Cambridge Analytica : Zuckerberg au pied du mur

En plein scandale Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg est auditionné les 10 et 11 avril par le Congrès américain. Le Pdg et co-fondateur de Facebook devrait endosser une "erreur" personnelle quant à la fuite des données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook.
Anaïs Cherif
Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur de Facebook.
Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur de Facebook. (Crédits : Robert Galbraith)

Une première. Le patron de Facebook s'apprête à témoigner en personne devant le Congrès américain les 10 et 11 avril dans le cadre de l'affaire Cambridge Analytica. Mark Zuckerberg sera entendu ce jour lors d'une séance commune des commissions de la Justice et du Commerce du Sénat, avant d'être auditionné mercredi par la commission de l'Énergie et du Commerce de la Chambre des représentants.

Le milliardaire limite traditionnellement ses prises de paroles publiques. En novembre dernier, Facebook avait envoyé des cadres de l'entreprise lors de l'audition au Congrès sur le dossier de campagnes de propagandes russes durant la présidentielle américaine en 2016. Alors que la capitalisation boursière a fondu de plus de 100 milliards de dollars (82 milliards d'euros) au cours des dernières semaines, Mark Zuckerberg a jugé le scandale assez important pour se déplacer en personne.

Lire aussi : #DeleteFacebook : Zuckerberg admet un "problème de confiance"

Statista, Facebook, taux de confiance,

[Selon une enquête menée par la Commission européenne en février, 54 % des citoyens de l'Union européenne ne font pas confiance aux informations qu'ils reçoivent via les réseaux sociaux. (Graphique Statista*)]

"Nous n'avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités"

Il faut dire que l'affaire remet en cause le cœur du business-model du plus grand réseau social mondial : la collecte de données à des fins publicitaires, qu'elles soient commerciales ou politiques. En effet, le cabinet d'analyse Cambridge Analytica, au service de Donald Trump pendant sa campagne électorale et pour le mouvement "Leave.EU" lors du Brexit en 2016, a mis la main sur les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs Facebook, sans leur consentement direct. Un chiffre revu à la hausse le 4 avril par le plus grand réseau social au monde. Environ 87 millions de données personnelles auraient été dérobées.

Le patron de Facebook s'est entretenu le 9 avril avec des parlementaires américains, dont des élus qui siègent au sein des commissions chargées de l'auditionner. Mark Zuckerberg devrait dire qu'il a fait une "erreur" personnelle en ne faisant pas assez pour lutter contre les mauvais usages du réseau.

"Nous n'avons pas fait assez pour empêcher ces outils d'être utilisés de façon malintentionnée (...). Nous n'avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités et c'était une grosse erreur. C'était mon erreur et je suis désolé", a-t-il prévu de dire, selon le texte de son intervention transmis le 9 avril.

Mark Zuckerberg a aussi été sommé de s'expliquer à Londres et Bruxelles, mais il n'a pas donné suite. Dans une lettre du 26 mars, Facebook a fait savoir qu'il ne se rendrait pas en personne devant le parlement britannique. L'Union européenne a quant à elle réitéré sa demande le 6 avril dernier, à la suite de la publication des derniers chiffres : les données personnelles de 2,7 millions d'internautes vivant dans l'Union européenne auraient été siphonnées, selon un responsable de l'UE.

Facebook, embourbé dans les polémiques

Depuis 2016, Facebook s'embourbe dans les polémiques. Il a d'abord été accusé d'avoir favorisé la victoire de Donald Trump avec la création de "bulles idéologiques". Ce phénomène de filtre permet de voir les informations identifiées comme conformes aux idées de l'utilisateur. Celui-ci se retrouve ainsi "enfermé" dans un cercle de pensée, sans débat idéologique. Le réseau social est aussi critiqué pour la prolifération des fake news, ces fausses nouvelles virales popularisées lors du Brexit en 2016 et amplifiées lors de la présidentielle américaine. Un vrai casse-tête pour la plateforme, qui ne sait comment les modérer.

Il faut dire que le premier réseau social mondial est devenu gigantesque : il est utilisé par 2,13 milliards de personnes sur une population mondiale de 7 milliards. Une audience - et une responsabilité - que la plateforme n'avait pas anticipée en 2004, lors de sa création à Harvard en tant que simple trombinoscope universitaire.

Lire aussi : Facebook est-il devenu dangereux ?

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

(Avec agences)

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 10/04/2018 à 16:35
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Cambridge Analytica a piqué des données à Facebook... Et c'est la faute à Facebook? J'aime pas Zuck ni sa firme, mais c'est bien la première fois en ce bas monde qu'un "responsable pas coupable" est pointé du doigt. Il aurait mieux fait de ne ...

à écrit le 10/04/2018 à 11:51
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