« Il faut abattre le mur qui s’est érigé entre la collectivité et le monde de l’entreprise » Christian Estrosi

Conformément à sa promesse, Christian Estrosi aura abandonné son mandat de député le 31 mars. Il consacrera ainsi tout son temps à « son » territoire niçois et régional. L’ambition affichée par le nouveau président de Région : faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première « smart » région d’Europe.
"Plus aucun territoire ne doit se voir ostracisé"

LA TRIBUNE - Vous revendiquez la création de la première métropole de France. Quelle était la philosophie à l'époque ?

CHRISTIAN ESTROSI - Je savais que c'était l'avenir. Les autres territoires se voient imposer ce choix par la loi. Notre métropole a été prise en référence par la loi Lebranchu. La métropole, c'est le bon échelon territorial pour relever les défis économiques. C'est aussi de la solidarité organisée entre les territoires à l'échelle nationale, un outil de péréquation entre le littoral et la montagne.

Aujourd'hui, malgré un contexte national très dégradé, la métropole nous a permis de relever les défis de la compétitivité. Il a été difficile d'arracher à IBM la décision de rester à Nice plutôt que de partir pour Londres. Il n'y a que la force d'une métropole qui peut aider à mener cette bataille. Le ticket gagnant, c'est le duo métropole/Région.

Est-ce la façon pour les territoires d'avoir la fameuse taille « critique » visible à l'international ?

Ce n'est pas une question de taille critique. C'est le contenu qui compte. Une métropole qui n'aurait aucune université, aucun tissu industriel à valeur ajoutée ne présenterait pas beaucoup d'intérêt.

La métropole Nice-Côte d'Azur fait beaucoup reposer sa spécificité identitaire sur l'Éco-Vallée. D'aucuns trouvent que le projet n'avance pas assez vite ni assez concrètement.

Dès 2008, j'ai fait le pari de l'innovation, des nouvelles technologies et des éco-industries. L'Opération d'intérêt national Éco-Vallée est l'épine dorsale de cette ambition.  Avec la maquette du futur Ikea qui s'implantera en 2018, dévoilée lors du dernier Mipim qui s'est tenu à Cannes ; l'immeuble The Crown, livré l'été dernier, où EDF et IBM sont installés ; le futur bâtiment de l'Institut méditerranéen du risque de l'environnement et du développement durable, l'IMREDD, révélé mi-mars... sans oublier le chantier du Pont-rail, bientôt terminé, qui fait partie des travaux de la seconde ligne de tramway ouest-est, ou encore le Campus de l'apprentissage livré à la rentrée 2019... il est difficile de faire mieux !

Quels sont les prochains défis de la métropole Nice-Côte d'Azur ?

Notre défi est de positionner la métropole Nice-Côte d'Azur comme le territoire le plus innovant en Europe d'ici à 2030. Nice-Côte d'Azur a été classée 4e smart city mondiale par le cabinet américian Juniper Research. L'agence de développement économique Team Côte d'Azur a accompagné 41 décisions d'implantations. Un milliard d'euros d'investissement privé va être injecté dans le secteur de l'urbanisme commercial d'ici à 2020. Je rappelle que le territoire a obtenu la labellisation French Tech en juin dernier, qu'un autre label, Idex, signifie 580 millions d'euros d'investissement. Quant à étendre le périmètre de la métropole, ce n'est pas l'objectif. Et pourtant, nous sommes sollicités. Quoi qu'il en soit, le périmètre des grandes intercommunalités du département est figé par le Schéma départemental de coopération intercommunale. Mais nous travaillons avec les intercommunalités voisines sur des problématiques communes.

L'une des particularités de Paca est de posséder deux métropoles assez fortes. Comment pilote-t-on une région comme celle-ci ?

Notre Région dispose de deux métropoles officielles, Nice et Aix-Marseille, mais aussi d'une autre grande aire urbaine, Toulon-Provence-Méditerranée, qui contribue à l'équilibre territorial. C'est une chance inouïe pour notre territoire. Pendant la campagne des régionales, j'ai pris l'engagement de rétablir l'équité territoriale. Elle manquait à nos territoires et aux cinq millions de Provençaux, alpins et azuréens. Plus aucun territoire ne doit se voir ostracisé. En matière d'aménagement du territoire, c'est toujours l'intérêt général qui guide mes décisions. D'importants investissements seront consacrés aux métropoles et aux grandes aires urbaines mais les Alpes et la ruralité ne seront pas oubliées.

Quid des deux agences de développement économique ?

Il faut respecter les spécificités territoriales et être présent dans chacun des territoires. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue la nécessité de rationaliser l'action régionale pour gagner en visibilité et en efficacité. Nous avons besoin d'une grande agence de développement économique régionale qui soit identifiée et puissante. C'est pourquoi je veux concentrer mon action et nos moyens autour de l'ARII, l'Agence régionale pour l'attractivité et l'internationalisation des entreprises. Mais toutes les agences de développement économique ont vocation à se rapprocher et à travailler ensemble dans la même voie pour améliorer notre compétitivité.

Comment envisagez-vous votre rôle à la Région ?

Avant la loi NoTRE, la Région avait peu de possibilités. J'ai toujours dû me débrouiller ici par moi-même. Ce qui n'a pas été fait avant, je vais le faire aujourd'hui. Comme d'aller chercher du financement à Bruxelles. Lors de mon dernier déplacement à la Commission européenne, nous avons décroché 250 millions d'euros de fonds européens. Cela est important pour nos deux métropoles. Nous avons la chance d'avoir une carte postale exceptionnelle, ce qui nous donne des filières d'emploi dont les autres régions ne disposent pas. Le territoire qui nous relie de la montagne à la mer est un territoire d'innovation incroyable en matière de transition énergétique. Il y a des champs à investir en ressources naturelles.

Quels sont les trous dans la raquette de l'économie régionale ?

L'action de la Région doit permettre à notre économie de se moderniser et de se tourner vers l'avenir. Nous devons avoir une ambition économique digne de notre territoire. Il faut abattre le mur qui s'est érigé entre la collectivité et le monde de l'entreprise. Je veux faire de Paca la première smart région d'Europe. Avoir remporté l'appel à projets Flexgrid est une première étape vers cela. Flexgrid, ce sont 250 millions d'euros d'investissement. Les douze opérations d'intérêt régional que je veux lancer - dont six cette année - devront nous permettre de développer la recherche autour des filières d'avenir que sont le numérique, l'économie de la montagne, l'économie de la mer, l'industrie, la défense ou encore l'agriculture. La formation devra également se concentrer sur ces filières. Je veux que nous formions une main-d'œuvre adaptée aux besoins de l'économie. Et faire en sorte de mettre fin aux 25. 000 offres d'emploi non pourvues dans notre région.

Comment allez-vous travailler avec Jean-Claude Gaudin, en tant que président de la métropole Aix-Marseille ?

Jean-Claude Gaudin est un ami véritable. En politique, le mot amitié peut paraître relatif, mais notre amitié existe vraiment, comme l'amitié que je peux avoir avec Hubert Falco, [le président de Toulon-Provence-Méditerranée, NDLR]. Jean-Claude Gaudin et moi avons toujours travaillé main dans la main. Il m'a beaucoup appris lorsque j'étais son premier vice-président à la Région, de 1992 à 1998. Nous sommes complémentaires et avons la même exigence sur l'équité. Nous partageons beaucoup de valeurs. Nous nous voyons également régulièrement pour échanger sur les différents dossiers de nos territoires. Il faut faire d'Aix-Marseille-Provence une réussite et la Région doit y contribuer. Il est important que le président de la métropole Aix-Marseille-Provence et que le président de la Région se concertent et harmonisent leurs actions. C'est le cas.

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Commentaire 1
à écrit le 03/04/2016 à 12:46
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c est au pied du murs que l on voit le macon, ce macon connais son travail , mais il s est deja ugmente sont salaire et cumule encore plusieurs mandats, DONC BEAUCOUP DE PROMESSE ? MAIS ILS FERAS COMME LES AUTRES? C EST A DIRE RIEN D INPORTANT CONTR...

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