La forêt vosgienne, un enjeu de politiques publiques

SÉRIE D'ÉTÉ - Filière bois vosgienne 2/5 | Les collectivités locales et l'administration redoublent d'imagination pour favoriser l'utilisation du bois dans leurs constructions. Le secteur public est devenu un client majeur de la filière dans les Vosges.
(Crédits : Olivier Mirguet)

Des collèges flambant neufs, des centres sportifs et 75 chaufferies bois. Depuis 1996, date de son premier "plan de relance de la filière bois", le département des Vosges n'a pas été avare en aides à ce secteur qui représente 6,7% de l'emploi sur son territoire.

"Les Vosges sont le premier département français en production de bois d'oeuvre", souligne fièrement François Vannson, président du conseil départemental, qui surveille de près son développement économique.

"Nous avons été l'une des toutes premières collectivités territoriales à nous lancer dans une démarche de soutien", rappelle François Vannson.

Un enjeu est de taille

La première transformation (sciage, tranchage) est représentée par une soixantaine d'entreprises familiales spécialisées soit dans le feuillu, soit dans le résineux. La seconde transformation apporte davantage de valeur ajoutée et représente un panorama varié dans la construction, l'ameublement, le papier ou le bois énergie.

Des petites entreprises revendiquent l'excellence dans l'innovation (In'Bo et ses lunettes en bois) ou dans une niche de marché telle que lutherie, présente à Mirecourt depuis le XVIe siècle. Le modeste département des Vosges (369.000 habitants) représente à lui seul 20% de la filière bois du Grand-Est.

La commande publique s'avère essentielle.

"Les collèges sont le symbole de notre politique de valorisation du bois", reconnaît François Vannson.

La collectivité s'est ingéniée à donner l'exemple de la performance des matériaux bio-sourcés, avec une performance énergétique supérieure de 30% par rapport à la réglementation dans le collège construit à Mirecourt. Elle a aussi soutenu les communes, en co-finançant généreusement le village d'Hadol (2.400 habitants) pour son nouveau groupe scolaire en bois (4 millions d'euros).

enstib

Soutien de la filière bois vosgienne

L'Office national des Forêts (ONF) tente aussi de donner l'exemple. Ses services locaux (300 agents) et la Chambre d'agriculture des Vosges vont disposer en 2020 d'un immeuble commun de 3.000 mètres carrés dans le quartier de la Colombière à Épinal, en remplacement de deux bâtiments vétustes qui seront démolis. Le chantier en cours mobilise un investissement de 5 millions d'euros.

"On a voulu un bâtiment qui nous ressemble : économe en surfaces, et dans une démarche environnementale affirmée", résume Denis Dagneaux, directeur de l'agence locale de l'ONF.

L'équipe de projet a tenu à s'assurer que toutes les ressources soient bien locales. Le chantier mobilise 1.500 mètres cubes de grumes transformées localement : aucune poutre, aucune planche n'aura voyagé plus de 80 kilomètres entre sa forêt d'origine, la scierie et le chantier. Malgré ces contraintes, le nouveau bâtiment sera produit à 1.400 euros du mètre carré, soit un prix jugé concurrentiel par rapport aux autres méthodes de construction.

D'autres services de l'administration se sont mobilisés en soutien à la filière bois vosgienne. À l'Ouest du département, l'INPI a accordé aux fabricants de sièges d'ameublement intérieur, organisés en cluster, son premier label d'indication géographique (IG). Une première en France, pour de produits manufacturés.

En 2018, les Vosges se sont associées avec la Métropole du Grand Nancy pour défendre leur projet de Territoire d'innovation de grande ambition (TIGA) autour de la forêt, visant à favoriser des territoires naturels résilients en adaptant les espèces au changement climatique et à imaginer de nouveaux liens entre la santé et les espaces forestiers. Les collectivités espèrent pouvoir s'appuyer sur un budget de 100 millions d'euros sur dix ans. À l'échelle régionale, le pôle de compétitivité Fibres Energivie appuie déjà ses projets de recherche et de formation sur un campus intégré à Épinal, une autre exclusivité française.

Depuis 1985, l'enseignement public a établi à Épinal l'une de ses pépites, l'ENSTIB (École nationale des technologies et des industries du bois). Ses 35 enseignants chercheurs forment chaque année des promotions de 96 ingénieurs, insérés dans le tissu économique local. "Nous avons contribué à la sédentarisation des cadres dans la région. Si nous pouvions recruter davantage de jeunes, nous le ferions. Mais Épinal et la filière bois souffrent encore d'un manque d'attractivité", déplore Laurent Blérot, directeur de l'ENSTIB. En 2018, ses diplômés n'ont pourtant attendu que dix jours, en moyenne, pour accéder à leur premier emploi.

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Commentaires 2
à écrit le 09/08/2019 à 14:09
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Pour arpenter très régulièrement notre (encore) belle forêt vosgienne, je peux dire que rien n'est fait pour limiter l'impact des coupes d'arbres sur l'environnement ni diversifier les essences de bois par une politique volontariste, et pour ces moti...

le 10/08/2019 à 15:05
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rien à redire si ce n'est que les feuillus retiennent un tiers de l'eau de pluie et les résineux la moitié, plus de faune ni de flore sous les résineux, les routes et ponts défoncés, les camions surchargés, tout cela payés par la collectivité (le bie...

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