D'abord prévu pour mi-2021, puis la fin de l'année, les RER D et E n'arriveront finalement pas avant mi-2023, selon un audit mené par SNCF Voyageurs qui exploite ces deux lignes franciliennes. "Un naufrage industriel", dénonce la présidente de l'autorité des transports d'Île-de-France, Valérie Pécresse, selon Les Echos dans un courrier envoyé aux PDG d'Alstom - le constructeur en charge de la livraison - et de la SNCF. Commandées en 2017, ces rames promettent un meilleur confort mais aussi de la ponctualité.
"Dérives successives"
Pour justifier son retard, l'industriel a invoqué une "grande complexité technique", l'évolution du cahier des charges ainsi que l'impact de la crise du Covid-19. Le constructeur affirme être déterminé à respecter le nouveau planning fixé après un audit externe, sans toutefois donner de date. Alstom et Bombardier, qui ont fusionné depuis la signature du contrat, sont censés fournir jusqu'à 255 rames de nouvelle génération "NG" (125 pour le RER D et 130 pour le RER E), pour un montant de 3,75 milliards d'euros financés par Île-de-France mobilités (IDFM). Le carnet de commandes du nouveau groupe est plein : Alstom enchaîne les contrats, notamment en Europe, où il s'est engagé à livrer 66 rames à l'opérateur allemand, 150 à celui italien, et une centaine au Danemark.
De son côté, dans la missive adressée au PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, Valérie Pécresse constate que l'opérateur des lignes n'a "pas été en mesure d'empêcher ces dérives de planning successives" après avoir lui-même décalé le processus de deux ans et demi avec des retards lors de l'appel d'offres.
Dans un second courrier, à l'attention d'Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, elle invoque un problème d'organisation "relevant d'un manque manifeste de maîtrise du processus industriel, inconcevable de la part d'un leader mondial du secteur".
La présidente du conseil régional d'Île-de-France tape ainsi du poing sur la table et évoque une situation "totalement inacceptable". Valérie Pécresse a même convoqué Henri Poupart-Lafarge pour une audition devant IDFM.
64 millions d'euros de pénalités exigés
De plus, elle exige que la SNCF demande 64 millions d'euros de pénalités pour ce retard sur la première tranche du contrat (1,55 milliard d'euros) qui concerne 71 rames. Sur ce point, "les dispositions prévues au contrat seront strictement appliquées", a précisé SNCF Voyageurs à l'AFP.
Ce retard est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour Valérie Pécresse qui s'était déjà insurgée début octobre contre un nouveau surcoût de 1,7 milliard d'euros de la part de SNCF Réseau sur le chantier d'une branche du RER E. Celle-ci doit prolonger la ligne E à l'ouest de Paris et inclut notamment un gigantesque tunnel entre Paris et La Défense. Financé notamment par la Société du Grand Paris et la région, la facture du chantier devrait passer de 3,8 milliards à 5,4 milliards d'euros, estime Valérie Pécresse.
SNCF Réseau a invoqué des "modifications" et des "contraintes supplémentaires" (crues, manifestations des Gilets jaunes, Covid-19), des aléas demeurant "dans une enveloppe de 30% du chiffrage initial".
(Avec AFP)
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