Crise du prêt-à-porter : à Lisieux, « la crainte de l’effet boule de neige »

Comme beaucoup de villes moyennes, la cité de sainte Thérèse souffre des déboires du prêt‐à‐porter.
Camaïeu est la troisième enseigne d’habillement que perd la ville.
Camaïeu est la troisième enseigne d’habillement que perd la ville. (Crédits : © LAURENT THEVENOT/LE PROGRES/MAXPPP)

Pantalon noir et veste bleue cintrée. Par ce matin frisquet de février, Sylvie rajuste son écharpe devant la vitrine vide du magasin Camaïeu de Lisieux, liquidé en septembre 2022. « La fermeture ne m'a pas traumatisée, confie-t-elle à La Tribune Dimanche, mais je trouve que ce rideau baissé fait désordre, à force. » Plus d'un an après, la boutique, située au cœur de ce que l'on appelle ici le « carré d'or », n'a toujours pas déniché de repreneur. « Si ça dure trop, le risque est que ça fasse boule de neige », se désole la passante. L'effet domino a néanmoins déjà commencé.

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Après Jennyfer et Superdry, Camaïeu est désormais la troisième enseigne d'habillement que perd le centre de la cité de sainte Thérèse. Elle ne sera pas la dernière. Depuis peu, une pancarte « liquidation » barre la façade de la boutique Burton, elle aussi promise à la fermeture.

Comme beaucoup de villes moyennes, Lisieux (20000 habitants) souffre des déboires du prêt-à-porter. Si le quartier commerçant compte quelque 300 boutiques en tous genres, ce rétrécissement de l'offre inquiète, y compris parmi ceux qui ne sont pas affiliés à des chaînes. « On a besoin de ces franchises qui possèdent une grosse force de frappe en matière de marketing et de déstockage pour entraîner tout le reste », pointe Frédéric Motté, gérant d'un magasin de vêtements, chaussures et accessoires.

Un programme Action cœur de ville

Manager commerce au service de la Ville, Julie Lesage partage l'analyse.

« C'est compliqué pour les ados depuis que Jennyfer est partie, concède-t-elle. Notre crainte est qu'ils emmènent toute leur famille faire leurs courses à Caen ou au Havre parce que Lisieux est trop petit pour attirer les franchises de type Bershka qu'ils plébiscitent. »

Compliqué aussi de retrouver des occupants après la fermeture de ces enseignes nationales, souvent grandement logées. « Elles occupent des cellules d'environ 200 mètres carrés là où la moyenne n'excède pas 60. Par conséquent, c'est plus difficile à louer. » Il aura ainsi fallu près de deux ans avant que l'emplacement de feu Jennyfer trouve preneur, et encore au prix d'une séparation de l'espace repris, l'un par la chaîne de parfums à petits prix Adopt, l'autre par un barbier.

Devant la menace, la nouvelle équipe municipale élue en 2020 et engagée depuis dans un programme Action cœur de ville ne reste pas sans réagir. Depuis plusieurs mois, le « carré d'or » est encombré de grues. L'hypercentre se refait une beauté avec d'élégantes voies pavées et des trottoirs élargis.

« Le parcours marchand a été agrandi », se félicite Sylvie Lesage. En complément, la mairie aide les commerçants à rafraîchir leurs façades à hauteur de 40 % de l'investissement. Quant à la « maison du commerce » installée depuis peu au cœur de la cité, elle accompagne les porteurs de projet, jusqu'à les mettre en relation avec des franchises et les aiguiller vers des dispositifs de soutien public. Reste la question des loyers, trop élevés aux yeux de beaucoup de gérants. « À Lisieux, cinq propriétaires possèdent tous les pas-de-porte et pratiquent des prix prohibitifs », peste un commerçant qui préfère rester anonyme. Mais sur ce levier, les élus ont peu de prise.

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Commentaire 1
à écrit le 18/02/2024 à 9:57
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Merci beaucoup pour cette photo qui tandis que l'on parle d'une vulgaire marque comem les autres on ne dit jamais qu'elles sont portées par de véritables humains derrière payés que dalle. Une photographie qui rend hommage au véritable travail ce qui ...

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