Avec Emblématik, le Grand Paris prend de la hauteur

La tour écolo de 54 mètres de haut à Aubervilliers va enfin être livrée.
César Armand
La tour d'habitation comporte des jardins partagés tous les autre étages.
La tour d'habitation comporte des jardins partagés tous les autre étages. (Crédits : Castro Denissof Associés)

Terminus. Tout le monde descend à la station Front Populaire. Prenez la sortie 2, rue Waldeck-Rochet, et vous tombez nez à nez avec la tour Emblématik. 18 niveaux, 54 mètres de haut, 88 logements en accession et des jardins partagés tous les quatre étages. Offrant des vues sur la butte Montmartre, La Défense et la Plaine Saint-Denis, ils s'élèvent à 10 mètres de haut, comportent tous une petite parcelle et sont accessibles à chacun des habitants quel que soit le palier de leur appartement. Les poteaux qui soutiennent les planchers et les plafonds ressemblent à des arbres vus d'en bas. « C'est une manière d'habiter chez soi avec des extérieurs extrêmement généreux, » souligne l'architecte Sophie Denissof. Le dehors est le prolongement du dedans et donne beaucoup de ciel. En offrant ces maisons superposées, nous voulions corriger ce sentiment d'empilement, de cage à lapins, qui n'offre pas la possibilité de s'approprier son habitat. »

Il a néanmoins fallu attendre plus de dix ans pour que l'immeuble soit érigé. Lauréat de la consultation internationale sur le Grand Paris en 2008, l'atelier Castro Denissof Associés réfléchit avec le promoteur Nexity à la notion d'« habiter le ciel ». « Quand Roland Castro m'a montré son premier croquis, se souvient Patrick Braouezec, le président (PCF) de Plaine Commune, il m'a confié qu'on lui disait à chaque fois : "C'est beau, mais pas ici" ». Lors de l'inauguration, le 11 février 2019, Roland Castro boit donc du petit-lait : « C'est une inauguration un peu politique. Il y en a qui ont tenté de l'empêcher, mais ils resteront anonymes. » Déjà présent en 2008, le directeur général délégué de Nexity, Jean-Philippe Ruggieri, renchérit : « Dans l'imaginaire collectif, habiter haut n'était pas synonyme d'imaginer beau. Or, les deux seront essentielles dans la vie future. »

« Une ville plus verte et plus écologique »

Helen Romano, vice-présidente Immobilier résidentiel chez Nexity, ne dit pas autre chose : « Oser bâtir haut permet de construire plus écologique en limitant l'emprise au sol, plus abordable en diminuant le poids du foncier dans le prix de vente et plus utile parce qu'on intensifie la construction dans les zones d'emplois et près des transports. » La mairie communiste d'Aubervilliers tient le même discours : « La tour matérialise l'ambition de bâtir une ville plus verte, plus écologique et plus aérée, contrairement à ce que l'État a pu faire avec ses "grands ensembles". » Près du campus Condorcet, la future Cité des Humanités et des Sciences sociales, et de la piscine d'entraînement pour les athlètes des JO de 2024, l'édifice réaffirme la commune « au coeur de la métropole » et « acte le fait que c'est une ville attractive ».

Patrick Ollier, le président (LR) de la métropole du Grand Paris (MGP), estime d'ailleurs qu'il contribue à « dessiner le nouveau paysage » de la MGP avec des « valeurs » qui lui sont « chères » : « Audace architecturale, mixité fonctionnelle et programmatique, retour de la nature en ville avec de nouveaux modes d'habitat. » L'ex-conseiller d'Anne Hidalgo sur les sujets grand-parisiens Pierre Mansat, ancien adjoint (PCF) au maire de Paris, se déclare lui aussi « très heureux » que la tour « ouvre un débat sur les formes que peut prendre la densité en première couronne ».

60 % de primo-accédants

La directrice générale de Plaine Commune développement, Catherine Léger, rappelle, pour sa part, qu'il a fallu « rompre avec une histoire de la hauteur plafonnée à 30 mètres ». « Je venais d'arriver à la société d'économie mixte quand cela a été lancé, raconte-telle aujourd'hui. Maintenant, je suis fière de voir cette beauté, cette audace. » La municipalité aubervilloise souligne en outre qu'il lui faut « résister au quotidien à la pression des promoteurs qui souhaitent réaliser des opérations immobilières de médiocre qualité architecturale et extrêmement denses dans l'unique but de réaliser des profits à court terme ».

Par ailleurs, si 68 % des particuliers acquéreurs sont âgés de moins de 40 ans, 60 % sont des primo-accédants. Le prix du mètre carré y défie en effet toute concurrence. Selon l'étage, il oscille entre 4.000 et 4.600 euros, soit une moyenne de 4.300 euros. Enfin, outre 500 m² en pied d'immeuble, qui accueilleront une brasserie et un magasin bio, une résidence étudiante de 113 logements ainsi qu'un bâtiment de 40 logements sociaux, avec balcons, loggias et terrasses, viennent compléter l'ensemble.

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.