Stress hydrique : après Barcelone, l’Occitanie ?

Face au manque d’eau, l’état d’urgence décrété en Catalogne pourrait aussi un jour être appliqué dans la région de Toulouse. Le niveau de la Garonne est déjà très faible.
Le 13 décembre, dans les Pyrénées-Orientales, le lit de l’Agly, qui traverse Rivesaltes, était déjà à sec.
Le 13 décembre, dans les Pyrénées-Orientales, le lit de l’Agly, qui traverse Rivesaltes, était déjà à sec. (Crédits : Ed JONES / AFP)

La tension est au maximum de l'autre côté des Pyrénées. Le gouvernement local a déclaré l'état d'urgence sécheresse à Barcelone et ses alentours, confrontant dès lors les citoyens, les industriels et les agriculteurs à des restrictions. Face à la catastrophe, l'usage de l'eau est désormais rationné en Catalogne, depuis le jeudi 1er février. « C'est dramatique, ce qui arrive en Catalogne. Ils ont débloqué 2 milliards d'euros [notamment pour des usines de dessalement], mais ce n'est pas vertueux. À Toulouse, nous ne risquons pas la même chose », estime Robert Médina, le vice-président de Toulouse Métropole chargé de l'eau et de l'assainissement. Si l'élu local écarte tout risque de situation d'urgence dans la Ville rose comme le connaît sa grande sœur espagnole, il vient en revanche d'approuver une mesure symbolique.

Lire aussiClimat : la ville Barcelone placée en état d'urgence sécheresse... en plein hiver

L'été s'annonce compliqué

À compter de cette année 2024, l'eau sera facturée aux habitants de la métropole en fonction d'une tarification saisonnière. « La tarification sera 42 % plus forte du 1er juin au 31 octobre, quand le niveau de la Garonne est très bas, et 31 % moins importante du 1 er novembre au 31 mai. Nous avons effectué des tests sur des factures d'eau. Pour une famille de trois personnes, qui vit dans une maison avec jardin et piscine et qui ne fait pas d'efforts, cela représente une hausse de 84 euros à l'année. Le sujet n'est pas de devoir payer plus, il s'agit bien de faire un effort pour notre ressource en eau », insiste celui qui est aussi maire de la petite commune de Mondouzil (Haute-Garonne). La situation est de plus en plus préoccupante dans le Sud-Ouest, après des années 2022 et 2023 où la Garonne a atteint des niveaux très faibles sur sa période d'étiage (quand l'eau est au plus bas). « Actuellement, il nous manque un tiers d'eau par rapport à la même période de l'année. À Portet-sur-Garonne, le débit est de 95 mètres cubes par seconde, contre 165 habituellement », constate avec inquiétude Franck Solacroup, le directeur général du Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne (SMEAG). Et la période estivale qui se profile s'annonce plus compliquée que les deux précédentes.

« Un emballement climatique »

Le manque criant de neige dans le massif montagneux des Pyrénées risque de coûter cher, la neige alimentant au printemps la Garonne lors de sa fonte. Par ailleurs, malgré des niveaux de pluie corrects ces derniers mois dans la partie ouest de l'Occitanie, des retenues d'eau comme le lac de Montbel en Ariège ne sont remplies qu'à 30 %, tandis que les réserves d'eau souterraines ont « des niveaux qui sont justes dans la moyenne », de l'aveu même de Franck Solcacroup.

Ce que nous avions prévu pour 2040 voire 2050 se déroule maintenant

Jean-Michel Fabre, président du SMEAG

« Nous voyons bien que sur ces trois dernières années nous sommes dans un emballement climatique, et que ce que nous avions prévu pour 2040, voire 2050, se déroule maintenant. Ce qui se passe en Catalogne espagnole se passe aussi dans la Catalogne française, du côté des Pyrénées-Orientales, où la situation est préoccupante. Là-bas, la pluviométrie moyenne sur ces douze derniers mois est très inférieure à la normale », commente Jean-Michel Fabre, le vice-président du conseil départemental de Haute-Garonne chargé de la transition écologique, également président du SMEAG. La préfecture locale vient d'ailleurs de présenter un plan d'actions pour anticiper un été qui promet d'être rude. « Nous sommes aussi touchés en Occitanie, souligne l'élu local. La différence entre nous et la Catalogne, c'est que chez eux la période de sécheresse ne s'est pas arrêtée, tandis que chez nous cela se produit sur des périodes moins longues. Pour cet été, notre cellule d'alerte est déjà activée. » Jean-Michel Fabre a notamment entamé les discussions avec EDF pour négocier le lâchage de plusieurs millions de mètres cubes d'eau dans la Garonne en provenance des barrages hydroélectriques.

À plus long terme, des nouveaux projets de retenues d'eau devraient émerger en Occitanie, tandis que Jean-Michel Fabre milite pour un plan de protection des zones humides en Haute-Garonne. « Ce sont de véritables zones de stockage d'eau naturelles », selon lui. Le département en dénombrerait 5 000 hectares.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 04/02/2024 à 8:37
Signaler
"confrontant dès lors les citoyens, les industriels et les agriculteurs " Sachant que ces deux derniers doivent consommer plus de 90% de l'eau. "Si vous ne trouvez plus rien cherchez autre chose" Brigitte Fontaine

le 04/02/2024 à 13:30
Signaler
Il faut peut-être consommer du vin. :-) J'avais retenu, mais ne sais pas si c'est global, mondial, erroné, pour l'usage de l'eau 10% les particuliers, 20% les industries et 70% l'agriculture & élevages. A voir aussi, quand vous refroidissez une inst...

le 05/02/2024 à 7:49
Signaler
"Les bouteilles plastique neuves sont prélavées à l'eau de source avant d'être remplies" Ce qui ne leur empêche pas de nous vendre 240000 particules plastiques par litre d'eau.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.