Planifier la transformation environnementale, les acteurs du matériel de construction y sont prêts !

OPINION. Pour les acteurs de la filière des matériels de construction, l'adoption de solutions alternatives aux motorisations et énergies très émettrices en carbone nécessite un travail de planification à l'échelle de la filière. Sur la base d'études d'impact écologique et financier du cycle des matériels (fabrication, maintenance, usage, fin de vie), loueurs, fabricants, majors du bâtiment et des travaux publics et fédérations professionnelles - FNTP, FFB, DLR, SEIMAT et EVOLIS travaillent à faire émerger et passer à l'échelle les solutions de demain.
(Crédits : G. Crétinon)

Il y a quelques semaines, nouvellement réélu, le Président de la République réaffirmait son intention de confier à la cheffe du prochain gouvernement la mission de planification écologique. Le signal envoyé, aux citoyens comme aux entreprises, est clair : l'effort de transition énergétique et de transition écologique des territoires est placé en tête des priorités. L'objectif de transition doit guider les grands arbitrages et orientations stratégiques et la nouvelle organisation gouvernementale s'attèle à en anticiper les besoins, considérer les multiples intérêts et assurer la juste répartition de l'effort entre les différents acteurs impliqués.

La crise climatique qui s'accélère est un test à grande échelle de la résilience de nos modèles d'entreprises auquel n'échappent pas les entreprises du BTP. Elles doivent aujourd'hui fournir un effort de transformation conséquent pour accorder leur activité avec cette nouvelle économie durable, qui produit de la richesse tout en préservant l'environnement. Le secteur sait qu'il est un vivier infini de solutions pour aménager, construire et réinventer des territoires protecteurs de l'environnement au moyen de chantiers moins émetteurs. Sur les chantiers de travaux publics, aujourd'hui, en France, 20% des émissions de CO2 sont liées au fonctionnement des matériels (1). Notre responsabilité de filière, c'est d'agir en conscience du levier que nous représentons pour réduire l'impact environnemental de ce secteur majeur de l'économie. Notre responsabilité de filière, c'est aussi de dépasser les clivages qui peuvent exister entre les différents maillons de la chaîne que nous formons, en inventant une nouvelle manière de travailler ensemble.

A ce stade de notre transition, le constat est clair : chaque partie prenante a initié une dynamique qu'il faut radicalement accélérer pour s'inscrire dans la trajectoire tracée par l'Accord de Paris. La garantie de cette accélération, c'est la convergence accrue de nos efforts. Aucune partie n'aurait les moyens d'agir isolément pour financer l'innovation, la rendre accessible et en généraliser l'usage, dans un modèle créateur de valeur. Nous devons résolument agir en filière, et tirer, à notre tour, les bénéfices de cette démarche. Aujourd'hui, plus d'un véhicule vendu en France sur 10 est électrique (2) : c'est le fruit du dialogue et de l'action concertée de la filière automobile, qui ne peut qu'inviter celle des acteurs du matériel à se structurer. L'investissement dans les matériels de chantier, si engageant, est le pivot de nos enjeux. La durée de vie et le coût à l'achat d'un matériel ne laissent pas beaucoup de place aux hasards d'orientation. Nous devons définir ensemble les grandes directions que nous prenons.

Les dernières études comparant les émissions de CO2 d'une pelleteuse selon ses différentes motorisations et sources d'énergies sont sans équivoque. De sa fabrication à sa fin de vie, en passant par son usage et sa maintenance, un matériel à motorisation électrique rechargé sur le réseau, à hydrogène vert ou biogaz, permet jusqu'à 60% de réduction des émissions de CO2 par rapport à la motorisation diesel (3). Nous connaissons les solutions.

Néanmoins, la transition énergétique et environnementale nécessite une montée en puissance rapide en cohérence avec les engagements pris par les acteurs de la filière : c'est là, notre dernier obstacle. Dans un contexte économique qui se complexifie, la volonté seule de la filière ne peut suffire à supporter le surcoût de développement, de production et donc d'achat et de location de ces matériels. Les volumes de production encore trop réduits pour entraîner une économie d'échelle. Oui, la concertation de nos choix ambitionne d'endiguer cette première difficulté. Au-delà, notre filière devra travailler avec l'Etat : sans mesures incitatives nous manquerons de levier pour convaincre notre chaîne de valeur jusqu'à ses tout derniers maillons que sont les clients finaux et surtout, maître d'ouvrage de nous suivre dans ces choix.

Loueurs, fabricants de matériels, majors du bâtiment, des travaux publics, et fédérations professionnelles, nous sommes convaincus de la pertinence de ce travail de planification à l'échelle de la filière pour investir plus efficacement et tenir ainsi nos engagements en matière de neutralité carbone.

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(1) Fédération nationale des travaux publics
(2) Plateforme de l'automobile
(3) Carbone4

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(*) Liste des signataires :

  • Fabrice BONNIFET, Directeur du Développement durable & QSE, Groupe Bouygues
  • Olivier COLLEAU, Président Exécutif, Groupe Kiloutou
  • Jean-Luc BARAS, Directeur des Achats, Groupe Eiffage
  • Alexandre SAUBOT, Directeur Général, Groupe Haulotte
  • Jean-Sébastien GUIOT, Président, SALTI
  • Pascal MEYNARD, Directeur Général, Acces Industrie
  • Michel DENIS, Président Directeur Général, Groupe Manitou
  • Philippe GIRARD, Directeur Général JCB France
  • Davy GUILLEMARD, Président exécutif, Volvo Construction Equipement France

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