Reporting financier et extra-financier, une convergence en pleine accélération

Sous l’impulsion d’évolutions réglementaires majeures, l’information extra-financière a été propulsée sur le devant de la scène, aux côtés de l’information financière. Si la montée en puissance de l’extra-financier appelle naturellement les auditeurs à s’adapter, elle a également un impact de taille sur les entreprises. Ce vent de changement soulève en outre de nombreuses questions, à commencer par la vitesse de cette convergence dans un contexte déjà complexe et caractérisé par des transformations multiples, simultanées et accélérées.
(Crédits : GettyImages, Mazars)

Une puissante vague réglementaire européenne est en passe d'imposer l'audit extra-financier à un plus grand nombre d'entreprises. Si les volets financier et extra-financier n'étaient jusqu'ici pas totalement étrangers l'un à l'autre, c'est bien la législation qui encourage et accélère aujourd'hui leur rapprochement. En France, le premier tournant s'est traduit par l'obligation de publication de la déclaration de performance extra-financière (DPEF) qui, pour le moment, ne concerne que les grandes entreprises. Bientôt, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sur le reporting extra-financier renforcera ces obligations. En revanche, l'application de la taxonomie européenne occasionne un réel changement de paradigme. « Pour la première fois, des indicateurs de performance vont lier le financier et l'extra-financier. Cela signifie que toutes les directions et tous les métiers de l'entreprise vont devoir collaborer de manière totalement décloisonnée, main dans la main », explique ainsi Edwige Rey, Associée responsable du département RSE et Développement durable de Mazars en France. « L'enjeu de marché est majeur », assure-t-elle.

Derrière l'obligation de reporting, des choix stratégiques

Au-delà des nouvelles obligations de reporting extra-financier et d'audit, les nouvelles attentes des parties prenantes et plus généralement de la société impliquent une réflexion globale de l'entreprise sur son modèle d'affaires : qu'il s'agisse de son impact sur son propre écosystème, de la localisation de ses filiales et activités, des relations qu'elle entretient avec ses fournisseurs, de la possibilité de repenser certaines de ses activités pour améliorer sa performance ESG... Un exercice loin d'être évident et auquel toutes les entreprises, tôt ou tard, devront se plier. « En France, la maturité des sociétés en matière d'ESG est très hétérogène et le cadre réglementaire pour l'heure encore flou. Le travail législatif en cours autour du reporting extra-financier vise précisément à définir des règles homogènes et comparables entre entreprises, comme c'est actuellement le cas au niveau comptable avec les normes IFRS. Bientôt, le volet extra-financier sera donc lui aussi audité sur la base de standards. Dans l'attente, l'effort d'acculturation au sujet ESG est un impératif à tous les niveaux de l'entreprise », souligne Virginie Chauvin, Associée et membre du Comité exécutif de Mazars en France en tant que responsable de l'activité Audit et de l'offre ESG. « Les entreprises comptant entre 250 et 500 salariés seront prochainement soumises à ces nouvelles réglementations. Le travail qu'elles auront à fournir sera conséquent, surtout si elles partent de zéro. Il est donc essentiel qu'elles prennent en main le sujet dès à présent », recommande-t-elle.

Une nécessaire réorganisation des entreprises

Pour répondre à ces exigences réglementaires conjuguées à une pression sociétale accrue en matière d'ESG depuis la crise sanitaire, les entreprises vont donc devoir se réorganiser. « Il faut dorénavant veiller à accorder la même importance à l'extra-financier et au financier, et instaurer un « bilinguisme » dans l'entreprise pour que les directions RSE, financières et les autres acteurs de l'organisation puissent échanger, se comprendre et collaborer avec fluidité », précise Virginie Chauvin. « En 10 ans de métier passés côté extra-financier, je n'ai jamais autant travaillé avec les directions financières qu'aujourd'hui », s'amuse d'ailleurs Edwige Rey. Pour créer des passerelles entre deux mondes jusqu'ici trop étanches, les initiatives se multiplient. Edwige Rey évoque la création du Club ESG pour les financiers, animé par Mazars. « Les membres du club, des professionnels du chiffre, prennent part à des groupes de travail thématiques et sont formés au reporting extra-financier », développe-t-elle. Impossible en effet pour ces décideurs de reléguer le sujet ESG au second plan à l'heure où ses conséquences sur la comptabilité et le business plan sont directes.

Œuvrer au rapprochement du financier et de l'extra-financier

Favoriser cette acculturation tout en poursuivant la transformation des outils d'audit et en préparant l'entreprise aux prochains impératifs réglementaires est un travail de longue haleine pour lequel la bonne organisation est clé. « Avant tout, l'entreprise doit comprendre l'impact de la réglementation sur sa structure et ses différents métiers afin de concevoir les formations adéquates et d'organiser des discussions avec son commissaire aux comptes », détaille Edwige Rey. « Ensuite, il faut établir une feuille de route listant les actions à lancer pour être en conformité avec la réglementation, les échéances à respecter ainsi que les acteurs internes et externes à impliquer. A cela s'ajoute la question du recrutement d'une équipe dédiée : les entreprises de taille moyenne n'ont pas toutes les moyens d'employer des experts ESG, d'autant que ces profils sont rares et très recherchés. Elles peuvent, à défaut, nommer un leader interne. Dernier point, et pas des moindres : il est urgent et indispensable de former les conseils d'administration, dont le prisme est encore essentiellement financier. »

Ce besoin de formation ne concerne pas que les entreprises. Auditeurs, consultants et commissaires aux comptes se doivent eux aussi d'être à la pointe pour répondre aux interrogations des organisations qu'ils accompagnent et anticiper leurs enjeux et besoins. « Chez Mazars, nous avons lancé un programme de formation intégralement dédié à l'extra-financier. Nous commençons également à diversifier le profil de nos auditeurs et proposons des parcours hybrides pour faire émerger cette double expertise », illustre Virginie Chauvin. « En somme, cette convergence constitue un sujet de business structurant pour toute l'entreprise et il sera très intéressant d'observer la façon dont les organisations s'en emparent. Alors qu'hier, seules les publications de résultats étaient passées au peigne fin par les marchés, il tend aujourd'hui à en être de même pour l'extra-financier. Les données présentées par les sociétés en diront évidemment beaucoup sur leur stratégie et leur degré d'implication dans la transformation durable », conclut-elle.

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Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.mazars.fr

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Commentaires 2
à écrit le 28/01/2022 à 18:26
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Très intéressant merci

à écrit le 28/01/2022 à 11:12
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J'ai cliqué pour laz photo, ben oui passé un certain age on ne clique plus sur les jeunes et jolies nanas mais sur des photos de jeunes arbres c'est comme ça, et vous avez de la chance j'ai compris le lien entre votre article et la photo. Une petite ...

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