Social : après le Grand soir, la petite semaine

Le gouvernement de gauche et le PS délaissent les questions sociales. En raison du mauvais bilan des dernières réformes socialistes, ou parce que le PS n'est plus peuplé que par des énarques? Par Arnaud Robinet, député "Les Républicains" de la Marne

Si elles ont longtemps constitué le sujet de prédilection des socialistes, les affaires sociales sont désormais totalement délaissées par la gauche. Des congés payés du Front populaire aux 35 heures de Lionel Jospin en passant par l'alternance de 1981, la gauche a toujours organisé le clivage avec la droite autour de mesures sociales de rupture, dispendieuses et discutables, mais toujours emblématiques, voire démagogiques. Aujourd'hui, cette créativité intellectuelle a néanmoins cessé. Est-ce en raison du bilan catastrophique de la réduction du temps de travail, des retraites anticipées et des niches sociales qu'elles ont fait naître, dont l'opinion a maintenant conscience ?

 La gestion du déclin

Ou bien est-ce dû plutôt à l'évolution du personnel politique du PS, où les énarques surdiplômés ont remplacé les ouvriers syndiqués ? « Les deux mon capitaine » serait-on tenté de répondre. Oui, la fibre sociale des socialistes se résume à la gestion du déclin et non à l'invention de nouvelles mesures, excepté le fameux compte pénibilité, davantage dicté par une administration hors-sol que par le regard des acteurs sociaux, employeurs comme salariés. Le Gouvernement de Manuel Valls semble avoir fait sien le constat de François Mitterrand qui en 1993, face au chômage, avait conclu qu'on avait « tout essayé.»

Le gouvernement se contente de commenter


Face aux nombreuses urgences du social, Marisol Touraine et François Rebsamen se contentent de commenter de mauvaises nouvelles en temporisant et en laissant le pays s'enliser : le chômage ne cesse de progresser ? On recourt aux emplois aidés, mesure déjà-vue, coûteuse, inutile et démoralisante. La retraite complémentaire du secteur privé est menacée de faillite ? On organise la défausse sur les partenaires sociaux. Les syndicats des hôpitaux publics parisiens veulent conserver les 35 heures ? Le Gouvernement recommande de reporter la réorganisation du temps de travail voulue par la direction de l'AP-HP, pourtant essentielle. Les inégalités d'accès aux soins persistent ? François Hollande annonce la complémentaire santé pour tous... en 2017. Cette lente dérobade est visible aussi sur des enjeux de long terme, comme la santé connectée, qui va bouleverser notamment le modèle de la médecine de ville, et sur lequel le Gouvernement n'a aucune ambition pour accompagner « l'uberisation » qui nous attend.

Ailleurs, on modernise

Pendant que nos principaux voisins et concurrents européens modernisent leur système de protection sociale, la France perd un temps précieux en feignant de croire à la pérennité de l'édifice bâti à la Libération, qui doit pourtant être refondé pour continuer d'assurer la justice.
Au lieu de tarder devant tant de défis, le Gouvernement ferait mieux d'aller dans le sens des réformes souvent accomplies sous la droite, en amplifiant leur rythme et leur contenu. Les pistes sont bien connues, et nécessitent de bousculer le train-train des appareils et des administrations : sur le travail, il vaudrait mieux supprimer des charges et des normes de façon ciblée, plutôt que de prolonger sans contrepartie des dispositifs précaires comme le CDD ou de créer de nouvelles usines à gaz (Prime à l'embauche dans les petites entreprises) ; sur le dialogue social, il faut rompre avec ces négociations nationales politisées à l'excès et menées par des acteurs trop souvent éloignés des territoires et des secteurs au nom desquels ils s'expriment ; sur l'assurance maladie comme sur la retraite, il conviendrait d'individualiser, à travers des comptes personnels, la prévention et la réparation des maladies ainsi que la prise en charge du vieillissement.

Ouvrir des droits sociaux sur la base de seuils (âge, annuités, nombre de salariés...) ou de conventions collectives ne permet pas de prendre en compte les difficultés de chaque entreprise, de chaque assuré. C'est vers cette reconnaissance de spécificités qu'il convient d'avancer.

Hollande donne l'impression d'expédier les affaires courantes

Préférant les déplacements médiatiques sans suite, le Président de la République néglige totalement les réformes de fond. Obsédé par sa réélection et le retard abyssal qu'il accuse à l'égard de ses concurrents de droite, et même de gauche, il donne l'impression d'expédier les affaires courantes en attendant l'embellie, imitant le président américain Hoover qui, au plus fort de la crise de 1929, proclamait : « la prospérité est au coin de la rue ». Oui, décidément, la gauche et le social sont désormais deux histoires différentes... A l'opposition d'en écrire une autre.

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Commentaires 3
à écrit le 29/06/2015 à 22:24
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Le PS délaisse les questions sociétales parce qu'il a fait ce pour quoi il avait été élu à ce titre. La progression de l'agenda sociétal global s'est bien déroulée, la destruction encore un peu plus poussée de la nation française a bien eu lieu, les ...

à écrit le 29/06/2015 à 16:57
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Tout est dit et résumé par Arnaud Robinet !!

à écrit le 29/06/2015 à 12:07
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heu je ne savais pas que la Tribune faisait dans les brèves de comptoirs. l'UMP travaille uniquement en ce moment à faire accepter son changement de nom. L'opposition est assurée par le Medef.

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