La mise en service en 2035 du premier réacteur du nouveau parc nucléaire est un objectif « très exigeant », a reconnu ce vendredi matin le PDG d'EDF Luc Rémont, qui s'exprimait à l'occasion d'une interview à la radio Franceinfo.
« C'est très exigeant, ça doit venir de pair avec tout le travail que nous devons faire sur le parc nucléaire existant pour augmenter le niveau de production et nous sommes bien en chemin pour augmenter le niveau de production », a souligné le dirigeant, nommé il y a un an par le gouvernement pour redresser l'entreprise en grande difficulté.
« C'est la responsabilité d'EDF, donc toutes les équipes d'EDF, tout le monde (...), l'ensemble de la filière industrielle qui travaille avec nous, qui concerne des centaines de milliers de personnes en France, sont mobilisées pour atteindre cet objectif », a-t-il assuré, à propos du programme de construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, dont le premier doit être mis en service à horizon 2035-2037 à Penly.
Redresser la situation financière d'EDF
« C'est exigeant encore une fois, mais c'est à nous de remonter cette capacité de construction à l'échelle industrielle », a dit le patron d'EDF. Après une production nucléaire tombée à un plus bas depuis 30 ans en 2022 (279 térawattheures, TWh) à cause de la crise de la corrosion, le groupe vise un objectif ambitieux de 400 TWh d'ici à 2030 pour redresser sa situation financière, fragilisée par une dette de 65 milliards d'euros.
Le PDG a par ailleurs confirmé le calendrier de mise en service -avec 12 ans de retard- de l'EPR de Flamanville:
« Nous prévoyons de charger le réacteur (avec le combustible) au premier trimestre 2024 (...) et de le raccorder au réseau à la mi- année 2024 ».
Avec un parc nucléaire qui affiche ce vendredi une capacité disponible de 43 GW sur une puissance totale de 61,4 GW, Luc Rémont a estimé que la France pouvait aborder l'hiver « avec confiance » même s' « il faut rester vigilant » et que les efforts de sobriété doivent être poursuivis. « L'énergie qu'on ne consomme pas à la fin, c'est toujours la meilleure », a-t-il souligné.
Le patron d'EDF a aussi appelé à « changer de monde » sur l'énergie hydraulique, afin de développer les capacités supplémentaires qui sont aujourd'hui bloquées pour des raisons juridiques. La question de la sobriété et de l'efficacité a aussi été évoquée par Luc Rémont, qui estime qu'une baisse de consommation de 30% est « accessible de façon rationnelle, en investissant un petit peu, et avec des retours sur investissement relativement courts ».
Rassurer sur les hausses tarifaires
Le PDG est aussi revenu sur l'accord trouvé avec l'Etat pour redéfinir le nouveau cadre de régulation des prix de l'électricité en France. Interrogé sur les craintes de nouvelles hausses tarifaires, le dirigeant a assuré que ce nouveau modèle donnerait « une protection beaucoup plus forte à l'ensemble de nos concitoyens ».
La fin du bouclier tarifaire
Après avoir été rehaussé de 4% en février 2022, puis de 15% et 10% en février et août 2023, cet abonnement encadré par les pouvoirs publics et payé directement par 21 millions de foyers (mais aussi indirectement par de nombreux autres, à travers des offres indexées), sera ainsi renchéri de 10%. Surtout, d'autres « hausses régulières » devraient suivre, au moins jusqu'en 2026, a précisé le locataire de Bercy.
(Avec AFP)
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