#DeleteFacebook : Zuckerberg admet un "problème de confiance"

Chute du cours de Bourse, campagne anti-Facebook... Le plus grand réseau social au monde est plongé dans la tourmente depuis ce week-end, avec la révélation du scandale Cambridge Analytica. Mark Zuckerberg, Pdg de Facebook, a attendu cinq jours pour sortir de son silence. Reconnaissant des "erreurs", il s'est dit "désolé"... mais, à aucun moment, n'a remis en cause le business model de son entreprise.
Anaïs Cherif
Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur du premier réseau social au monde (2,13 milliards d'utilisateurs), lors d'une conférence le 18 avril 2017 à San José (Californie).
Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur du premier réseau social au monde (2,13 milliards d'utilisateurs), lors d'une conférence le 18 avril 2017 à San José (Californie). (Crédits : Reuters/Stephen Lam)

Depuis cinq jours, il se faisait muet. Mark Zuckerberg, co-fondateur et Pdg de Facebook, vient de sortir de son silence après le scandale Cambridge Analytica, qui a éclaté samedi. L'affaire remet pourtant en cause le coeur du business model de Facebook : la collecte de données à des fins publicitaires, qu'elles soient commerciales ou politiques.

En effet, le cabinet d'analyse Cambridge Analytica, au service de Donald Trump pendant sa campagne électorale en 2016, a mis la main sur les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs Facebook, sans leur consentement direct. Les informations auraient été obtenues par le biais d'une application créée en 2013 par l'universitaire américain Aleksandr Kogan.

| Lire aussi : Ce qu'il faut savoir sur l'affaire Cambridge Analytica

"Je suis vraiment désolé. Notre responsabilité est de faire en sorte que cela ne se reproduise plus", a assuré à CNN  Mark Zuckerberg mercredi soir, avant d'admettre la "plus grande erreur que nous n'ayons jamais commise".

Facebook dit vouloir avertir les 50 millions de personnes dont les données ont été partagées sans leur consentement.

Une brèche réformée en 2014

Le jeune milliardaire a également pris la parole sur sa propre page Facebook :

"Nous avons la responsabilité de protéger vos données et, si nous ne pouvons pas le faire, nous ne méritons pas de vous servir."

Il revient surtout sur la brèche offerte par Facebook aux développeurs pour allègrement collecter les données personnelles de ses utilisateurs. L'application créée par Kogan a été téléchargée environ 300.000 fois, selon Facebook. Les utilisateurs consentaient alors au partage de leurs données (nom, prénom, ville d'origine, centres d'intérêt...) mais aussi au partage des données de leurs amis. Une brèche réformée par Facebook en 2014.

"Pour éviter les applications abusives, nous avons changé de façon drastique les accès aux données (...) Les applications comme celles de Kogan ne pouvaient plus demander des données sur les amis d'une personne - à moins que leurs amis aient également autorisé l'application", détaille Mark Zuckerberg.

Facebook était au courant depuis 2015 du transfert des données entre l'universitaire et le cabinet d'analyse Cambridge Analytica. Le fleuron de la Silicon Valley assure avoir demandé "la suppression des données" - ce que Kogan aurait certifié.

"Notre modèle publicitaire ne va pas changer"

Facebook a annoncé d'autres mesures pour tenter d'endiguer la fuite des données :

  • réaliser un audit des applications potentiellement litigieuses;
  • l'accès aux données sera bloqué pour les développeurs si l'application n'a pas été utilisée depuis 3 mois;
  • les données pouvant être collectées se limiteront au nom, photo de profil et adresse mail.

Pour autant, Mark Zuckerberg n'envisage aucune remise en cause du business model de son entreprise.

"Ce qui est vraiment important dans notre modèle publicitaire, c'est d'avoir une publicité harmonieuse avec (...) notre mission de bâtir une communauté mondiale", assure au New York Times l'homme d'affaires.

Ce qui implique, selon lui, une gratuité des services.

"Je ne pense pas que notre modèle publicitaire va changer parce qu'il est fondamentalement important d'avoir un service (comme le nôtre) auquel tout le monde puisse accéder. Et la seule façon de le faire, c'est d'être très bon marché ou gratuit", conclu Mark Zuckerberg.

#DeleteFacebook

Depuis 2016, et la prolifération des fake news, Facebook s'embourbe dans les polémiques. Il faut dire que le premier réseau social mondial est devenu gigantesque : il est utilisé par 2,13 milliards de personnes sur une population mondiale de 7 milliards. Une audience - et une responsabilité - que la plateforme n'avait pas anticipée en 2004, lors de sa création à Harvard en tant que simple trombinoscope universitaire.

Face à la polémique Cambridge Analytica, des plaintes et des recours collectifs ont été déposés aux Etats-Unis. Une campagne #DeleteFacebook ("Supprime Facebook", en français) a fait son apparition sur Internet. Même Brian Acton, cofondateur de la messagerie WhatsApp rachetée en 2014 par Facebook, a appelé à quitter le réseau social :

"Il est temps. #supprimefacebook", estime-t-il sur Twitter, faisant par la même occasion la pub de sa nouvelle entreprise, Signal, une application de messagerie rivale de WhatsApp. Pourtant, Mark Zuckerberg reste confiant face à ce boycott :

"Je ne pense pas que nous verrons un nombre significatif de personnes le faire, mais, vous savez, ce n'est pas bon", affirme-t-il au NYT. Et de conclure : "Je pense que c'est un signal clair qu'il y a un problème de confiance majeur pour les utilisateurs."

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 23/03/2018 à 17:24
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Pourquoi échanger en ligne avec des gens que l'on ne connaît pas et qui échangent au fond très peu? Je préfère m'occuper de mon prochain.

à écrit le 22/03/2018 à 18:04
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"à l'insu de son plein gré..."

à écrit le 22/03/2018 à 14:19
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Ah si les médias européens pouvaient être aussi intransigeants sur les magouilles des multinationales et actionnaires milliardaires européens que sur les erreurs volontaires ou non des GAFA, nous ne serions certainement pas actuellement au bord du ch...

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