Lettre ouverte de Valérie Pécresse à Nicole Belloubet : « Sachez dire « non » à ceux qui veulent démolir la République de l’intérieur »

Présidente LR de la Région Île-de-France et ancienne candidate à l'élection présidentielle, Valérie Pécresse interpelle la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet.
Valérie Pécresse, Présidente (LR) de la Région Île-de-France
Valérie Pécresse, Présidente (LR) de la Région Île-de-France (Crédits : © Stéphane Geufroi//OUEST FRANCE/MAXPPP)

Trois ans ! Trois ans, c'est le temps qu'il vous reste pour obtenir des résultats à la tête de l'un des ministères les plus stratégiques du pays, celui de l'Éducation nationale.

Notre école va mal. Elle ne joue plus son rôle d'ascenseur social. Le niveau de nos élèves ne cesse de se dégrader, comme le montrent encore les derniers résultats alarmants en mathématiques. L'école va mal car l'autorité du professeur en a été chassée, le wokisme s'y est infiltré, les atteintes à la laïcité s'y sont multipliées. L'école va mal, enfin, car les professeurs traversent une crise des vocations, sur fond de dégradation de leurs conditions de travail et d'agressions.

Il y a donc urgence à agir pour bâtir la nation éducative que j'appelle de mes vœux depuis longtemps autour de trois grands axes.

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1 - Recentrer l'école sur la transmission des savoirs fondamentaux.

Les programmes sont devenus un bric‑à‑brac où l'essentiel se confond avec l'accessoire. Apprendre à lire, écrire, compter doit être votre priorité. Consacrer deux heures de plus au français et une heure de plus aux mathématiques par semaine en primaire, comme je l'ai proposé en 2022, relève du bon sens. La pleine maîtrise des savoirs fondamentaux suppose la création d'un examen avant l'entrée en sixième pour repérer les élèves en difficulté et pour leur proposer une classe de sixième de consolidation. Réévaluer le brevet, c'est bien. Mais réévaluer les exigences du passage au collège, ce serait encore mieux ! Car c'est là qu'on peut vraiment agir pour les enfants qui n'ont pas les acquis pour réussir.

2 - Faire des républicains.

L'école doit être la fabrique de la République française. Faire des républicains, c'est d'abord restaurer l'autorité et le respect du professeur. Défendez nos maîtres ! Refusez le « pas de vagues » car la violence et l'indiscipline sont les ennemies du savoir. Soyez plus ferme que vous ne l'étiez Place Vendôme. Les perturbateurs, hors de la classe. Les voyous, hors de l'établissement et placés dans des centres dédiés.

Faire des républicains, c'est accompagner ceux qui décrochent et dont les parents n'ont pas les moyens de recourir à des cours privés. Créons une réserve éducative nationale, composée de citoyens engagés rémunérés qui fourniraient une aide aux devoirs gratuite et pourraient même remplacer un professeur absent.

Faire des républicains, c'est œuvrer à l'émergence d'une élite populaire en accompagnant les élèves talentueux pour réaliser leur potentiel et lutter contre l'autocensure. Faire des républicains, c'est consacrer l'égalité des élèves à travers le port d'une tenue commune ou uniforme, contribuant à construire une identité collective. Faire des républicains, enfin, c'est remettre la laïcité au cœur de notre école. Soyez intransigeante contre les atteintes portées à ce principe fondamental. Ne laissez pas les communautarismes ronger notre jeunesse. L'année dernière, contre l'avis de M. Pap Ndiaye, j'ai refusé qu'un lycée de ma Région se choisisse pour nom « Angela Davis ». Je respecte cette militante qui lutta contre la ségrégation américaine. Mais elle accuse la France de racisme et combat la loi sur l'interdiction du voile à l'école. Malgré les pressions, j'ai dit « non » à son nom. Sachez dire « non » à ceux qui veulent démolir la République de l'intérieur.

Je suis pour le collège accessible à tous mais contre le collège uniforme qui a tué l'égalité

3 - Que souffle un grand vent d'autonomie sur l'école !

Vous militiez en 2016 pour des établissements scolaires plus autonomes, affranchis du système pyramidal actuel. Alors, aux actes ! Je suis pour le collège accessible à tous mais contre le collège uniforme qui a tué l'égalité. Oui à l'innovation pédagogique. Pourquoi ce qui marche dans l'école privée ne pourrait‑il pas inspirer l'école publique ? Je crois plus que jamais à l'idée d'offrir aux équipes éducatives la possibilité d'expérimenter un statut d'établissement public 100 % autonome, l'« école publique innovante ». Installées prioritairement dans les quartiers populaires et les territoires ruraux, ces structures bénéficieraient d'une large autonomie, leurs directions disposant d'une liberté de recrutement de leurs équipes et de la possibilité de porter de nouveaux projets pédagogiques. Ma Région est prête à les financer.

Trois ans pour agir ! L'école de Condorcet, de Jules Ferry, de Jean Zay et bien d'autres, c'est celle que nous aimons. C'est cette école que nous voulons pour nos enfants. Mais soyons lucides, ce monument national est en péril. Aurez‑vous la force et les convictions claires pour remettre l'édifice debout ? Pour la France, je le souhaite sincèrement.

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Commentaires 2
à écrit le 19/02/2024 à 7:34
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Et Sarkozy il l'a pas démoli la république de l'intérieur ? Et vous me censurez cette vérité ? Ben ouais tant qu'à faire mais bon que non seulement ils continuent tranquillement à nous asséner de bobards mais qu'en plus ils y croient ça fait beaucoup...

à écrit le 18/02/2024 à 8:52
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Dixit une servante de Nicolas Sarkozy. Heu... comment dire ? On peut en parler avec plaisir si vous voulez hein ! Mais je pense que vous n'en avez pas envie.

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