Grèves chez SFR : grosse brouille entre les syndicats

Sur fond de rancœur liée à des positions divergentes, les syndicats de l’opérateur au carré rouge n’arrivent pas à faire front commun contre les restructurations voulues par la direction.
Pierre Manière
L'opposition de certains syndicats liée à la signature d'un accord sur un plan de départs volontaires a mis le feu aux poudres.

La situation s'est muée en un sacré capharnaüm. Depuis que SFR a annoncé un remède de cheval visant à réduire drastiquement ses coûts et ses effectifs, les syndicats galèrent - c'est peu dire - à faire front commun. Mercredi 5 octobre, la CGT a lancé un appel à la grève prévu ce jeudi. Mais l'organisation syndicale pourrait bien se retrouver toute seule, puisque la CFE-CGC n'est pas encore sûre d'y participer. De leur côté, la CFDT et l'Unsa ont déjà dit « non », préférant organiser ce mardi leur propre « débrayage », c'est-à-dire un arrêt court du travail pour marquer leur opposition à la direction. Deux mouvements isolés à deux jours d'intervalle: voilà qui illustre les difficultés des syndicats à faire front commun, sur fond de brouilles et de désaccords entre leurs chefs de file.

Pour comprendre ces bisbilles, il faut remonter à cet été. Après que Patrick Drahi, patron d'Altice et maison-mère de SFR, ait claironné que l'opérateur au carré rouge « était en sureffectif », un accord est signé avec les syndicats. Baptisé New Deal, celui-ci fixe les modalités d'un plan de 5.000 départs volontaires. Dans le détail, la CFDT et l'Unsa, majoritaires, le ratifient. Alors que la CGT et la CFE-CGC s'y opposent, et commencent à se mobiliser contre cet important dégraissage qui concerne un tiers des effectifs de l'opérateur. Dès lors, c'est le début d'une défiance entre les syndicats qui ont dit « oui », et ceux qui ont dit « non ». Pour justifier son paraphe au bas de l'accord, Sabine Quiévreux, déléguée centrale CFDT, s'explique : « On a préféré un PDV [Plan de départs volontaires] maintenant pour éviter un PSE en juin 2017. » Dans un tract juste après la signature, la CGT, elle, y voit un « chèque en blanc » aux dirigeants de SFR. « Il est certain que la direction et les OS [les organisation syndicales CFDT et Unsa] ne peuvent que se féliciter d'avoir 'négocié' pour nous, en plein mois d'août, un super New Deal », ironisent ses responsables.

Chacun se mobilise dans son coin

Or, de nouvelles inquiétudes sont apparues. Celles-ci concernent les contours de la « refonte de l'organisation » voulue par la direction. A côté du PDV, les syndicats redoutent notamment un projet d'« externalisation » de 2.000 postes du service clients vers Intelsia, un spécialiste franco-marocain des centres d'appels qu'Altice est en train de racheter. Concrètement, tous les représentants du personnel jugent que la manœuvre pourrait n'avoir pour objectif que de réduire davantage les coûts, en rognant les avantages dont les salariés bénéficient chez SFR.

Seulement voilà, au lieu de capitaliser sur ce ras-le-bol partagé pour unir leurs forces, les syndicats peinent à œuvrer conjointement, toujours minés par leurs querelles de clochers. Résultat, le 6 septembre dernier, un rassemblement organisé par la seule CGT devant le siège de SFR à Saint-Denis a rassemblé moins d'une centaine de personne.

Et dans ce contexte, il y a fort à parier que les deux grèves prévues cette semaine, celle du tandem CFDT-Unsa aujourd'hui, et celle de la CGT jeudi, subissent le même sort. Déplorant cette situation, Sabine Quiévreux, de la CFDT, assure que c'est la CGT qui a joué les girouettes. « En début de semaine dernière, on est tombé d'accord avec eux pour une mobilisation le 11 octobre [aujourd'hui]. Mais après consultation de leurs adhérents, ils ont dit non, préférant faire grève le 13 [jeudi] », explique-t-elle. Contacté par La Tribune, la CGT n'était pas joignable ce mardi. Quoi qu'il en soit, les dissensions sont toujours palpables. « Ceux qui n'ont pas signé le New Deal [l'accord portant sur le PDV] crient haro sur ceux qui l'ont signé, concède Xavier Courtillat », délégué CFDT. « On prend des coups et un jeu de dupe s'est mis en place », ajoute Sabine Quiévreux, qui regrette une situation « contre-productive » laquelle, in fine, « profite à la direction ».

Pis, la CGT et la CFE-CGC, pourtant unies dans le refus du PDV, peinent aussi à s'accorder. Lors du rassemblement de début septembre de la CGT, la CFE-CGC ne s'est pas mobilisée. Sana Iffach, sa déléguée, jugeait notamment que « ce n'était pas le bon moment » pour réunir ses troupes, qui souhaitaient en savoir davantage sur les services concernés par le plan de départs. De son côté, elle mise sur une plainte au pénal pour mettre des bâtons dans la roue de la direction, l'accusant de n'avoir pas respecté ses engagements concernant le maintien de l'emploi lors du rachat de l'opérateur par Numericable. Concernant la CFDT et l'Unsa, la déléguée ne mâche pas ses mots : « Comme ils ont signé l'accord New Deal, ça les embête de lancer des actions avec nous. Ce serait une manière de désavouer leur prise de position. » Ambiance...

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 12/10/2016 à 10:03
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Si le journaliste avait pris la peine de se déplacer il saurait que: 1) des AG de salariés auxquelles tous les syndicats sont présents se tiennent sur différents sites de SFR. 2) les salariés ont décidés de l'action du 11 octobre et non un syndicat...

à écrit le 11/10/2016 à 19:43
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FAUX LA CGT était là!!!!!!!!!!!!!!!

le 11/10/2016 à 20:26
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Oui la CGT est toujours la pour mettre la zizanie ... La véritable organisation syndicale a faire " cavalier seul " face au patronat et aux autres organisations syndicales . La CGT est a vomir ...

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