Métavers : pourquoi il ne faut pas en avoir peur

OPINION. Les potentialités du monde virtuel du métavers suscitent une certaine défiance dans l'opinion publique. Mais le développement de cette technologie n'intervient pas dans un univers sans droit, bien au contraire. Par Aurélien Portuese, directeur de recherches au Schumpeter Project on Competition Policy (ITIF) et professeur associé à l'Université Catholique de Paris et à l'Université George Mason (Etats-Unis).
(Crédits : Reuters)

Depuis que Mark Zuckerberg a annoncé, à l'automne dernier, que Facebook devenait « Meta » pour mieux se consacrer au développement du « métavers », les esprits s'échauffent. Alors même que la technologie reste encore aux premières étapes de son développement, les inquiétudes se forment et les débats se multiplient.

La commissaire européenne en charge de la Concurrence, Margrethe Vestager, expliquait ainsi en février dernier que « bien sûr », ses services examinaient avec intérêt le sujet pour savoir si, et dans quelle mesure, ils auraient un rôle de régulation à exercer. L'attention est légitime - et l'on sait que la Commission européenne est particulièrement vigilante pour surveiller l'action des opérateurs géants du numérique - mais elle est aussi révélatrice d'un contexte de défiance qui s'est souvent installé entre l'opinion et eux.

Façon réactive, façon préventive

Cela étant, cette transformation balbutiante n'intervient pas dans un désert réglementaire et le métavers ne se déploie pas dans un univers sans droit, bien au contraire. Depuis quelques années, les autorités européennes n'ont cessé de produire du droit encadrant les opérateurs numériques et les activités en ligne, de deux façons au moins : d'une part de façon réactive - et punitive, en sanctionnant des pratiques jugées contraires aux normes de régulation des marchés ; d'autre part, de façon préventive en édictant de nouvelles règles.

Les décisions contentieuses des autorités de régulation, en matière de concurrence ou de protection des données personnelles par exemple, sont venues, par la voie des condamnations (et plus occasionnellement des non-lieux), préciser l'interprétation des normes traditionnelles appliquées à l'ordre numérique. Les débats académiques et politiques ont d'ailleurs été nombreux sur l'éventuelle nécessité de les rénover. Résistant aux tentations, les autorités de régulation ont su montrer que les régulations fondamentales du marché, comme le droit de la concurrence, restent parfaitement adaptés aux réalités économiques les plus mouvantes.

L'exemple du RGPD

Les législateurs nationaux et européens ont également su adopter, lorsqu'ils le jugeaient nécessaires, de nouvelles réglementations adaptées au monde numérique - dont la pleine application n'est d'ailleurs souvent pas encore très ancienne. C'est, par exemple le cas du RGPD, qui a constitué une étape clé d'encadrement des pratiques en ligne et de protection des données personnelles ; il a contribué à faire de l'Europe un leader d'influence en matière de régulation, suivie avec attention à travers le monde, quand elle n'était pas copiée. Il faudrait citer également le DMA et le DSA, textes majeurs récemment adoptés. L'ensemble de cette production législative, qui existe désormais, constitue un socle de régulation pour tout le secteur de la technologie, existant ou à venir.

Le métavers soulèvera probablement de nouvelles questions pour les législateurs et le monde académique, suscitant des débats nourris et de la littérature passionnante. A ce stade, il ne se développe cependant pas dans un désert juridique grâce l'Europe qui a su, depuis des années, mettre en œuvre un cadre juridique juridique puisque l'Europe a développé, depuis des années, un cadre juridique extrêmement exigeant.

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Commentaires 8
à écrit le 30/07/2022 à 10:19
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Bisounours : Bonjour M. le Banquier, je voudrais faire un prêt de 350 000 euros avec un apport de 100 000 euros pour l'achat d'un appartement dans le monde virtuel du métavers. Le Banquier : Mais bien sûr M. Bisounours, j'ai lu l'article de Auréli...

à écrit le 29/07/2022 à 23:32
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Le metavers c est pour le virtuel mais le pognon et le pouvoir/ contrôle des gens c est bien dans le réel….faut se méfier de ceux qui tirent les manettes…Et nous promettent leur lune !!

le 30/07/2022 à 10:11
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une arnaque bien organise idem au cryptomonnaie avant il y avait des escroc qui finissait en prison maintenant l'escroquerie est organise par les etats qui du jour au lendemain se remplisse les poches voir des entreprises qui ne produise rien q...

à écrit le 29/07/2022 à 15:00
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Comme si c'était le problème la "régulation". Il vaudrait mieux rémunérer des chercheurs sur la relation "metavers" et schizophrénie. In fine, quel sera l'objectif de FB ou similaires ? l'asservissement. Tels que les dictatures les rêvent. Et sans av...

à écrit le 29/07/2022 à 14:37
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Métavers, c'est générique mais M. Zukerber* essaie de capter les clients pour continuer à engranger de l'argent dans un environnement issu de son entreprise, en payant en argent Méta, une sorte de vase clos, propriétaire. Ça ne semble pas trop décoll...

à écrit le 29/07/2022 à 12:08
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Ce qui fait peur, c'est que cela est inutile et demande de l'énergie! Les innovations ne sont pas des progrès et alimentent, via la publicité, une éternelle "politique de l'offre"!

à écrit le 29/07/2022 à 11:32
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Le metaverse c'est pas qu'on en a peur, ce n'est qu'une "couillonade" de plus qui n'apporte rien, sauf à faire fonctionner un système économique à bout de souffle. Energivore, destructeur de ressources, pollueur, intrusif, liberticide. Bref, rien q...

à écrit le 29/07/2022 à 11:08
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La destruction créatrice judéo-chretienne... professeur associé d'une université catholique... Les judeo chrétiens détestent la nature, c'est dans leurs textes fondateurs, pour eux la destruction de la nature est bonne si elle est créatrice de riche...

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