Dette de la ville de Paris : l'équipe d'Hidalgo se félicite, la droite renouvelle ses critiques

Alors que le consultant financier Moody's vient d'attribuer la meilleure note de solvabilité à la ville de Paris, l'équipe de la maire (PS) Anne Hidalgo fait face aux critiques de l'opposition. Explications.
L'endettement de la ville de Paris est passé de 1 à 8 milliards d'euros entre 2001 et 2024.
L'endettement de la ville de Paris est passé de 1 à 8 milliards d'euros entre 2001 et 2024. (Crédits : © LTD / SKREIDZELEU/SHUTTERSTOCK)

C'est une première pour Moody's. L'entreprise d'analyse financière, notamment connue pour ses notations, a attribué ce mercredi la note « AA2 » à la ville de Paris. Selon Moody's, celle-ci correspond à une « gouvernance et une gestion très solides ». Il s'agit de la plus haute note attribuable à une collectivité territoriale, ces dernières ne pouvant surclasser le rang de l'Etat.

Pour autant, cette note signifie-t-elle une bonne gestion financière de la mairie ? Le premier adjoint (PS) à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, en est persuadé. L'occasion pour lui de faire un pied de nez à Gabriel Attal qui avait qualifié, au mois de novembre 2022, en tant que ministre des comptes publics, les « loyers capitalisés » comme étant une « pyramide de Ponzi ».

Bien que l'ambiance soit à la fête chez la majorité socialiste, pour le groupe d'opposition Changer Paris et son premier vice-président (LR), David Alphand, cette notation ne congratule « aucunement la gestion des finances de la part des équipes d'Anne Hidalgo ».

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Une meilleure gestion que l'Etat

Selon Emmanuel Grégoire, cette notation est « la plus élogieuse possible pour une collectivité territoriale » et salue la bonne santé financière de la capitale.

« Nous présentons des antécédents de performance solides. C'est le cas de notre taux d'imposition qui est bien inférieur à la moyenne nationale », se félicite le Premier adjoint auprès de La Tribune.

Le moment était donc idéal pour que la majorité au conseil municipal réponde aux commentaires de l'opposition qu'Emmanuel Grégoire qualifie de « manipulation et de mensonges ».

« Comme d'habitude, elle utilisera des chiffres fantaisistes afin d'entretenir un combat qui n'est pas sain sur le long terme », martèle l'élu socialiste auprès de La Tribune.

Évidemment, la liste de droite, anciennement menée par Rachida Dati, n'a pas attendu pour rétorquer. Sollicité par La Tribune, David Alphand dénonce justement une mésinterprétation du rapport Moody's. Selon lui, la notation ne prend en compte qu'un seul critère : la solvabilité de l'emprunteur.

« Ni Anne Hidalgo ni ses équipes ne figurent dans le rapport. Ce dernier emploie un langage anglophone lorsqu'il évoque un bon management et une gouvernance solide. En réalité, il s'agit de l'architecture institutionnelle, des hauts fonctionnaires et des cadres intermédiaires, pas de la mairie », justifie le vice-président de Changer Paris.

L'élu d'opposition poursuit sa plaidoirie en attribuant le faible taux d'imposition à... Jacques Chirac [maire de Paris de 1977 à 1995, Ndlr]. Selon lui, les taux sont si bas que la mairie possède une marge dont elle profite pour combler sa mauvaise gestion financière.

Pas de ralentissement pour l'endettement

Cette notation est importante pour la mairie au moment de contracter des emprunts. Elle influe directement sur les taux d'intérêts posés par le créancier. Un moyen de rassurer l'équipe d'Anne Hidalgo qui compte sur cet endettement pour mener à bien ses différents projets.

« La majorité de nos investissements sont de nature immobilière. Même si, entre 2001 et 2024, la dette est passée d'1 à 8 milliards d'euros, la valeur du patrimoine, elle, a augmenté de 14 à 44 milliards d'euros », argue Emmanuel Grégoire auprès de La Tribune.

Un endettement que la mairie juge essentiel et contrôlé. Le Premier adjoint évoque un plan pluriannuel rigoureusement documenté qui empêcherait le dépassement la barre des 10 milliards d'euros.

Un enthousiasme que ne partage pas la droite qui dénonce une « dynamique de la dette propre à Anne Hidalgo ».

« Le plan évoqué porte sur 30 ans. Cela revient à dire qu'un bachelier parisien en 2024 continuera à payer les factures de la maire jusqu'à ses 48 ans », soulève David Alphand auprès de La Tribune.

Aux yeux de l'opposition, les projets immobiliers de la mairie ne justifient pas l'augmentation de la dette. Elle dénonce même une « obsession de la gauche parisienne qui cherche à se donner une bonne conscience ».

« La ville achète des logements dans le privé pour les transformer en logements sociaux. Le résultat de la manipulation est simple : il n'y a pas de création de nouveaux logements », décrie le vice-président de Changer Paris auprès de La Tribune.

« Une saignée des collectivités »

Néanmoins, pour la mairie de Paris, la faute réside dans les mains de l'Etat. Un problème de gestion des recettes qui aurait des « conséquences massives » sur l'investissement public d'après Emmanuel Grégoire.

« Bercy a démontré une certaine forme d'insincérité en se trompant de 0,6 points dans son niveau de déficit. Bruno Le Maire pose des restrictions partout, sauf à lui-même. Il y a un véritable entêtement de l'Etat qui refuse d'assainir ses recettes », s'indigne le premier adjoint d'Anne Hidalgo auprès de La Tribune.

Le sujet de l'endettement s'impose comme un véritable enjeu pour la capitale, à deux ans des prochaines élections municipales.

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Commentaires 8
à écrit le 05/04/2024 à 8:29
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On nous aurait menti ? Je croyais qu'Hidalgo avait vidé les caisses pour ses Jeux 🤣 Finalement la mairie a investit dans l'immobilier, rien de plus normal... Certains voudraient même lui chiper le parc des princes.

à écrit le 04/04/2024 à 23:08
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Multiplication par 8 de la dette depuis 20 ans et la gestion par la gauche ... Moody se félicite sans doute car la maire leur a acheté des produits type subprimes qu'ils ont noté triple A ... et qui vont exploser aux visages des parisiens dans quelq...

le 05/04/2024 à 8:21
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Dans le même temps (depuis 20 ans) : multiplication de l'activité économique à Paris par... 10. Donc réduction du taux d'endettement. C'est dans le rapport...

à écrit le 04/04/2024 à 14:24
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Forcément , encaisser 90 ans de loyers par avance , ça simplifie les comptes. Hidalgo a quand même augmenter la dette de la ville massivement pour atteindre 8 milliards d'euros.

le 05/04/2024 à 8:24
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8 milliards au passif mais 44 milliards du coté d'actifs. Je connais bien des villes qui aimeraient avoir ce bilan. Un peu facile de ne regarder qu'un chiffre pour discréditer.

à écrit le 04/04/2024 à 12:26
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Comme d'hab'. Ce n'est jamais AH qui parle, mais ses "adjoints" (ceux par qui elle est maire; mais qui tirent les ficelles en la manipulant). "Elle" est totalement insignifiante (fiEnte ?...), au delà de son incompétence.

le 05/04/2024 à 8:26
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Et ben, ça vole haut ! Comme les pigeons. Pour les arguments, on repassera.

à écrit le 04/04/2024 à 10:13
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Dati va se charger de faire déraper les comptes ...

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