Le calendrier des deux nouveaux réacteurs du site nucléaire de Gravelines près de Dunkerque (Nord), se précise. Pour rappel, ces deux nouvelles installations avaient été confirmées en février 2022 par le ministère de l'Industrie, dans le cadre de la construction de 6 nouveaux EPR français.
Cette implantation va engendrer des opportunités d'affaires pour les entreprises régionales. « Gravelines n'est pas un projet isolé, car il s'intègre dans le programme des six EPR : le scénario dans le Nord est en train de se jouer avec deux ans d'avance à Penly en Normandie, où le premier réacteur est attendu à l'horizon 2035-2037 (le troisième site étant Bugey dans l'Ain en Auvergne Rhône-Alpes », contextualise Antoine Ménager, directeur du débat public EPR2 chez EDF.
La concertation nordiste devrait démarrer à l'été 2024. « Ces échanges permettront de nourrir notre projet, afin de pouvoir déposer les premières demandes d'autorisations en 2025. Ce qui permettrait d'obtenir l'autorisation environnementale en 2026 pour débuter les importants travaux préparatoires, afin d'aménager et de terrasser le sol sablonneux, ce qui prendra déjà près de trois ans », poursuit Antoine Ménager.
Premier « béton nucléaire » en 2028
Pour démarrer la construction des bâtiments à partir de 2029-2030, une demande d'autorisation de création d'une activité nucléaire sera déposée également dès 2025, dans le but de couler le premier « béton nucléaire » en 2031.
Le directeur du débat public EPR2 chez EDF précise : « Nous mobiliserons alors des compétences de génie civil et de construction des bâtiments pour ensuite faire appel aux montages électromécaniques, afin de mettre en place les tuyaux et les câbles. La construction des EPR s'enchainera avec 18 mois d'écart, ce qui signifie que le pic des interventions aura lieu en 2032-2033, avec près de 8.000 personnes sur site ».
Les besoins en main d'œuvre vont concerner une large palette de métiers de l'industrie, avec tous les niveaux de qualification : contrats d'études, génie civil avec les matériels associés, électricité, instrumentation et contrôle commande, construction de l'îlot conventionnel (non nucléaire, dédié à la production d'électricité, avec des turbines tournent grâce à la vapeur) et « balance of plant » (comprenant des équipements connexes rassemblent les équipements mécaniques et électriques pour prélever l'eau ou évacuer l'électricité produite). Sans oublier bien sûr les matériels mécaniques et la robinetterie de l'îlot nucléaire. Soit plus de 300 contrats au total pour l'ensemble des 6 EPR.
Pour des retombées locales
Pour trouver la main d'oeuvre et les compétences nécessaires, la CCI Littoral Hauts-de-France et Dunkerque Promotion, en coordination avec EDF et Cap'Industrie, se mobilisent. Ce, sous l'égide du programme d'accompagnement « Nucléi Hauts-de-France » et aux côtés du Groupement des Industriels Prestataires en Nord-Ouest (GIP NO) et l'Université des métiers du Nucléaire (UMN). Le mot d'ordre des acteurs économiques de la région : que ces contrats puissent rester accessibles aux entreprises locales, notamment aux départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme.
« Pour les marchés EPR2 Gravelines où un potentiel d'ancrage local est identifié, une fiche marché sera diffusée par "Nucléi Hauts-de-France" via la plateforme CCI Business », commente Nicolas Fiévet, chef de projets industrie à la CCI Hauts-de-France et animateur du programme d'accompagnement « Nucléi Hauts-de-France ».
Si « Nucléi » informe sur les financements existants, le dispositif passe également du temps à détecter les entreprises à potentiel et met en relation les sociétés susceptibles de pouvoir répondre ensemble à ces appels d'offres. « Près de 200 entreprises sont déjà identifiées comme intervenantes sur le secteur du nucléaire dans les Hauts-de-France mais la complexité, c'est que toutes les entreprises en sous-traitance ne savent pas systématiquement qu'elles sont prestataires pour le nucléaire », admet Nicolas Fiévet.
Cap'Industrie également mobilisé
Constitué par le CETIM (Centre technique des industries mécaniques), la Chambre de commerce et d'industrie Hauts-de-France, la FIM (Fédération des Industries mécaniques) et l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Hauts-de-France, Cap'Industries s'est mis également en ordre de marche, pour que ces marchés puissent bénéficier aux entreprises régionales.
« Avec EDF, la CCI Hauts-de-France, le conseil régional et d'autres partenaires, le programme Nucléi va permettre de travailler avec les grands donneurs d'ordre (principalement EDF) pour que les entreprises des Hauts-de-France puissent se positionner sur les travaux ou la maintenance nucléaire à Gravelines », détaille Elodie Bayle, responsable communication et animation des filières chez Cap'Industrie.
« Lorsque les appels sont publiés, nous allons essayer de positionner au mieux des entreprises de la région, même si ce sont souvent de grands groupes qui remporteront les appels d'offres, avec des activités redistribuées ensuite auprès de plus petites sociétés », poursuit Elodie Bayle. Sachant que Cap'Industrie aide au préalable à structurer l'entreprise, notamment du point de vue des certifications.
Car le nerf de la guerre va évidemment être de trouver de la main d'œuvre dans des métiers déjà touchés par la pénurie. « Nous mettons les moyens pour que nos entreprises soient prêtes à échéances, notamment en termes de recrutement et de formation ».
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