Fin de la neutralité du Net : le régulateur américain droit dans ses bottes

Lors du Mobile World Congress de Barcelone, le président de la Commission fédérale des communications (FCC), Ajit Pai, a jugé que sa décision d'en finir avec le principe de neutralité du Net allait permettre de doper les investissements dans les télécoms.
Pierre Manière
Nommé par Donald Trump dans la foulée de son arrivée à la Maison Blanche, Ajit Pai est le chef de file de la Commission fédérale des communications (FCC).
Nommé par Donald Trump dans la foulée de son arrivée à la Maison Blanche, Ajit Pai est le chef de file de la Commission fédérale des communications (FCC). (Crédits : Reuters/Yuri Gripas)

C'est peu dire qu'il était attendu. Après avoir annulé sa venue au Consumer Electronics Show de Las Vegas début janvier, Ajit Pai, le président de la Commission fédérale des communications (FCC) était un des invités de marque du Mobile World Congress de Barcelone, qui a débuté lundi. Au pays de l'Oncle Sam, c'est lui, le chef de file du régulateur américain des télécoms, qui a décidé sous l'impulsion de Donald Trump, d'abroger récemment la neutralité du Net. Ainsi le 23 avril prochain, ce principe mis en place sous l'ère Obama pour sacraliser la non-discrimination des contenus sur la Toile, doit disparaître aux Etats-Unis. Au grand dam de ses défenseurs, nombreux, qui craignent que les opérateurs télécoms n'en profitent pour mettre en place un "Internet à plusieurs vitesses" à leur profit. Comment? En discriminant, par exemple, certains services et contenus gourmands en bande passante pour les offres les moins chères.

Dans une interview à CNBC, ce mardi à Barcelone, Ajit Pai est resté droit dans ses bottes. Il a estimé, en somme, que le choix de mettre fin à la neutralité du Net ne constituait tout au plus qu'un allégement de la régulation. "Certains nous ont dit que nous devions garder la régulation actuelle et sévère mise en place dans les années 1930, a-t-il indiqué. D'autres voulaient effacer l'ardoise et n'être contraint par aucune règle." Ainsi, estime-t-il, "nous avons choisi une voie médiane".

Pai juge sa régulation pro-investissement

Pourquoi? Parce qu'à ses yeux, la fin de la neutralité du Net est essentielle pour favoriser l'investissement dans les réseaux. Et en particulier dans la 5G, la prochaine génération de communication mobile - dont il espère que les Etats-Unis en seront les leaders mondiaux.

Aux Etats-Unis, ses mots vont à n'en point douter susciter à nouveau l'ire des défenseurs de la neutralité du Net. A contrario, ils ont déjà été salués par un grand nombre d'industriels des télécoms rassemblés au Mobile World Congress. Depuis longtemps, les grands opérateurs européens tirent à boulets rouges sur ce principe de neutralité du Net, adopté par l'UE en août 2016, et qui, selon eux, constitue un frein à leur développement.

Lobbying d'Orange contre la neutralité du Net

C'est par exemple la posture de Stéphane Richard, le PDG d'Orange. "Certains usages futurs de l'Internet - je pense notamment à l'Internet des objets ou à la voiture autonome - vont nécessiter des Internets particuliers en termes de latence et de vitesse, a affirmé le patron sur BFM-TV mi-dévembre. Il faudra alors qu'on soit capable de proposer des Internets avec des fonctionnalités et des puissances différentes. Ou en clair, des Internets avec des qualités de service différentes."

Pierre Manière

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Commentaires 9
à écrit le 01/03/2018 à 17:48
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Internet est un outil américain et c'est eux qui sont aux commandes...Dans ce domaine, comme dans d'autres, il y a t-il une Europe dans la salle?

à écrit le 01/03/2018 à 10:49
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Le droit à la déconnection et le droit à des pays zones blanches est le «  principe » de base de la liberté et la démocratie. Personne n’a droit d’imposer la connection si des populations ne le veulent pas sur une zone Le monde appartient à tou...

à écrit le 28/02/2018 à 20:54
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Combien de % de personnes utilisent ( ou ont les moyens) les objets connectés ? En France ? Et dans le monde ? Est ce que ça nécessite un passage rapide à la 5G ? Est ce que les coûts pour les operateurs ne seront pas plus importants que la rentab...

le 01/03/2018 à 7:17
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Il faut anticiper un minimum les choses et ne pas attendre que cela nous tombe dessus sans aucune préparation. Celui qui ne met pas les pneus d'hiver ne doit pas pleurer s'il reste bloqué sur la route. C'est un peu la même chose. Je sais que c'est ...

le 01/03/2018 à 17:06
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Reponse à mister operateur anticipation ... en France tout est «  imposé » rien n’est préparé ça s’appelle le «  pouvoir des gens d’inffluence » C’est a ces «  gens » d’anticiper dorénavent , et non aux populations.., Ne venez pas pleurer...

à écrit le 28/02/2018 à 9:16
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".....qui craignent que les opérateurs télécoms n'en profitent pour mettre en place un "Internet à plusieurs vitesses" à leur profit." ! "...Craignent " n'est pas le mot juste : "...sont sûrs que " serait plus adapté !!!

à écrit le 28/02/2018 à 8:44
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"Ajit Pai, a jugé que sa décision d'en finir avec le principe de neutralité du Net allait permettre de doper les investissements dans les télécoms." Raisonnement qui se tient, il faudrait savoir si nous voulons du libéralisme économique ou pas mai...

le 01/03/2018 à 11:52
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A ce jour, rien n'indique que le rejet de la neutralité du net à eu un impact quelconque en terme d'investissement. D'ailleurs, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit récemment : - Ajit Pai parle d'investissement "récent" suite au rejet de la neu...

le 01/03/2018 à 13:01
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C'est une mesure récente dont il convient d'attendre encore afin de vraiment en faire un bilan mais il serait temps que les multinationales de la communication assument leurs responsabilités et payent enfin les infrastructures dont elles récupèrent l...

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