Télécoms : aux Etats-Unis, Softbank songe à se séparer de Sprint

D’après des informations de presse, le géant japonais réfléchirait à vendre d’ici peu son opérateur aux Etats-Unis à son rival, T-Mobile US. Une fusion qui permettrait au nouvel ensemble de peser davantage face aux mastodontes du mobile AT&T et Verizon.
Pierre Manière
Masayoshi Son, le patron-investisseur de l'opérateur nippon Softbank.
Masayoshi Son, le patron-investisseur de l'opérateur nippon Softbank. (Crédits : Reuters)

Et si c'était l'une des raisons principales du lobbying de Masayoshi Son, le patron de Softbank, auprès de Donald Trump ? D'après des rumeurs de presse aux Etats-Unis, en fin de semaine dernière, le géant nippon des télécoms serait prêt à lâcher son bébé Sprint, troisième opérateur mobile du pays de l'Oncle Sam, à son concurrent T-Mobile US, numéro quatre sur ce marché et propriété de Deutsche Telekom. Concrètement, ce deal permettrait à la nouvelle entité de gagner en puissance vis-à-vis des deux leaders outre-Atlantique : AT&T et Verizon.

Là où la nouvelle de manque pas de sel, c'est que jusqu'à présent, beaucoup d'observateurs pariaient davantage... sur le scénario inverse ! Dans celui-ci, c'est Sprint qui s'offrait T-Mobile US. Et pour cause : il y a trois ans, Masayoshi Son avait échoué à mettre la main sur son rival face aux réticences des autorités de régulation. Au mois de février, comme le rapporte l'AFP, le grand patron était revenu sur cet échec :

« A l'origine, la tactique était de racheter aussi l'américain T-Mobile et de fusionner les deux, [mais] les autorités locales m'ont barré la route, a-t-il rappelé. J'en étais désespéré. Et puis je me suis dit, tant pis, on va redresser Sprint quand même, sans l'apport de T-Mobile. Et on est en train de réussir. »

Dans l'attente d'une « déréglementation »

Dans la foulée de l'élection de Donald Trump, Masayoshi Son s'est montré pour le moins attentionné envers le nouveau chef de file de la première puissance économique mondiale. En décembre dernier, il s'est rendu à New York pour le rencontrer. L'objectif officiel était double : d'une part, féliciter le successeur de Barack Obama pour « son nouveau travail ». Et d'autre part, annoncer que son groupe investirait 50 milliards de dollars dans l'économie du pays, et y créer quelques 50.000 emplois. De quoi combler son nouvel ami, qui a promis de redonner du travail aux Américains. En retour, « Masa », comme l'appelle familièrement le nouvel homme fort des Etats-Unis, a déclaré s'attendre à une vague de « déréglementation ».

Il n'en fallait pas plus aux analystes et journalistes pour en conclure que Softbank se voyait bénéficier des largesses de la nouvelle administration pour repartir, avec plus de succès, à l'assaut de T-Mobile US... Mais il semble aujourd'hui qu'il cherche davantage à sécuriser sa sortie. Pour l'heure, Softbank n'est pas officiellement entré en négociations avec Deutsche Telekom. De fait, des procédures d'enchères de fréquences - indispensables pour tous les opérateurs mobiles -, sont en cours. Et la réglementation actuelle interdit toute collusion pendant cette période, qui s'achèvera fin avril. D'après Reuters, qui cite des sources proches du dossier, les négociations devraient débuter à ce moment-là.

Un adepte des paris financiers

Jusqu'à présent, Masayoshi Son s'est montré plutôt insaisissable dans ses emplettes à travers le monde. En témoigne, par exemple, la surprise de beaucoup d'observateurs lorsque Softbank a racheté ARM, le spécialiste britannique des puces pour smartphones, pour 29 milliards d'euros l'été dernier.  A la tête de l'Idate, un think tank spécialisé dans les télécoms, Yves Gassot voyait dans cette manœuvre « un coup de poker, un investissement financier » :

« Il faut se rappeler que SoftBank a fait fortune en misant dans Microsoft et Yahoo! au Japon. Et ils ont aussi investi tôt dans Alibaba en Chine. Il est clair que Masayoshi Son a du flair pour identifier les bonnes entreprises... »

Et visiblement, le patron de Softbank a d'autres cibles dans le viseur. Ce qui expliquerait son rachat, la semaine dernière, du fonds américain alternatif Fortress. En attendant le lancement prochain de son fonds d'investissement de 100 milliards de dollars, entièrement dédié aux nouvelles technologies.

Pierre Manière

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