
Déjà confrontée à une fuite des cerveaux, la Normandie, qui voit près de la moitié de ses jeunes adultes partir étudier à Paris, à Rennes ou encore à Lille, va devoir affronter un autre péril. Et ce dernier, est autrement plus difficile à combattre. Selon une étude de l'Insee parue en fin de semaine dernière, la région risque fort de se placer en tête des territoires les plus vieillissants de France au cours des prochaines décennies, devant la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est.
Le constat des statisticiens est implacable. Si les tendances démographiques actuelles perdurent au même rythme, la région perdra plus de 220.000 enfants et adolescents en âge d'être scolarisés dans les cinquante prochaines années. Soit une dégringolade de 34% du nombre de jeunes de 3 à 18 ans. Quasiment deux fois la moyenne projetée par l'Institut de la statistique pour la France métropolitaine au même horizon (-18%), et plus de quatre fois celle de l'Occitanie (-8%) qui devrait parvenir à endiguer l'hémorragie.
Dès lors, la Normandie est-elle condamnée à ouvrir plus d'Ehpad que d'écoles ? Une chose est sûre, elle dispose de peu de temps pour espérer inverser la courbe. La plus forte baisse devrait en effet intervenir dès 2030, avec - déjà - une perte de 93.000 jeunes scolarisables. Plusieurs raisons sont invoquées. Depuis 2016, le solde migratoire est entré dans une spirale négative. Mais surtout, la population est dans l'incapacité d'assurer le renouvellement des générations dans la période récente.
« Cette trajectoire résulterait essentiellement de la diminution des naissances au cours de la décennie 2010 », confirment les trois auteurs de l'étude.
La ruralité se fait des cheveux blancs
Face à ce recul prévisible, les cinq départements normands ne sont pas sur un pied d'égalité. La tendance est particulièrement marquée pour les territoires les plus ruraux. Ainsi, l'Eure devrait voir augmenter très légèrement ses effectifs de lycéens, mais drastiquement reculer ceux des maternelles et des primaires (- 29% et -25,3%) d'ici 2030. De son côté, l'Orne pourrait connaître un recul de près du quart de la classe d'âge des 3-18 ans dans moins de dix ans.
La Manche est à peine mieux lotie avec un reflux annoncé d'un peu moins de 16% de ses bataillons d'enfants et d'adolescents à la même échéance. Le sujet est particulièrement préoccupant. Le département, en situation de quasi plein-emploi aujourd'hui, est confronté à une pénurie de main-d'œuvre qui promet de s'aggraver à moyen terme si les communes n'attirent pas davantage de nouvelles familles. A l'inverse, la Seine-Maritime et le Calvados, plus urbains, limiteront (un peu) la casse. La baisse des effectifs des établissements scolaires devrait osciller entre -10% pour le premier et -14% pour le second.
Il n'en reste pas moins que la situation n'est guère engageante pour l'ensemble de la Normandie où la part des jeunes scolarisables pourrait être ramenée à 17% de la population dans la prochaine décennie, trois points de moins qu'en 2018. Un signal d'alarme.
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