SFR : jusqu’où iront les restructurations ?

Dans la foulée de la présentation du plan de relance de SFR par la direction, la semaine dernière, les salariés s’inquiètent de possibles "externalisations" concernant, notamment, le service clients.
Pierre Manière
Michel Paulin, le DG de SFR (à gauche) et Michel Combes, PDG de SFR et DG d'Altice.

Ils sont sur le qui-vive. Depuis l'annonce, cet été de la suppression de 5.000 postes sur 15.000 dans le cadre d'un plan de départs volontaires, les salariés de SFR s'interrogent. Non seulement ils attendent encore d'en savoir davantage sur les services qui seront concernés. Mais en plus, ils s'inquiètent des conséquences de certains rachats d'Altice, la maison-mère de l'opérateur et propriété de Patrick Drahi, sur les conditions de travail de certains métiers.

Jeudi dernier, Michel Paulin, le directeur général de SFR, a rencontré les organisations syndicales lors d'un comité de groupe. A cette occasion, il a détaillé le plan de relance de l'opérateur dont la situation, marquée par des fuites massives d'abonnés depuis plus d'un an, est préoccupante. Dans un document que La Tribune s'est procuré, SFR confirme que la stratégie de la convergence entre les télécoms et les médias est bien sa priorité :

"Le déploiement de la convergence télécoms-contenus est un des pivots de la stratégie de SFR Group, lui permettant de se différencier de ses concurrents, d'améliorer la conquête et la fidélisation, et globalement de relancer la création de valeur au niveau du secteur d'activité des télécoms", lit-on.

"Réduire les dépenses d'exploitation"

Pour mener à bien cette stratégie - et après, entre autre, avoir racheté les droits de la Premier League -, l'opérateur confirme qu'il songe encore mettre la main au portefeuille pour étoffer ses contenus :

"SFR Group envisage de maintenir sa politique d'investissements élevés sur les contenus, au gré des opportunités présentes sur le marché", souligne le document.

En parallèle, SFR mise sur un renforcement de sa politique d'investissements dans les réseaux fixes et mobiles, à hauteur d'environ "deux milliards d'euros par an sur la période 2017-2019".

Outre ces précisions, censées lever les doutes sur le « projet industriel » de Patrick Drahi pour SFR, le document justifie surtout le second impératif de sa stratégie de relance, à savoir la réduction des coûts via, notamment, le plan de restructuration initié cet été. Dans le document, SFR n'en fait pas mystère : outre les investissements, il lui faut "[réduire] les dépenses d'exploitation" dans la branche télécoms, où l'on retrouve notamment les frais de personnels.

"Refonte de l'organisation"

Outre la baisse des coûts liés ces dernières années aux dépenses administratives, à la maintenance du réseau ou dans le marketing, SFR précise que sur la période 2014-2016, "les coûts associés aux frais de personnel ont baissé de plus de 17%", passant de 665 millions d'euros au premier trimestre 2014 à 554 millions d'euros au premier trimestre 2016. "C'est au prix de ces économies que le secteur d'activité télécoms a pu sauvegarder son EBITDA, qui se maintient à 1,8 milliard d'euros en 2016", insiste le document. Avant de justifier, indirectement, les coupes d'effectifs : "A ce stade et considérant tous les efforts qui ont été faits, toute réduction additionnelle et significative implique une refonte en profondeur de l'organisation".

Problème : les salariés du groupe se demandent toujours quels seront les vrais contours de cette "refonte de l'organisation". A côté du plan de départs volontaires, les syndicats s'inquiètent d'un projet d'"externalisation" de 2.000 postes du service clients vers Intelsia, un spécialiste franco-marocain des centres d'appels, qu'Altice est en train de racheter. Concrètement, les représentants du personnel jugent que la manœuvre pourrait n'avoir pour objectif que de réduire davantage les coûts, en rognant les avantages dont les salariés bénéficient chez SFR. "Malheureusement, le scénario ressemble aux 1.900 de 2007", s'étrangle Sana Iffach, déléguée CFE-CGC, en référence au très douloureux transfert de salariés de l'opérateur au groupe de relation clients Téléperformance.

"Rationalisation immobilière"

Outre ce projet, Sana Iffach s'inquiète des conséquences des déménagements de plusieurs sites dans le cadre de la "rationalisation immobilière" engagée par le groupe. Parmi eux, il y a notamment le projet de déménagement du siège de SFR, actuellement à Saint-Denis. "Un projet d'emménagement de SFR à place Balard pourrait être envisagé à horizon 2018", lit-on dans le document présenté au comité de groupe.

Des inquiétudes que Michel Paulin a balayées ce lundi dans Les Echos. "La réduction des coûts n'est pas tout", affirme-t-il. Concernant le projet d'externalisation du service clients vers Intelsia, il juge "légitime d'examiner dans quelle mesure on peut optimiser, rationaliser et améliorer [le] service clients". Avant d'arguer, au passage, qu'il ne s'agirait en aucun cas d'une "externalisation", lui préférant, à "l'inverse", le qualificatif d'"internalisation" dans la mesure où Intelsia deviendrait une filiale d'Altice, au même titre que SFR. "On parlerait donc du même groupe", dit-il. Pas de quoi lever, au contraire, les inquiétudes des salariés.

Pierre Manière

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Commentaires 6
à écrit le 26/09/2016 à 14:44
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je pense q'ils se trompent pou mon cas ,j'ai eu 3 augmentations dans un an !!!!!! les contenus qu'ils ajoutent je m'en moque et comme ils n'ont pas tenu compte de mon courrier ,comme un million d 'autres clients je vais aller vers un autre o...

le 27/09/2016 à 15:18
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C'est ce que j'ai fait personnellement ! : passer à la concurrence. Mais il faut vraiment le faire : les frapper au porte-monnaie, là où ça fait mal ... Ils ne méritent que ça ! C'est dommage pour le personnel qui va en faire les frais (comme dans ...

à écrit le 26/09/2016 à 14:36
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ca ira jusqu'a ce qu'ils aient une structure de cout qui permette des forfaits en tt gratuit illimite a 2 euros par mois ca laisse de la marge pour les plans de restructuration, hein?

à écrit le 26/09/2016 à 13:16
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Nos milliardaires achètent des multinationales les dépècent et ensuite se plaignent de ne plus retrouver leur valeur initial tout en s'en prenant au "coût du travail", du coup ils continuent de s'acharner sur les salariés ce qui leur donne encore moi...

le 26/09/2016 à 17:01
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Patrick Drahi l'heureux propriétaire de SFR et Altice n'est pas tout a fait un milliardaire ... Il a + de 50 milliards de dettes et ses avoirs sont évalué a 35 milliards ou légèrement + ...( voir moins personne ne donne les véritables chiffres). De...

le 26/09/2016 à 19:54
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Ah oui c'est vrai c'est lui, d'ailleurs il faudrait trouver un nom à ces gens criblés de dettes colossales mais comme les banques les suivent pour on ne sait qu'elle raison, tandis que si nous descendons de un euro en négatif la banque nous taxe 27 e...

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