Bilan Hollande : un quinquennat de plans sociaux dans les Hauts-de-France

Avec ses 295 salariés, la fermeture programmée de Whirlpool à Amiens a été au cœur de la campagne présidentielle. L'usine de sèche-linge est pourtant loin d'être la seule entreprise de la région des Hauts-de-France à avoir connu des difficultés pendant le quinquennat de François Hollande. Retour sur les plans sociaux les plus importants (concernant plus de 200 licenciements) dans la région.
La « vente par correspondance », qui s'est muée en e-commerce, a payé un lourd tribut. En 2014, le vépéciste La Redoute, à Roubaix, restructuré par Kering a perdu les deux tiers de ses effectifs, le plus gros plan social de ces cinq dernières années dans les Hauts-de-France. Les 3 Suisses, non plus n'ont pas été épargnés, avec un plan de 232 licenciements pour 3 Suisses France et de 268 notifications pour 3SI Commerce. (Photo : le 7 nov. 2013, à Lille, manifestation contre le groupe Kering)

En 2014, Kering dirigé François-Henri Pinault (ex-Pinault-Printemps-Redoute) a mené un plan de reprise du vépéciste La Redoute à Roubaix, avec une casse sociale qui a concerné les deux tiers des effectifs (1.178 postes supprimés sur un effectif total de 3.437 salariés, sans compter les emplois indirects de 172 postes sur 569 chez Relais Colis). Soit le plus gros plan social enregistré sur les cinq dernières années dans les Hauts-de-France. Ironie de l'histoire, la valeur de l'action de Kering, qui détient notamment la marque Gucci, a atteint il y a quelques semaines une augmentation record de  plus de 100 euros sur une année, l'action valant 184 euros l'année dernière.

Dans ce triste palmarès des licenciements les plus importants, c'est Vallourec Tube France qui arrive juste après, avec 587 et 252 licenciements notifiés en deux fois à la direction du travail. Le spécialiste des tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière et gazière a subi de plein fouet la division par trois du prix du baril de pétrole en 2014, et son corollaire, le coup de frein sur les investissements pétroliers. Le laminoir de Vallourec à Saint-Saulve, près de Valenciennes, a été arrêté définitivement en début d'année. La tuberie, elle, continue son activité avec des effectifs réduits, de 354 personnes pour deux lignes de finition. L'acier laminé arrive désormais directement de Mülheim, en Allemagne.

La vente par correspondance paie un lourd tribut

On revient ensuite au secteur de la « vente par correspondance » qui s'est muée en e-commerce avec une crise au sein du groupe nordiste Les 3 Suisses qui s'est soldé par un plan de 232 licenciements pour 3 Suisses France, un plan de 268 notifications pour 3SI Commerce (le groupe de service au e-commerce) et 283 suppressions de postes au sein de Dispéo, un centre mécanisé de préparation de colis qui depuis s'est diversifié à travers d'autres clients.

Quatrième plus important plan social dans les Hauts-de-France ces cinq dernières années, celui de Sea France, filiale de la SNCF, devenue MyFerryLink, qui exploitait les liaisons transmanche par ferries entre Calais et Douvres (en Angleterre). En 2008, Sea France pesait quand même 222 millions d'euros de chiffres d'affaires, avec 3,8 millions de passagers et plus de 700.000 poids lourds transportés par an. Cause du naufrage : la concurrence du tunnel sous la Manche et des pratiques syndicales controversées. Avec plus de 800 salariés, SeaFrance était le premier employeur de Calais.

>Lire : L'aide du gouvernement à Sea France, un cadeau empoisonné pour ses salariés? (2012.01.03)

Puis, dans cette longue litanie des données transmises par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte), vient le tour d'Arc International, qui était jusqu'alors l'un des plus gros sites industriels français. Repris depuis par le fonds d'investissement américain Peaked Hill Partners (PHP) qui a apporté de l'argent frais, le verrier, leader mondial des arts de la table, a quand même dû se séparer de plus de 556 emplois, en prenant en compte les départs dans les filiales Machines et matériel de verrerie (aujourd'hui Arc Tooling-MMV), à Aire-sur-la-Lys, et Cartons et plastiques, à Arques.

Automobile, papier, distribution, métallurgie...

Dans la filière automobile, la Française de Mécanique, fabricant de moteurs essence et diesel basé à Douvrin et appartenant au pôle industriel Nord de PSA, a également dû notifier le licenciement de 500 personnes exactement au cours des cinq dernières années, mais c'est sans compter les 830 départs non remplacés depuis 2013. D'après les syndicats, depuis 2003, ce serait même 4.000 emplois qui auraient été perdus. En cause, le désengagement de Renault, mais aussi des lignes ouvertes en Slovaquie et une production plus importante à Trémery, plus spécialisée en diesel.

Parmi les employeurs qui ont dû se résoudre à se séparer d'environ 300 salariés, on trouve Stora Enso, à Corbehem, le géant mondial du papier ayant été contraint de fermer l'usine de Corbehem en 2014 ; la papeterie Arjowiggins, à Wizernes dans le Pas-de-Calais, en proie à des difficultés conjoncturelles depuis de nombreuses années ; le centre d'appels Call Expert, à Abbeville ; ainsi que Auchan, confronté à des performances en baisse de chiffre d'affaires, mais aussi France Télévisions suite à sa restructuration nationale.

Dans les données transmises sur les plans sociaux entre 200 et 300 salariés, on compte le transporteur Mory-Ducros, l'unité de fabrication Caterpillar Matériels Routiers, les unités de métallurgie Sambre et Meuse (fonderie de bogies, à Maubeuge), le site du sidérurgiste russe NLMK Coating à Beautor (Aisne), ou encore Roquette Frères, le 5e amidonnier mondial.

Bien sûr, ces données ne prennent en compte que certains de ces "plans de sauvegarde" de l'emploi (PSE), une partie -ou même l'ensemble- des personnes licenciées ont pu être réembauchées dans une nouvelle entreprise, lors de la reprise du site par exemple », conclut la direction du travail. Un PSE n'est donc pas obligatoirement synonyme de perte d'emploi. (Lire encadré ci-dessous)

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ENCADRÉ

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2016, bonne année pour l'emploi dans les Hauts-de-France (12.400 emplois nets créés)

« Les mouvements de main-d'œuvre les plus importants ne résultent pas des « gros PSE » mais de l'accumulation de licenciements économiques de moins de 10 salariés. Soit 7.460 salariés en 2016 et 8.430 en 2015 », note la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) des Hauts-de-France.

Les licenciements économiques ne constituent que 1% des « sorties de l'emploi salarié ». « Les départs en retraite représentent par exemple 3% des sorties, les démissions 7% et les fin de CDD 82% », poursuit la Direction du travail. Mais la situation est positive car, en 2016, 12.400 emplois supplémentaires ont été créés (chiffre qui correspond au différentiel entre toutes les entrées et toutes les sorties de l'emploi) compensant ainsi les « sorties d'emploi » en Hauts-de-France en 2016.

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Commentaires 7
à écrit le 20/05/2017 à 22:02
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Je reste dubitatif d'une telle diversité d'emplois et de chomage entre les régions. Est-ce l'héritage catholique comme en Bretagne et pays de la loire ou créer son entreprise est une chose banale qui ne vous rend pas différents sociologiquement et l...

à écrit le 19/05/2017 à 12:41
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la desindustrialisation de la france a marche forcee a commence en 2000+, apres application plein pot des 35 heures et decouragement systematique de tout investissement...... hollande n'est pas seul responsable.... mais force est de constater que gr...

le 21/05/2017 à 10:41
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Bien sur dans votre démonstration, pas de place pour la disparition de la taxe professionnelle, le crédit impôt recherche et le CICE...

à écrit le 19/05/2017 à 11:50
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"ainsi que Auchan, confronté à des performances en baisse de chiffre d'affaires" CICE : Auchan qui a récuperé 55 M€ au titre de l’année 2014 et sur l'année 2013: 38 M €.

à écrit le 19/05/2017 à 11:45
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Notre nouveau président a à juste titre précisé dans son discours de campagne à Arras que les fermetures d'usines étaient inévitables et que les reclassement et la formation des salariés licenciés seront sa priorité. On peut donc lui faire confiance.

à écrit le 19/05/2017 à 10:05
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Tout est expliqué dans la note n°6 du CAE. Il faut répartir les prélèvements sociaux, chomage et retraites, sur les entreprises et sur la consommation d'énergie des ménages, progressivement jusqu'à un point d'équilibre. Mais qui est capable de le com...

à écrit le 19/05/2017 à 8:44
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« Les départs en retraite représentent par exemple 3% des sorties, les démissions 7% et les fin de CDD 82% » Les CDD sont donc bel et bien générateurs de précarité mais ce qui est vraiment surprenant c'est 7% de démissions, avec tout le chômage d...

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