Reconstruire la ville sur la ville : bâtir l'avenir en capitalisant sur le passé

OPINION. Selon les projections de l'ONU, la ville constituera le cadre de vie des deux tiers de l'humanité en 2050. Face à cette concentration exponentielle des populations et au besoin d’espace qui en découle, un renouvellement du modèle urbain doit s’opérer en transformant la ville sur elle-même dans une logique de recyclage. Par Thomas Charvet, directeur général de BNP Paribas Immobilier Promotion Immobilier d’Entreprise.
Thomas Charvet est directeur général de BNP Paribas Immobilier Promotion Immobilier d’Entreprise.
Thomas Charvet est directeur général de BNP Paribas Immobilier Promotion Immobilier d’Entreprise. (Crédits : DR)

Favoriser la restructuration et la reconversion des projets, c'est apporter des solutions aux défis environnementaux et sociétaux que doivent relever les collectivités tout en réinventant les immeubles et les quartiers.

Un modèle urbain au cœur des enjeux actuels

L'heure est à la maîtrise de l'extension des villes. Les territoires fragmentés, générateurs de déplacements, d'émissions de gaz à effet de serre et d'artificialisation des sols doivent laisser la place au développement de nouveaux îlots urbains qui s'unissent dans un même projet au profit d'une pluralité d'usages et de populations. Reconstruire la ville sur la ville dans une logique d'utilisation économe des espaces, grâce à la réhabilitation et la reconversion de projets d'aménagement, sera l'un des principaux enjeux de ces prochaines décennies.

L'accroissement des populations urbaines, le besoin de logements mais aussi l'amélioration attendue de la qualité de vie représentent autant de facteurs qui nécessitent d'accélérer la création de lieux de vie. Pour pallier la raréfaction chronique du foncier, certaines métropoles européennes prennent le parti de transformer des bâtiments, notamment des bureaux obsolètes ou vacants, en habitations. C'est le cas de la ville de Paris qui a identifié cette solution dès 2015 comme accélérateur de mixité sociale.

Amsterdam et Maastricht ont en 2018 initié plus de 13 000 projets de bureaux, écoles ou commerces convertis en habitats (soit 14% des logements construits sur l'année). Londres ne fait pas exception, avec un vaste projet emblématique de transformation complète d'un immeuble de bureaux des années 60 en ensemble de logements neufs dans le quartier de Covent Garden. Cet immeuble nommé Hexagon a été augmenté de deux étages et a vu ses façades remplacées par des baies vitrées et des balcons. Il accueille commerces, places de stationnement, garages à vélos et espaces de stockage supplémentaires pour les résidents.

Pour faciliter ces valorisations, il faut désormais anticiper la réversibilité et l'adaptabilité des bâtiments dès la phase de conception et prévoir leurs usages successifs : bureaux, logements, activités... Construire réversible s'imposera bientôt comme l'une des nouvelles normes pour la ville de demain.

La mutabilité au service du renouvellement urbain

Egalement une phase de mutation profonde, le tertiaire mise de plus en plus sur des biens immobiliers qui concilient qualités environnementales, innovation et services pour répondre à des objectifs de durabilité, de bien-être des collaborateurs et d'optimisation des dépenses. Mais ce changement de paradigme lève le voile sur une autre réalité, l'accélération de l'obsolescence d'une partie du parc tertiaire existant. En témoigne l'abandon de nombreux bureaux comme les friches tertiaires.

Donner une seconde vie à ces espaces délaissés, sous-utilisés ou abandonnés, qui représentent une grande disponibilité de m², constitue un réel challenge pour les acteurs de l'immobilier. S'appuyer sur la programmation des sites transformés pour leur conférer une nouvelle identité et faciliter la réappropriation du lieu est une étape cruciale des projets. Il convient de les inscrire dans la mixité et l'inclusion, de préserver la qualité urbaine et l'héritage patrimonial d'un bâtiment, de créer une ouverture sur la ville et les riverains et de proposer des services à valeur ajoutée, des commerces, des tiers-lieux, des jardins partagés ou encore des espaces de restauration.

Bâtir l'avenir en capitalisant sur le passé prend tout son sens, alors que le monde s'engage dans une mutation à la fois écologique et sociétale. C'est un changement de perspective sur l'aménagement du territoire qui rebat les cartes pour tous les acteurs de l'immobilier, publics ou privés. Désormais, notre secteur entre dans l'ère du recyclage pour ré-enchanter des lieux de vie.

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2020 à 8:48
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Mais comment vont pouvoir faire vos actionnaires milliardaires pour gagner toujours plus toujours plus vite si les gens se mettent à beaucoup moins consommer ? Sont ils prêts ? Ils ne le montrent pas en tout cas...

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