Signature électronique : Yousign se donne les moyens d'attaquer les géants américains

Chantre de la souveraineté numérique et étoile montante de la signature électronique, la société caennaise lève 30 millions d’euros pour challenger les américains Docusign et Adobe sur le marché européen des TPE/PME.
Yousign, pépite française de la signature électronique, a connu une croissance de 200% en 2020 à la faveur de la pandémie.
Yousign, pépite française de la signature électronique, a connu une croissance de 200% en 2020 à la faveur de la pandémie. (Crédits : DR)

La distanciation sociale n'a pas fait que remplir les salles d'attente des psychothérapeutes. Elle a aussi galvanisé Yousign, pépite française de la signature électronique comme son nom ne l'indique pas. Créée à Caen en 2013 par deux jeunes ingénieurs, la startup normande a connu une poussée de fièvre, à la faveur des confinements successifs. Qu'on en juge.

En l'espace de dix-huit mois, son portefeuille a bondi de 1.500 à 6.500 clients et ses effectifs de 35 à 120 personnes. Contraints au « distanciel », de nombreux secteurs, l'immobilier en tête, ont trouvé une solution de secours dans la dématérialisation des contrats. « Le notariat par exemple, avec qui nous ne travaillions pas du tout en 2019, a commencé à recourir à nos services », se félicite Luc Palladivino, CEO et co-fondateur de Yousign.

Un bonheur n'arrivant jamais seul, Yousign vient de boucler une levée de fonds de série A de 30 millions d'euros auprès de plusieurs investisseurs dont Lead Edge Capital, actionnaire historique de Blablacar. Ce nouveau tour de financement devrait lui permettre de recruter 150 salariés supplémentaires d'ici fin 2022. Objectif : aller mordre les mollets des cadors mondiaux que sont Docusign et Adobe. Pas question cependant de les taquiner sur le marché des grands comptes où il lui serait difficile de rivaliser.

 « Tout le CAC 40 utilise des solutions américaines, nous préférons concentrer nos efforts sur le marché très mal adressé des petites entreprises européennes avec des outils simples et ergonomiques qui nécessitent peu d'investissements » détaille son CEO.

La souveraineté en bandoulière

Son ambition ? Equiper 50.000 TPE et PME d'ici 2024 sur le vieux continent et atteindre, ainsi, un revenu récurrent « d'au moins 70 millions d'euros annuel ». Pour Brian Neider, partner chez Lead Edge Capital, la fenêtre de tir est bien choisie « Il y a actuellement de nombreux facteurs favorables au marché de la signature électronique » constate t-il. Selon les projections, le marché devrait en effet connaître une croissance de 25% par an dans les neuf prochaines années.

Pour s'imposer comme un acteur de référence en Europe, le Français - qui est déjà présent en Italie et en Allemagne - entend mettre l'accent sur le caractère souverain de sa solution, supportée par une infrastructure cloud certifiée 100% bleu, blanc, rouge. « C'est un argument qui laisse indifférents la plupart des grands groupes mais auquel les PME sont de plus sensibles », observe son président.

Le plus difficile pour Yousign sera, sans doute, d'évangéliser les institutions, dont certaines restent méfiantes bien que l'entreprise soit reconnue Tiers de confiance et Autorité de certification par les niveaux français et européen.

« Je connais des administrations qui refusent la signature électronique alors qu'elles acceptent une signature scannée sans aucune valeur légale, se désole Luc Palladivino. Pourtant que vaut un petit dessin en bas d'une page face aux multiples couches de sécurité qu'offre la version digitale ? ».

Bonne question qui pourrait empêcher de dormir les héritiers du baron Bich.

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