Six tendances qui marqueront le secteur de l'assurance en 2016

Entre taux d'intérêt très faibles et bouleversements technologiques, ce qui déterminera le secteur de l'assurance en 2016. Par Pierre-Olivier Desaulle, Directeur Général France d'Hiscox

L'année 2015 a été riche en actualités dans le secteur de l'assurance. Avec notamment la directive DIA 2 sur l'intermédiation, la préparation du passage à Solvabilité 2, mais aussi la concentration capitalistique du secteur, ainsi que le rapprochement des grandes familles de l'assurance au sein des instances représentatives de la profession. Cela dans un contexte de poursuite du marché baissier et de multiplication des risques, notamment sur le Cyber, à couvrir... Qu'en sera t'il pour 2016 ?

L'équation impossible des assureurs traditionnels ?

L'afflux de capital sur les marchés de la réassurance et de l'assurance entraîne le prix du risque dans une spirale baissière. Dans le même temps, les taux d'intérêt sont, probablement durablement, à un niveau bas qui ne permet pas aux assureurs de tabler sur les revenus de leurs placements pour produire les résultats attendus par les actionnaires.

Lesdits actionnaires n'ont, pour leur part, pas vraiment revu à la baisse leurs attentes en termes de rentabilité. Les régulateurs de tout poil, au nom de la protection du consommateur forcent les opérateurs de l'assurance à mettre un contrôleur ou un agent de la conformité derrière chaque assureur, renchérissant ainsi le coût de la prestation. De leur côté, les consommateurs sont de plus en plus informés et exigeants : ils ont accès à une comparaison facilitée des offres du marché et le changement de fournisseur de service a été largement simplifié.

Face à ces réalités, les assureurs doivent remettre en question leur modèle historique et prendre en compte un certain nombre d'éléments incluant la mise à niveau des systèmes informatiques, l'évolution des réseaux de distribution, des effectifs, de la pyramide des âges et des profils de compétences, etc. Ils se trouvent alors face à une équation particulièrement difficile à résoudre.

Moins de barrières à l'émergence de nouveaux acteurs ?

Les principales barrières à l'entrée sur le marché de l'assurance tombent les unes après les autres :

- Le capital : est abondant et particulièrement accessible. L'argent est bon marché.
- La technologie : est devenue très flexible, adaptable, intuitive et peu onéreuse.
- La distribution : au travers de la technologie et du développement de nouveaux modèles, l'accès au consommateur s'est ouvert en dehors des réseaux physiques coûteux et intensifs en main d'œuvre.
- L'offre : grâce à une large mise à disposition des données et des techniques et compétences de traitement de ces données, l'élaboration de scores d'acquisition, d'outils de tarification et la conception des produits et offres adaptés à chaque segment de clientèle n'est plus réservée aux opérateurs qui s'appuyaient sur des années d'expertise accumulée, et sur des portefeuilles et bases de données de clients énormes.

Alors que ces barrières tombent, il faut s'attendre à l'émergence de nouveaux opérateurs d'assurance, à différents stades de la chaîne de valeur ajoutée. Il ne serait pas étonnant qu'à l'instar de ce qui s'est produit dans le monde de la banque, avec la multiplication des établissement de paiement, on voit fleurir de nouveaux types d'opérateurs dans l'assurance française. Il se pourrait même que certains soient montés par des équipes ayant élaboré leurs projets au sein des plus grands groupes d'assurance mais trouvant plus exaltant de voler de leurs propres ailes.

Refus du risque et judiciarisation de la société

La relation de l'homme au fait de vivre, de faire des choix, de prendre des risques et d'assumer ses responsabilités ne cesse d'évoluer vers le refus du risque, de ses conséquences et des responsabilités associées. Il faut de plus en plus souvent trouver un responsable, une institution, un système ou la société dans son ensemble à blâmer. Ceci se traduit notamment par une judiciarisation croissante de la société et par la mise en cause de la responsabilité d'autrui. Cela donne un essor à la multiplication des offres de protection juridique et au développement des assurances de responsabilité (générale, professionnelle, environnementale, etc.) dont le marché reste encore sous développé en comparaison des marchés anglo-saxons.

Le nouveau pouvoir des assurés au travers des réseaux sociaux

L'internet, qui facilite l'accès à l'information et sa circulation, donne aux consommateurs, au travers des réseaux sociaux et des outils de retour d'expérience, un pouvoir considérable. Les acteurs de l'assurance se trouvent alors sous pression constante pour tenir leurs promesses, en termes de réponse produit, de service et de rapport qualité/prix. Mais on peut voir émerger de nouveaux usages sur internet qui est un formidable outil de mutualisation de l'information et peut se transformer rapidement en plateforme de mutualisation des risques, au travers de l'assurance « peer-to-peer » s'inscrivant ainsi au cœur même de l'assurance et rendant obsolètes certains des dispositifs actuels de mutualisation.

L'émergence des objets connectés

La possibilité d'implanter des puces électroniques au plus près de ce qui est « assurable » (voitures, maisons, personnes physiques, animaux domestiques, etc.) ouvre des perspectives, inimaginables il y a quelques années, en termes d'observation, de collecte de données, de mesure et connaissance du risque, de prévention des risques et de nouveaux services à valeur ajoutée. C'est une opportunité unique pour les assureurs de réinventer les critères d'acceptation et de tarification du risque et de transformer l'expérience client pour leurs assurés en leur simplifiant l'assurance et en l'ancrant plus encore dans leur quotidien de manière positive et valorisante et non plus subie et contraignante.

L'internet et la technologie au cœur de l'assurance

Emergent depuis des années dans la distribution de l'assurance, l'internet s'impose désormais comme incontournable dans les modèles de distribution et les interfaces avec les assurés bien évidemment mais aussi avec l'ensemble des opérateurs de la chaîne. Les particuliers et les professionnels ne conçoivent plus de se renseigner sur l'assurance, d'acheter des polices ou d'interagir avec les assureurs, les distributeurs, les gestionnaires ou autres prestataires sans passer par le web ou une application.

Le secteur de l'assurance a désormais amorcé une profonde mutation qui fera de l'année 2016 une année stratégique. En effet, chaque acteur du marché devra repenser son métier, son rapport à ses clients, à ses salariés et bien entendu son business model.

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