et dire les choses. L'Europe est la seule qui peut protéger les citoyens de l'Union européenne en tant que consommateurs face aux multinationales, comme elle l'a fait en imposant le port USB-C à Apple ou en mettant en place le règlement sur les retards d'avions, et nous devons renforcer et étendre son action en protégeant nos PME par un véritable Small Business Act à l'européenne qui leur réserve une part des appels d'offres en Europe.

Peut-on envisager que la solution instinctive du recroquevillement suffise à régler quoi que ce soit ?

L'Europe, pour atteindre nos objectifs de décarbonation, ne doit pas simplement - solution de facilité - recourir à une réforme comptable des coûts de l'énergie, mais plutôt encourager l'investissement dans les filières qui, en tout esprit de sérieux, ne peut que passer par l'innovation dans la filière nucléaire, et notamment la création et l'implantation des nouvelles microcentrales.

L'Europe se doit également de poursuivre son travail, non pas de simple restriction réglementaire des nouvelles technologies, mais surtout de structuration et de financement de ces domaines. Qui peut croire que l'intelligence artificielle, les ordinateurs quantiques et la fabrication de puces tiennent exclusivement de l'éthique ? Nous devons nous battre pour que l'Europe embrasse ces sujets et organise, encourage, finance leur développement.

L'Europe est également l'institution garante de l'intégrité de nos frontières, aussi bien devant les empires qui frappent à nos portes que face aux migrations incontrôlées qui menacent les équilibres internes de nos nations. Or, qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, peut-on envisager que la solution instinctive du recroquevillement suffise à régler quoi que ce soit ? À l'heure où nos plus puissants et fidèles alliés nous demandent plus d'implication dans la sécurité de notre continent, nous devons continuer de développer non seulement notre politique de sécurité commune, mais aussi des forces de défense suffisamment puissantes et intégrées. Nous aurons alors les moyens de mettre à la disposition de nos institutions les outils nécessaires à la prévention et à la résolution des crises sans avoir à abuser des moyens de nos alliés.

Le parti de l'étranger, celui qui rend l'étranger responsable de tout, est bien entendu à l'œuvre quand il s'agit de l'abaissement de l'Europe et, donc, de la France. Il n'est question, comme autrefois, que de l'engourdissement qui précède la mort. Sa petite voix doucereuse susurre à nos oreilles qu'on serait décidément beaucoup mieux seuls qu'avec cette Europe qui demande des compromis et qu'au fond il nous faut moins d'Europe pour aller mieux. Or les problèmes ne viennent pas de l'Europe, mais du manque d'Europe, il nous faut donc plus d'Europe en général, et en particulier « mieux » d'Europe.

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Commentaires 4
à écrit le 25/02/2024 à 15:24
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l'Europe politique fédéraliste que prône ce monsieur est synonyme d'abandon total de souveraineté. Tout ce qui peut la miner de l'intérieur est merveilleux,suivez mon regard🥳

à écrit le 25/02/2024 à 10:33
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Encore un illuminé qui nous explique que si l'Europe va mal et qu'elle a à peu près tout raté, alors il faut plus d'Europe. L'exemple de l'USB-C sensé nous rassurer est juste édifiant car il aura fallu près de 20 à cette Europe, dont on nous vente le...

à écrit le 25/02/2024 à 9:48
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Oui bref le verre à moitié ou à moitié plein tel qu'on le voit, tout dépend qui le remplit se verre et c'est vrai qu’il ne le rempli jamais assez. Mais vu comme la peste s'est installe en UERSS empire prévu pour durer mille ans franchement à un momen...

à écrit le 25/02/2024 à 5:29
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Le problème vient d'une Europe immigrationniste

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