Côte d'Azur : soleil d’hiver à « Mandelieu-les-Mimosas »

Voisine de Cannes, cette station balnéaire pique la vedette à la Croisette jusqu’à fin février : Mandelieu-La Napoule - son vrai nom - abrite la plus grande forêt de mimosas d’Europe.
La forêt de mimosas ou le château de La Napoule (ci-contre) sont à découvrir.
La forêt de mimosas ou le château de La Napoule (ci-contre) sont à découvrir. (Crédits : © OT Mandelieu)

Ça y est, la colline est couverte de jaune sous le ciel gris de l'hiver. « La floraison a démarré avec un décalage de deux semaines mais voilà la saison bien lancée, jusqu'à fin février-début mars », se réjouit Cécile Reynaud, d'une famille de mimosistes depuis trois générations. Leur parcelle jouxte la plus grande forêt de mimosas d'Europe, déployée sur plusieurs dizaines d'hectares sur les flancs du massif du Tanneron, dans les Alpes-Maritimes. Chaque jour, des camions repartent chargés d'une flopée de bouquets de fleurs à livrer à travers tout le pays. Ils sont encore une dizaine d'exploitants toujours implantés autour de Mandelieu-La Napoule, capitale française du mimosa, contre 80 au début du XXe siècle.

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Soleil d'hiver

Cette station balnéaire vit à l'ombre de Cannes, distant d'à peine 10 kilomètres. Mais durant ces quelques semaines de floraison, les flocons dorés volent la vedette à la Croisette. On les hume en partant en randonnée au milieu des arbres couverts de grappes de pompons jaune vif, dans un décor de cinéma : la Méditerranée en contrebas, les sommets enneigés du Mercantour au nord-est, le massif rougeoyant de l'Esterel à l'ouest. On les goûte, travaillés de façon gourmande par des adresses locales, en tarte, glace ou macaron. Un arboretum permet de comparer les différentes espèces : rampant, pleureur, au parfum vanillé... « Sur plus de mille variétés, nous en comptons une centaine dont le Bon Accueil, créé ici dans les années 1920-1930 », décrit le responsable des lieux, Bernard Buttelli. Cet enfant du pays avait un grand-père vannier qui fabriquait les paniers dans lesquels étaient transportés les bouquets, avant l'arrivée du carton. La borne du kilomètre 108 de la route du Mimosa trône à l'entrée de l'arboretum : cet itinéraire de 130 kilomètres débute à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, et se termine dans les Alpes-Maritimes à Grasse, capitale du parfum, où sont capturées ces senteurs.

On hume ces pompons jaune vif en partant en randonnée, on les goûte travaillés en tarte, glace ou macaron...

Soleil d'hiver

Originaire d'Australie, le mimosa fut introduit en Europe par le capitaine Cook, navigateur britannique qui le rapporta dans ses cales à la fin du XVIIIe siècle. En 1864, des lords anglais en plantèrent dans les jardins de leurs villas construites sur la French Riviera. Le climat et le sol granitique se révélèrent une combinaison idéale, et la plante se propagea vite sous forme sauvage, en vastes bosquets. Tout en conservant son horloge biologique australe...

Et si nous suivions l'exemple de ces aristocrates qui migraient l'hiver, et non l'été, sur une Côte d'Azur moins bondée, aux tarifs plus abordables et à la lumière si douce ? En fin de semaine dernière, juste avant la vague de froid, quelques baigneurs piquaient une tête sous le soleil pendant que des enfants faisaient des pâtés de sable sur la plage... Plutôt que de plonger dans l'eau, on vogue sur les flots à la barre d'un petit bateau électrique, au fil de la Siagne, ce petit fleuve dont les rives servent de places de village à Mandelieu : même en janvier, les habitants y jouent aux boules ou traînent dans les guinguettes.

Soleil d'hiver

On flâne dans les ruelles du vieux village de pêcheurs de La Napoule. Charles Aznavour y posséda une maison face à la mer, juste à côté d'un château reconstruit dans le style médiéval en 1918 par un couple de riches américains artistes et mécènes, Henry et Marie Clews. Déjà mariés, tous deux divorcèrent pour vivre leur amour en plein jour et s'établirent dans cette demeure qu'ils surnommèrent « Once upon a Time », il était une fois. Les sculptures de Henry décorent les pièces à la façon d'un bestiaire fantastique, dont la salle à manger évoquant une nef d'église gothique. Ils sont enterrés dans l'une des tours, leurs tombeaux se faisant face.

Soleil d'hiver

Quelques décennies avant eux, un autre couple en exil avait jeté l'ancre sur ce rivage : le grand-duc Michel de Russie, petit-fils du tsar Nicolas Ier, et la comtesse Sophie, petite-fille de Pouchkine dont le rang était jugé indigne. Installés à Cannes où ils participèrent à la construction de l'église russe, ils firent de Mandelieu leur terrain de jeu. Le grand-duc y créa en 1891 le quatrième golf de France, entre de majestueux pins parasols. Il sollicita et obtint que la compagnie de chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée instaure une halte à la gare de La Napoule, permettant par la suite le commerce de la fleur coupée vers Paris. Et que l'on pourrait aujourd'hui rebaptiser Mandelieu-les-Mimosas...

LA FÊTE DU MIMOSA

Célébrée depuis 1931, la Fête du mimosa prend de l'ampleur cette année avec un corso plus étoffé, comprenant deux fois plus de chars fleuris. Elle représente l'un des trois grands rendez-vous hivernaux de la Côte d'Azur avec le carnaval de Nice et la Fête du citron de Menton, tous deux du 17 février au 3 mars.

Du 14 au 18 février. Rens. : mandelieu-tourisme.com

Carnet d'adresses

Chambre avec vue sur mer

Le Pullman a littéralement les pieds dans l'eau, face à la baie de Cannes et aux îles de Lérins. On choisit une chambre claire avec balcon tournée vers le large, à partir de 169 euros la nuit. 605, avenue du Généralde-Gaulle. Tél. : 04 92 97 70 00.

Balade secrète

À l'écart du circuit du Grand Duc aux airs de Disneyland en cette saison de floraison, l'office de tourisme propose une sortie accompagnée à travers le vallon de la Vernède depuis l'église de Capitou, l'ancien quartier des mimosistes (14 à 16 euros). On chemine entre les mimosas en fleur mais aussi les chênes-lièges, autrefois cultivés pour les bouchons, et les eucalyptus, dont les feuilles bleutées sont devenues tendance dans les bouquets. Église de Capitou. Tél. : 04 93 93 64 64.

Table sur l'eau

Sur le port de la Rague, planqué entre La Napoule et Théoule-sur-Mer, Le Repère porte bien son nom avec son ponton où l'on déjeune en terrasse en surplomb d'une eau cristalline. Menu déjeuner du chef Nicolas Decherchi à partir de 39 euros. Port de la Rague. Tél. : 04 93 47 07 95.

Glace au mimosa

Adoucie par une note de miel, cette glace au mimosa (boule à 3,50 euros) a été imaginée par Stella Trollier, ancienne footballeuse professionnelle devenue gérante du glacier Louise. Cette saveur est aussi déclinée en macaron et en bûche glacée, associée au yuzu. 278, avenue Henry-Clews. Tél. 06 58 27 49 52.

Sortie en bateau

De 11 heures au coucher du soleil, Sébastien Fascia met à disposition des petits bateaux électriques pour une boucle d'une heure sur la Siagne, sans permis, à une vitesse maximum de 3 nœuds, à partir de 48 euros l'embarcation pour cinq. Déconnexion assurée. Esplanade de la Pinéa. Tél. 06 81 77 50 00.

Dîner californien

Sur les bords de la Siagne, l'hôtel Casarose s'est inspiré du style Palm Springs pour sa déco en rose, bleu et, bien sûr, jaune mimosa. On y brunche, on y prend l'apéro ou on y dîne dans une ambiance chill, menu à 29 euros dont une raclette de saison. 780, avenue de la Mer. Tél. 04 93 49 11 66.

Bouquet

Possibilité de se faire livrer dans toute la France par l'office de tourisme (32 euros) ou La Colline des Mimosas (à partir de 18 euros). Tél. : 04 93 93 64 64 /04 93 42 21 52.

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2024 à 14:39
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La réalité est moins belle. Les forceries ont presque toutes disparues, la dernière fait les visites pour les touristes. Les producteurs de mimosa préfèrent l' eucalyptus, qui rapporte plus que le mimosa avec une saison très courte.

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