Pourquoi la "smart montagne", ça gagne !

Parce que Provence-Alpes-Côte d'Azur ce n'est pas que la mer et les palmiers, voici les stations de montagne encouragées à devenir smart. Tout un programme qui doit surtout faire boule de neige et accélérer le développement économique.
"La data permet, via des capteurs, de savoir par exemple quelles pistes sont les plus empruntées et d'affiner la connaissance du comportement du client. C'est un moyen de connaître les points où il est important de mener précisément des efforts d'investissement", explique Charles-Ange Ginésy, député-maire de Péone-Valberg, président de l'ANMSM.

Si certains tentent d'occuper le créneau de première smart région d'Europe, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, on se pose en leader avec, pour y parvenir, un atout, une richesse enfin regardée à sa juste valeur : la montagne. Une montagne qui gagne à être (re)connue tant elle possède (ce que l'on appelle dans le jargon) un potentiel de développement. Quelque peu oubliée jusqu'ici des stratégies, l'annonce d'un programme dédié, annonce faite par le président de la Région, Christian Estrosi, au printemps dernier, remet la montagne sous les feux des projecteurs et de l'attention. L'enveloppe de 100 millions d'euros promise sur 5 ans doit donner le coup d'accélérateur et les moyens financiers de mener une véritable politique de développement. Car, sans structuration, point de salut.

La Région a notamment défini des axes différents, mais tous complémentaires tant ils procèdent d'une logique. S'il faut rénover et renouveler les équipements existants destinés à la pratique du ski alpin et du ski nordique, il faut aussi encourager les équipements en neige de culture, mener en parallèle l'aménagement des coeurs de stations, favoriser la mobilité douce, renforcer le tourisme dit hivernal, le tout avec une bonne dose de rénovation du parc de logements touristiques et avec une sacrée couche de numérique pour rendre mature et moderne tout cela.

Versant loisirs

Est-ce pour autant que la montagne part de zéro ? Loin s'en faut. Depuis plusieurs années déjà, les nouvelles technologies ont pris le chemin des cimes enneigées pour apporter leur plus-value. Nombreuses sont les stations à avoir développé des services qui intègrent le numérique, s'adaptant à la demande client.

Il y a ainsi les vidéozones comme à Serre Chevalier qui retransmettent en direct sur écran géant le parcours des skieurs.

Filmés tout le long de leur descente ils peuvent, grâce au numéro de forfait, repartir avec la vidéo en souvenir et ensuite partager leurs exploits sur les réseaux sociaux. À Vars, les deux lignes de ski libre du snowpark sont équipées elles aussi de caméras qui se déclenchent lors du passage du skieur et qui produisent une vidéo disponible via les réseaux sociaux, tout comme à Valberg. Toujours à Vars, une application permet de calculer sa vitesse à ski, de donner rendez-vous à ses amis, de calculer le nombre de kilomètres parcourus et même de réaliser des challenges. À Serre Chevalier, une plate-forme communautaire, baptisée WeAreSerreCheAddict, permet pour toute arrivée via BlablaCar de bénéficier de réductions sur les forfaits.

L'expérience est poussée encore plus loin avec un remboursement offert aux ambassadeurs de ladite plateforme qui, avec un système de badge récompense, permet d'organiser des rencontres « CoGlisse » entre fans.

Remonter la pente économique

Même si bien sûr, le numérique s'est déjà glissé dans le modèle économique des stations et si, comme le dit Charles-Ange Ginésy (député-maire de Péone-Valberg dans les Alpes-Maritimes et président de l'Association nationale des mires de stations de montagne), « tout cela s'est imposé à nous par le comportement de l'usager », il y a sur le sujet une vraie problématique de développement économique. Les territoires de montagne représentent de réelles opportunités, avec des intérêts qui se croisent. Numériser, c'est permettre le fameux désenclavement. C'est donner les conditions pour que des compétences et des talents demeurent sur le territoire, voire pour donner envie à d'autres de venir y poser doudounes, compétences et après-ski. D'où l'importance du raccordement par la fibre, du très haut débit. Ce sont évidemment de nouveaux axes de croissance pour les entreprises. On imagine bien sûr, les startups trouver en montagne tous les applicatifs possibles et imaginables. Mais ce sont aussi et surtout pour les plus traditionnelles, notamment celles issues du BTP, des chantiers de rénovation ou d'embellissement à saisir. C'est pour l'agriculture, le commerce, et l'artisanat un axe de diversification. C'est bien cela la substantifique moelle de la smart montagne. Plus intelligente, donc plus compétitive, elle va permettre cet effet boule de neige qui rejaillira sur le positionnement novateur de toute la région. La smart montagne, ça ne peut que gagner. Et c'est même souhaitable.

Propos recueillis par L.B.

(*) Association Nationale des Maires de Stations de Montagne (ANMSM)

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Commentaires 2
à écrit le 26/12/2016 à 23:32
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"pour une montagne de demain qui respecte nos fondamentaux, précise Pierre Vollaire. La montagne doit être un territoire préservé." Je n'ai pas l'impression que Pierre Voltaire aie l'intention de préserver la montagne, mais plutôt d'en tirer le pl...

à écrit le 26/12/2016 à 8:34
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C'est du gadget et la neige de culture oblige à la création de bassin de rétention d'eau asséchant la prairie et dangereux pour la faune et la flore locale. Il faudrait plutôt refaire de nouvelles industries de mécanique de précision en installant de...

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