Budget, dette... Bataille de chiffres à Paris entre la majorité d'Hidalgo et l'opposition de Dati

A l'Hôtel de Ville de Paris, gauche et droite examinent le budget pour l'année 2024. Au menu, un plan d'investissement de 1,8 milliard d'euros, malgré une crise du logement qui plombe les recettes de la capitale. D'autant que le total des encours de dette fait encore débat. Décryptage.
César Armand
L'Hôtel de Ville de Paris.
L'Hôtel de Ville de Paris. (Crédits : Philippe Wojazer)

« C'est topé avec les Verts pour le budget ». A peine assis à la grande table de réunion qui jouxte son bureau, Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) d'Anne Hidalgo, exprime son soulagement ce mardi matin.

« Nous allons voter un budget dans de bonnes conditions. Tous les groupes de la majorité sont d'accord », abonde Paul Simondon l'adjoint (PS) aux Finances.

En face, l'opposition de la droite et du centre, incarnée par le groupe Changer Paris présidé par la maire (LR) du VIIe arrondissement Rachida Dati, s'apprête à attaquer la majorité municipale sous l'angle de la « faillite budgétaire » et à dénoncer « une administration Hidalgo en proie au syndrome de Birmingham » en référence à l'asphyxie financière de la deuxième ville britannique.

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Un plan d'investissement de 1,8 milliard d'euros

Ce mardi, la Ville de Paris vient de rapporter, pour 2023, des recettes de fonctionnement s'établissant à 9,8 milliards d'euros et des dépenses de fonctionnement à 9,2 milliards d'euros, conformément à la règle d'or qui impose aux collectivités territoriales de voter des dépenses et des recettes à l'équilibre. Surtout, elle présente un plan d'investissement « inédit » pour 2024, de 1,8 milliard d'euros.

Malgré tout, ce plan contient une enveloppe de 550 millions d'euros pour le compte foncier. Pour rappel, ce dernier rachète des immeubles privés avant de les transformer en logements sociaux. Le montant acté représente deux fois plus que l'an dernier (250 millions d'euros) et presque trois plus qu'en 2022 (200 millions d'euros). Ainsi que des moyens pour décliner le quatrième Plan Climat dévoilé mi-novembre.

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 « Cette annonce est beaucoup trop tardive. Alors que nous sommes à mi-mandat, la majorité municipale n'aura ni le temps, ni les marges de manœuvre budgétaires pour mettre en place ce plan », réagit, pour La Tribune, David Alphand, vice-président du groupe Changer Paris et membre (LR) de la commission des Finances.

La crise du logement plombe les recettes de la ville

La chute des transactions dans l'immobilier résidentiel ancien dans la capitale, en recul par rapport au niveau moyen des dix dernières années, relevée par la Chambre des notaires de Paris le 30 novembre dernier, plombe en effet les comptes de la capitale.

« Il n'était pas question de faire plus du fait de la crise du logement », appuie l'adjoint (PS) aux Finances, Paul Simondon.

Les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), aussi appelés « frais de notaire » dont s'acquittent tout acheteur lors d'une vente au bénéfice des magistrats, de l'Etat et de la municipalité, ont chuté, en date de fin novembre, de 1,45 milliard d'euros.

« Nous sommes prudents, mais nous assistons à un début de redémarrage, à une forme de rattrapage », tempère désormais Paul Simondon, qui anticipe une dégringolade de 1,5 milliard d'euros en 2024.

« Nous n'accordons aucun crédit à leurs anticipations. Leurs projections prudentes se transforment en pertes de centaines de millions d'euros », rétorque David Alphand, de la garde rapprochée de Rachida Dati.

L'Etat « ment » sur la suppression de la CVAE

A cela s'ajoute néanmoins la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), qui a fait perdre 100 millions d'euros à Paris en 2023.

« Ce sera autant, voire plus en 2024. Quand l'Etat dit qu'il compense à l'euro près, c'est faux : il ment », assène Paul Simondon de l'équipe Hidalgo.

« Je ne comprends pas bien ce raisonnement. Les finances de la Ville sont dans un tel état qu'on ne va pas aller travailler sur des hypothèses de calculs des manques à gagner », réplique le spécialiste des finances publiques locales du côté des Républicains, David Alphand.

Le total des encours de dette fait débat

Ce qui fait, encore et toujours, débat surtout est le total des encours de la dette. Actuellement de 8,1 milliards d'euros selon l'administration, voire de 8,8 milliards d'euros dans l'hypothèse d'une saturation de l'autorisation d'emprunt, il pourrait atteindre 9,9 milliards d'euros fin 2026, six mois après les prochaines élections municipales.

« Aujourd'hui, l'endettement atteint des niveaux extrêmement élevés et devrait culminer à 12 milliards d'euros d'ici à 2026 en tenant compte des loyers capitalisés, ces loyers que paient les bailleurs sociaux pour alimenter les dépenses de fonctionnement de la ville », s'agace l'opposant David Alphand.

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Le même n'a pas « jamais vu le début du commencement » du plan d'économies de 200-250 millions d'euros promis l'an dernier par l'exécutif de la capitale.

« Nous avons été contraints et forcés à faire des économies substantielles de par la sobriété énergétique de nos consommations », répond le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire.

Et d'augmenter la taxe foncière de près de 52%, sans compter la revalorisation automatique des bases de 7%.

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César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 13/12/2023 à 13:19
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la solution pour le prochain maire de paris est une augmentation de 2000 pour cent des taxes foncieres sur les ministeres et autres ambassade ou faire rembourser la dette par ceux qui l(on creer

à écrit le 13/12/2023 à 11:29
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La gauche , c'est avant tout une corruption généralisée parasitaire du secteur privé derrière les beaux discours ... La plupart des logements sociaux logent les hauts fonctionnaires et fonctionnaires de la ville de Paris au frais du contribuable, pui...

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