Aux Etats-Unis, Sprint ne veut plus faire cavalier seul

L’opérateur mobile américain, propriété du géant nippon Softbank, réfléchit une fois encore à fusionner avec son rival T-Mobile US, qui appartient à Deutsche Telekom. Et ce, alors qu’en parallèle, certains l’imaginent aussi fusionner avec le géant du câble Charter Communications.
Pierre Manière
Masayoshi Son, le patron de Softbank, maison-mère de Sprint.

Les signes ne trompent pas : Sprint trouve son costume de troisième opérateur mobile au pays de l'Oncle Sam trop étroit. Ces derniers mois, les rumeurs concernant des alliances et des fusions entre la filiale du géant nippon Softbank et d'autres cadors des télécoms sont allées bon train. Dernière en date : mardi dernier, selon CNBC, Sprint discuterait fusion avec son rival T-Mobile, numéro quatre du mobile aux Etats-Unis et propriété de Deutsche Telekom. Les deux industriels auraient eu des discussions concernant un mariage par échange de titres.

Ce vendredi, selon Reuters qui cite des sources proches du dossier, un accord sur les modalités provisoires d'une fusion pourrait bientôt voir le jour. Selon ces sources, Softbank détiendra entre 40% et 50% du nouvel ensemble, laissant ainsi la majorité du capital à Deutsche Telekom. Une fois l'accord provisoire conclu, les deux sociétés consulteront mutuellement leurs livres de comptes en vue de conclure la transaction d'ici la fin octobre, poursuivent-elles selon Reuters.

Un marché du mobile saturé

Cette nouvelle ne constitue pas une surprise : Masayoshi Son, le tout-puissant patron de Softbank, a régulièrement, ces dernières semaines, laissé entendre qu'il lorgnait toujours sur la filiale de Deutsche Telekom. Il y a trois ans, le milliardaire avait déjà tenté de mettre la main sur T-Mobile, mais il s'était heurté à la réticence des autorités de régulation, beaucoup plus fermes sous le règne d'Obama. Quoi qu'il en soit, une telle fusion permettrait à la nouvelle entité d'effectuer des grosses économies de coûts et de jouer davantage des coudes face aux géants Verizon et AT&T, sur un marché américain du mobile aussi difficile que saturé. Au total, elle disposerait de 130 millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires supérieur à 70 milliards de dollars.

Mais Sprint ne cherche pas seulement à grossir sur son seul marché. Des rumeurs, ces dernières semaines, sont allées crescendo quant à une possible fusion avec Charter Communications, qui n'est autre que le numéro deux américain du câble sur lequel lorgne aussi, au passage, le groupe Altice de Patrick Drahi. Fin juillet, Charter a balayé l'idée d'un mariage. « Nous comprenons en quoi un accord serait intéressant pour Softbank, mais Charter n'est pas intéressé par le rachat de Sprint », a lâché un porte-parole du câblo-opérateur. Mais selon plusieurs analystes, il n'est pas impossible que le groupe de Masayoshi Son, aux poches profondes, se lance quand même dans une OPA sur Charter Communications. Et ce, même si un gouffre sépare aujourd'hui les deux groupes. En effet, la capitalisation boursière de Charter flirte avec les 100 milliards de dollars, quand celle de Sprint n'avoisine « que » les 32 milliards.

La 5G en ligne de mire

Pour beaucoup d'observateurs, un tel mariage pourrait être gagnant-gagnant. Charter, en perte de vitesse face à la concurrence des spécialistes de la vidéo sur Internet comme Netflix et Amazon, cherche depuis des mois à se relancer en proposant aussi vite que possible des services mobiles à ses clients. Sur ce front, il mise d'ailleurs beaucoup sur un partenariat avec Verizon. Pour sa part, Sprint pourrait aussi également jouer la carte de la convergence entre les services mobiles et Internet fixe, très peu développée aux Etats-Unis, pour doper sa croissance. Mais l'opérateur de Masayoshi Son pourrait aussi profiter des infrastructures Internet fixe à très haut débit du câblo-opérateur, essentielles pour déployer la 5G, la prochaine génération de téléphonie mobile. Sur ce front, Sprint est d'ailleurs très actif : au mois de juin, l'opérateur était, selon le Wall Street Journal, déjà rentré en « négociations exclusives » avec Charter, ainsi qu'avec le champion américain du câble Comcast, pour avoir accès à leurs réseaux en échange d'offres mobiles...

Ces tentatives de rapprochements et de partenariats semblent confirmer que Sotfbank ne croît pas que Sprint puisse survivre tout seul dans la téléphonie mobile. Si Masayoshi Son n'arrive pas à faire changer son groupe de dimension, il n'est pas dit qu'il cherche à s'en séparer. En février dernier, le milliardaire aurait d'ailleurs, selon des rumeurs de presse, songé à vendre purement et simplement son bébé à T-Mobile US ! Tout va décidément très vite dans le monde des télécoms américaines.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 22/09/2017 à 19:30
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Etonnant qu'il n'y est pas encore de rumeur donnant Patrick Drahi acheteur!

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