Les "fake news", un caillou dans la chaussure de Facebook en 2018 ?

2017 a été l'année des records pour Facebook : meilleure fréquentation, meilleur chiffre d'affaires trimestriel de son histoire. Le réseau social a pourtant vu son image affecté par les fake news - un phénomène qui devrait le suivre à la trace en 2018.
Anaïs Cherif
Le réseau social Facebook revendique désormais 2,07 milliards d'utilisateurs actifs par mois dans le monde.
Le réseau social Facebook revendique désormais 2,07 milliards d'utilisateurs actifs par mois dans le monde. (Crédits : Dado Ruvic)

2017 aura été l'année où Facebook a franchi la barre des 2 milliards d'utilisateurs. Mais le réseau social a surtout été marqué par le fléau des fake news, ces fausses informations largement répandues depuis l'élection présidentielle américaine. Au cœur du débat, le statut même de Facebook est remis en cause : simple réseau social ou éditeur ?

"Facebook est un nouveau genre de plateforme. Ce n'est pas une entreprise technologique traditionnelle. Ce n'est pas un média traditionnel", affirmait Mark Zuckerberg, PDG et fondateur de Facebook, un mois après la victoire de Donald Trump. "On a construit une technologie et on se sent responsable de la façon dont elle est utilisée."

Bien que le géant américain ait multiplié depuis les initiatives pour lutter contre les fake news, ces dernières devraient être au cœur de l'année 2018 pour Facebook. En effet, la plupart des outils proposés misent sur la sensibilisation des utilisateurs et ne devraient portés leurs fruits qu'à long terme. Il faut dire que la gestion des fake news s'apparente à un exercice d'équilibriste : supprimer trop de publications pourrait être perçu comme une restriction de la liberté d'expression... Mais miser sur l'auto-régulation fait prendre le risque à Facebook de paraître laxiste. Si bien que le principal intéressé a reconnu son incapacité à gérer ce phénomène tout seul en avril dernier.

"Ce n'est pas un problème que nous pouvons résoudre seul"

"Nous pensons que la culture de l'information est une préoccupation mondiale. Il est important pour les gens d'être capable d'identifier des contenus trompeurs", déclarait au Daily Mail Campbell Brown, responsable de la section médias de Facebook. "Ce n'est pas un problème que nous pouvons résoudre seul."

Pour se faire épauler, le réseau social a lancé plusieurs collaborations au cours de l'année écoulée avec des médias dans le cadre du Facebook Journalism Project. Ainsi, après l'avoir testé aux États-Unis, le réseau social a développé en février dernier un outil de fact checking avec huit médias français lors du lancement, dont Le Monde, France Télévisions ou encore l'AFP. Si un utilisateur signale une information erronée et confirmée comme telle par deux médias partenaires après vérifications, la publication affichera alors un pictogramme mentionnant que l'information est fausse, dont l'objectif est de réduire sa circulation sur la plateforme.

Facebook avance à l'aveugle

En décembre dernier pourtant, le réseau social a jugé lui-même l'outil peu dissuasif. Il a donc procédé à son retrait au profit d'un encart de sensibilisation.

"La recherche académique sur la correction de la désinformation a montré que mettre une image forte, comme un drapeau rouge, à côté d'un article peut en fait ancrer des croyances profondément ancrées - l'effet inverse de ce que nous voulions", se justifie Facebook dans une note de blog.

L'entreprise de Mark Zuckerberg a aussi participé en avril à la création d'un fonds de 14 millions de dollars aux États-Unis, baptisé "News Integrity Initiative". Piloté par l'école news-yorkaise de journalisme The Cuny, le projet rassemble une vingtaine d'entreprises, d'universités et d'organisations à but non lucratives comme le moteur de recherches Mozilla ou encore l'UNESCO. Mais là aussi, Facebook avance à l'aveugle. Le programme, très flou, devrait servir à la "recherche appliquée et des projets".

Lire aussi : Facebook : derrière la communication, quelle efficacité contre les « fake news » ?

Vers une baisse de la rentabilité ?

Pour afficher ses ambitions, Facebook a profité de la publication de ses résultats trimestriels en novembre pour se dire "très sérieux quant [aux mesures à prendre] pour empêcher les usages abusifs de nos plateformes", a déclaré Mark Zuckerberg. Alors que le réseau social a affiché un chiffre d'affaires record pour le troisième trimestre, dépassant la barre des 10 milliards de dollars pour la première fois, le fondateur anticipait une baisse de rentabilité pour 2018. "J'ai demandé à nos équipes d'investir tellement dans la sécurité, en plus de tous nos autres investissements, que cela va affecter de façon importante notre rentabilité à venir", poursuivait Mark Zuckerberg.

En effet, les dépenses au troisième trimestre ont fortement augmenté, à 5,2 milliards (+34%). Cela s'explique notamment par un nombre record d'embauches, avec 2.500 nouvelles recrues. Et cette tendance devrait se poursuivre en 2018. Cette année sera "importante en termes d'investissements", a renchéri le directeur financier du groupe, Dave Wehner, qui prévoit une hausse des dépenses située entre 45 et 60% par rapport à 2017. En attendant, certains gouvernement européens n'entendent pas rester les bras croisés. En suivant l'exemple allemand, Emmanuel Macron a annoncé mercredi un projet de loi contre les fake news.

Lire aussi : "Fake news" : que font les pays étrangers pour les éradiquer ?

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 08/01/2018 à 10:50
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- Dès le 19/11/16, Obama avait rencontré Zuckerberg à Lima et l'avait averti du danger que représente les "fausses nouvelles" sur son réseau. Danger pour les Démocrates s'entend, et amplifié par l'histoire du Russiagate à qui le clan Clinton attribue...

à écrit le 05/01/2018 à 10:19
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"Fake News", ou quand nos médias de masse voudraient nous faire croire que les infos bidons ne proviennent que d'internet et que eux n'en ont jamais diffusé. La fabrique à opinion.

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