Réforme des retraites : les jeunes, ces oubliés qui ne défilent pas

OPINION. Le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement manque cruellement d'ambition et de courage. Et le courage est pourtant indispensable quand il est question de mettre fin à des décennies d'injustice sociale. Par Isabelle Ayache-Revah, associée-fondateur du cabinet Raphaël Avocats.
(Crédits : Benoit Tessier)

C'est sans doute ce qui explique ce catalogue de dispositions disparates qui échoue sur l'essentiel : rebâtir notre pacte social en rappelant, mesures à l'appui, ce qu'est la solidarité nationale.

Une nation solidaire, c'est une nation qui ne préfère pas reculer avant de livrer bataille. Pour preuve, la clause du Grand Père est offerte aux régimes spéciaux sans contrepartie et avant toute discussion.

Qui prône l'équité entre tous les travailleurs - pour reprendre une expression chère à feu Georges Marchais -, en mettant fin à des injustices sociales criantes (notamment entre salariés du public et salariés du privé) tout en protégeant les plus faibles, les plus abîmés par le travail et la vie, et ceux que les réformes précédentes ont oubliés.

Qui se bat vraiment pour l'emploi des plus de 55 ans, en ne se contentant pas d'un index dont chacun sait qu'il ne servira à rien puisqu'aucune mesure coercitive n'est envisagée.

Qui n'oublie pas les femmes (où sont les femmes dans le projet de réforme ?).

Qui demande à chacun, retraités inclus, de contribuer à l'effort national.

Qui donne envie aux actifs de travailler.

Qui ne doit pas décourager les plus jeunes qui sont notre avenir.

Parlons-en, des jeunes. Cette jeunesse qui aujourd'hui ne descend pas dans la rue et qu'on oublie.

Ces jeunes, nos jeunes qui ont hérité d'une planète usée, d'une dette abyssale et que l'on doit convaincre de continuer à cotiser alors que l'on sait que personne ne cotisera pour eux.

Le projet de réforme proposé par le Gouvernement ne formule aucune proposition qui leur rendrait la vie professionnelle plus désirable.

On les pousse à faire des études de plus en plus longues, des stages souvent peu rémunérés qui, on le sait, représentent de substantielles économies pour les entreprises. Tout cela contribue à l'entrée, relativement tardive, sur le marché du travail, d'une génération qui accède à son premier emploi stable après 25 ans.

Et pourtant, ce texte ne fait pas l'ombre d'une proposition pour améliorer cela. Aucune prise en compte des études et des stages. Si l'on tient à ce que nos enfants étudient, exercent les métiers de demain, il va être indispensable les encourager car en l'état ils ne pourront partir à la retraite avant 67 ans et plus tard encore, au regard de la longueur de leurs études.

Pourquoi ne pas envisager de valider les périodes de stage au titre des trimestres de retraite plutôt que de maintenir le système actuel permettant de cotiser volontairement dans certaines conditions ? Pourquoi ne pas valoriser ces années de travail et contribuer ainsi à donner beaucoup plus de valeur à l'intégralité du parcours professionnel ?

En conclusion, une réforme indispensable certes, mais un rendu décevant qui nourrit à coup sûr un sentiment d'injustice intergénérationnel.

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Commentaires 2
à écrit le 26/01/2023 à 10:38
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la reforme (ou plutot le rafistolage actuel) a beaucoup de defaut. Par ex il faudra remettre ca dans moins de 10 ans car il ne traite pas les causes. Mais il a un merite : il est JUSTE. Il penalise les jeunes et dans une moindre mesure ceux qui n ont...

à écrit le 26/01/2023 à 8:22
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Les études permettent l'accès à des emplois mieux rémunérés et plus intéressants. C'est un investissement pour l'avenir professionnel et financier. Elles ne sont pas obligatoires. Alors, il est juste que les études ne donnent pas lieu à l'attribution...

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