La reprise économique s'avère plus rapide que prévu dans le Grand-Est

La Banque de France publie une étude sur la situation économique des entreprises régionales. Les prévisions sont optimistes, notamment dans la construction et l'industrie, en dépit de difficultés temporaires d'approvisionnement et de tensions sur les prix.
Les métropoles du Grand-Est (ici, la Place Stanislas à Nancy) vont partager les bénéfices de la reprise économique avec les territoires périphériques.
Les métropoles du Grand-Est (ici, la Place Stanislas à Nancy) vont partager les bénéfices de la reprise économique avec les territoires périphériques. (Crédits : Olivier Mirguet)

La direction régionale de la Banque de France dans le Grand-Est a révisé à la hausse ses prévisions pour l'année 2021. "L'activité industrielle dans le Grand-Est devrait s'établir en hausse de 10,8 % en 2021, contre seulement 8,6 % annoncés en début d'année. La reprise est donc plus rapide que prévu", observe Laurent Sahuquet, directeur régional de la Banque de France à Strasbourg. "Dans les services, le rebond de l'activité s'établit déjà à 7,3 % contre 4,1 % prévus en début d'année. Mais c'est le secteur du bâtiment et des travaux publics qui va connaître la sortie de crise la plus dynamique, avec un rebond de 11,4 % et surtout une rentabilité meilleure que prévu", détaille Laurent Sahuquet.

L'arrêt brutal de la crise sanitaire

Dans le Grand-Est, l'activité économique a connu un arrêt brutal début 2020. La situation a été particulièrement critique en Alsace, territoire touché en première ligne par la crise sanitaire en mars, avril et mai 2020. "L'étude en cours des bilans des entreprises de plus de 750.000 euros de chiffre d'affaires confirme que les situations sont moins dégradées que ce qu'on a pu craindre", analyse Laurent Sahuquet. "L'activité dans l'industrie s'est repliée de 11,4 %, mais les comptes de résultat ont assez bien résisté", observe-t-il. Les autres secteurs ont mieux tenu face à la crise en 2020 : le chiffre d'affaires du commerce n'a reculé que de 1,6 % l'année dernière dans le Grand-Est, avec des effectifs en hausse (+ 0,4 %). Les services marchands ont perdu 6,8 % de chiffre d'affaires pendant cette année de crise et le secteur de la construction (bâtiment, travaux publics) a reculé de 6 %.

Dans son enquête de conjoncture régionale, la Banque de France relève un accroissement sensible de l'endettement brut des entreprises, en particulier dans le secteur de la construction où le taux d'endettement passe de 36,4 % en 2019 à 55,2 % en 2020. "Les mesures de soutien à l'économie ont joué à plein dans le Grand-Est, même si un nombre important d'entreprises n'ont opté que par prudence pour les prêts garantis par l'Etat. L'endettement brut augmente, mais la trésorerie augmente aussi", analyse Laurent Sahuquet. Entre 18 % et 25 % des entreprises de la région envisagent déjà le remboursement intégral de leur PGE en 2021.

Des secteurs plus fragiles

Dans le Grand-Est, l'industrie représente près de 18 % des effectifs, soit entre 5 % et 6 % de plus que la moyenne française. En sortie de crise, des sous-secteurs en pointe dans la région se confondent avec les secteurs les plus exposés à l'échelle nationale : matériels de transport, métallurgie, hébergement, restauration. "Il n'existe pas une typologie des entreprises fragiles", nuance toutefois Laurent Sahuquet. "Deux éléments majeurs peuvent encore freiner la reprise. Des difficultés d'approvisionnement en composants électroniques frappent actuellement les chaînes de production de l'industrie automobile. Elles pourront avoir un impact en 2022 sur la croissance dans le Grand-Est, où le groupe Stellantis, Renault et leurs sous-traitants sont très présents", prévient de directeur régional de la Banque de France.

La filière bois sort elle aussi fragilisée, des Vosges aux Ardennes, avec un déséquilibre entre l'offre et la demande et une hausse des prix sur les matières premières. Pour les entreprises, la difficulté consistera à répercuter ces hausses sur leurs prix de vente, avec une incidence possible sur les marges. "Cette difficulté ne sera que temporaire", prévoit Laurent Sahuquet.

L'autre difficulté, plus structurelle dans le Grand-Est, porte sur les difficultés de recrutement dans des métiers de services (transport, restauration, hôtellerie) essentiels, malgré les programmes de requalification engagés par le Conseil régional, chef de file de la formation professionnelle. "Les mesures envisagées par les politiques sont plus longues à produire leurs effets", reconnaît Laurent Sahuquet. L'emploi dans le Grand-Est présente de fortes disparités entre les métropoles, pas toujours les mieux placées, et certains territoires périphériques. Dans son étude régionale sur les migrations résidentielles et la concentration de l'emploi, publiée en août 2021, l'Insee a déterminé que les zones "en recul d'emploi", limitrophes des grandes agglomérations (Reims, Nancy, Metz, Strasbourg), avaient maintenu un solde de migrations positif. A Haguenau (Bas-Rhin), bassin d'emploi dynamisé par sa forte présence industrielle internationale, le taux de chômage est inférieur de 5 points à celui de la proche agglomération de Strasbourg (11 %), malgré les compressions d'effectifs annoncées chez de grands employeurs locaux tels Schaeffler France ou Mars Wrigley.

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