![Olivier Marleix, Boris Vallaud, Bruno Retailleau, Patrick Kanner, Fabien Roussel](https://static.latribune.fr/full_width/2379033/olivier-marleix-boris-vallaud-bruno-retailleau-patrick-kanner-fabien-roussel.jpg)
Depuis plusieurs mois, le dossier de la reprise d'Atos préoccupe les banques, les créanciers et les petits actionnaires comme les institutions de la République. Atos, deuxième entreprise du numérique français et l'un des leaders mondiaux de la transformation digitale avec plus de 100 000 collaborateurs, est lourdement pénalisée par près de 5 milliards d'euros de dette. La décision des créanciers sur l'avenir de l'entreprise, prise en lien avec une conciliatrice judiciaire sur la base des offres reçues, est attendue d'ici au 31 mai. Atos va-t-elle survivre et se relancer ? Ou être dépecée et tomber entre des mains étrangères ? Nous, parlementaires de droite comme de gauche, tirons aujourd'hui la sonnette d'alarme et appelons tous les acteurs publics et économiques à maintenir Atos sous pavillon français pour protéger notre autonomie stratégique.
Nombre d'assauts lancés contre notre souveraineté économique exigent des actes politiques. Lorsqu'un groupe canadien avait voulu s'intéresser à Carrefour, l'État avait mis son veto au nom de la « souveraineté alimentaire » de la France. Dans le dossier Orpea, les moyens de l'État ont permis de préserver le groupe et d'éviter toute cession, fût-ce d'établissements de santé au Royaume-Uni, en Belgique ou en Suisse. Il est aussi temps, aujourd'hui, de préserver Atos.
Ce qui est en jeu, cette fois, c'est notre souveraineté dans un domaine clé pour l'avenir : les technologies de pointe comme le cloud, l'intelligence artificielle, la cryptosécurité... Face à la concurrence des États-Unis et de la Chine, voilà un secteur hautement stratégique pour notre sécurité et notre indépendance !
Les effets symboliques, stratégiques, économiques d'un démembrement seraient désastreux, sans compter ses inéluctables conséquences sociales
Au-delà de la volonté de l'exécutif de préserver une partie de l'activité considérée comme particulièrement sensible (supercalculateurs pour la simulation nucléaire, systèmes de communication et d'intelligence utilisés par nos armées...), Atos accomplit en fait d'autres missions essentielles à la souveraineté de la France comme à la vie quotidienne de chaque Français : le système d'information des tribunaux de police et des juridictions de proximité ; l'application du site des impôts ; les données des patients dans Mon espace santé ; la délivrance des papiers d'identité par les grandes villes ; les applications de sécurité civile en cas de catastrophe naturelle... La reprise de certaines activités par l'État ne doit donc en aucun cas avoir pour effet de rendre acceptable la cession de l'essentiel de l'entreprise à un ou plusieurs acteurs étrangers.
Tel est, pourtant, le risque aujourd'hui. Un potentiel repreneur étranger ne fait pas mystère, en effet, de sa volonté de découper et, par conséquent, de sacrifier l'entreprise. Les effets symboliques, stratégiques, économiques d'un tel démembrement seraient désastreux, sans compter ses inéluctables conséquences sociales.
Atos doit rester française, entière, indépendante. Non seulement elle ne doit pas être vendue à la découpe, mais elle doit saisir cette opportunité unique de créer en France un champion mondial de la tech. Emmanuel Macron n'avait-il pas lui-même souhaité que la France devienne un champion de l'IA ?
À l'approche d'une décision concernant l'un des fleurons de notre économie, nous, en tant qu'inlassables défenseurs du rang de la France dans le monde, lançons cet avertissement. Si nous voulons que la France retrouve la maîtrise de son destin en Europe, conservons entre les mains de notre pays l'un de ses plus beaux piliers stratégiques !
Olivier Marleix : Président du groupe LR à l'Assemblée nationale
Boris Vallaud : Président du groupe PS à l'Assemblée nationale
Bruno Retailleau : Président du groupe LR au Sénat
Patrick Kanner : Président du groupe socialiste au Sénat
Fabien Roussel : secrétaire national du PCF*
Et Geoffroy Didier, député européen LR ; Philippe Brun, député PS de l'Eure ; Ian Brossat, sénateur PCF de Paris.
Sujets les + commentés