Cloud souverain : NumSpot se lancera en mai 2024 et a déjà trouvé des clients

Après avoir recruté plus de 100 personnes en un an et signé de premiers clients qui testent déjà ses solutions souveraines, NumSpot prévoit d'attaquer le marché du cloud dès mai 2024. Son objectif : devenir une alternative aux géants américains Amazon, Microsoft et Google, et couper l'herbe sous le pied de ses concurrents Bleu et S3ns, véhicules des Gafam pour capturer le marché du secteur public et des entreprises stratégiques.
Sylvain Rolland
(Crédits : DR)

Lancement en vue pour NumSpot. Treize mois après l'annonce du projet, neuf mois après la création de l'entreprise, l'alliance « 100% française » dans le cloud, composée de Docaposte, de la Banque des Territoires, Dassault Systèmes et Bouygues Telecom, a recruté une centaine d'employés pour fabriquer sa solution. Elle se lancera à l'assaut du marché dès mai 2024.

La plateforme de cloud affiche un positionnement clair : devenir « une vraie alternative souveraine aux solutions des hyperscalers américains » Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud, affirme Alain Issarni, le président exécutif de NumSpot. Elle proposera des services managés en open source, gage de transparence pour les clients, avec l'ambition de fournir les « les meilleurs standards du marché en termes de sécurité, scalabilité, prix et responsabilité environnementale », ajoute le dirigeant, lui-même ancien directeur des systèmes d'information (DSI).

Objectif affiché, capturer le marché des entreprises et organisations qui gèrent des données très sensibles, qui ne peuvent être traitées par des acteurs soumis au droit extraterritorial américain, notamment les Gafam, mais aussi les offres dites « cloud de confiance » Bleu (Microsoft avec Orange et Capgemini) et S3ns (Google avec Thales).

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Le secteur public et les opérateurs d'importance vitale dans le viseur

Dès mai 2024, NumSpot proposera ainsi les services managés Kubernetes, OpenShift et bases de données, qui servent à déployer, faire évoluer et gérer des applications conteneurisées sur n'importe quelle plateforme, et qui constituent les principales briques technologiques pour une migration vers le cloud. Toutes seront certifiées ISO27001 - la norme internationale de sécurité des systèmes d'information - et aussi HDS - pour Hébergeurs de données de santé, la certification nécessaire pour manipuler des données de santé. D'autres services managés seront intégrés dans les mois suivants, « selon les besoins et les priorités des clients ».

Pour conquérir ses cibles, qui sont d'abord le secteur public (Etat, collectivités) et les entreprises et organisations stratégiques du secteur privé (les opérateurs d'importance vitale et opérateurs de services essentiels, comme les banques, assurances et acteurs de l'énergie), NumSpot mise sur sa composition 100% française et ses certifications réglementaires.

Son arme fatale ? Le fameux label SecNumCloud de l'Anssi (Agence nationale de sécurité des systèmes d'information), en plus des certifications standard telles que ISO27001 et HDS. NumSpot est en bonne posture pour l'obtenir après son lancement, car son infrastructure s'appuie sur Outscale, la filiale cloud de Dassault Systèmes, membre du consortium.

« La souveraineté, c'est ne pas subir, estime Alain Issarni. C'est avoir le choix de ses solutions cloud, ne pas tomber sous le coup des lois extraterritoriales américaines, et même ne pas être dépendant de briques technologiques étrangères. NumSpot évite ces trois écueils grâce à sa composition 100% française, et grâce à Outscale, qui fonctionne sur le système d'exploitation cloud TinaOS basé sur des outils libres, contrairement à d'autres solutions qui peuvent être labellisées, mais qui reposent sur des briques technologiques étrangères et donc soumises à des lois extraterritoriales », explique-t-il.

Outscale qui fait partie des rares acteurs - tous Français - déjà certifiés SecNumCloud. Et pour obtenir le sésame au plus vite après le lancement, NumSpot peut compter sur l'expertise de Guillaume Poupard, ancien directeur de l'Anssi et directeur général adjoint de Docaposte, également membre du consortium.

« On ne fera pas l'erreur de dire que c'est facile d'obtenir SecNumCloud, car l'Anssi ne labellise que des offres existantes. Mais NumSpot est conçue dès le début avec l'objectif d'être au niveau de sécurité de SecNumCloud, qui est certes très exigeant mais de bon sens pour tout expert en sécurité », précise-t-il.

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Même pas peur des Gafam

Reste une inconnue : l'alliance des quatre français n'arrivera-t-elle pas trop tard en mai 2024 ? Difficile de se faire une place dans l'univers ultra-concurrentiel du cloud, sachant que le trio Amazon, Microsoft et Google domine déjà 70% du marché français et européen, et capture 80% de sa croissance. Mais NumSpot ne part pas défaitiste.

« Nous n'avons pas la prétention de dire que NumSpot est plus riche que les hyperscalers en terme d'offre, mais il ne faut pas nourrir de complexe sur la qualité de l'offre, et ne pas oublier que la sécurité des données devient primordiale et un enjeu business majeur », assure Olivier Vallet, le directeur général de Docaposte, la filiale numérique du Groupe La Poste.

Et de poursuivre : « Il y a un marché énorme dans le secteur public, notamment dans la santé et l'éducation, ainsi que dans les secteurs très réglementés comme la finance, car les offres actuelles ne peuvent tout simplement pas garantir les niveaux de sécurité et d'imperméabilité au droit extraterritorial qui sont en train d'être fixés par la réglementation ».

Pour les entreprises déjà engagées avec les Gafam, NumSpot ne préfère pas jouer la concurrence frontale. Il se positionne plutôt sur les données les plus sensibles, dans le cadre d'une stratégie multi-cloud que de plus en plus d'organisations tentent de mettre en place.

Vers un écosystème souverain d'acteurs et d'intégrateurs cloud

Et en attendant le lancement, des premiers clients sont déjà engagés avec NumSpot. Depuis septembre 2023, l'entreprise assure l'hébergement du système d'informations de France Services, créé par Docaposte, et qui comporte plusieurs milliers de Maisons France Services dans toute la France. La filiale numérique du Groupe La Poste a également confié à NumSpot l'hébergement sécurisé de sa solution d'intelligence artificielle générative à destination des hôpitaux.

« L'idée est de permettre à des soignants d'utiliser l'IA générative pour faire des synthèses de dossiers médicaux et rechercher de l'information dans ces dossiers, mais personne n'a envie de les confier à ChatGPT en raison de l'extrême sensibilité des données », précise Guillaume Poupard.

NumSpot a également déjà signé le groupe CNP Assurances pour soutenir sa stratégie cloud et héberger sa plateforme data, et a été retenu par la Centrale d'Achat de l'Informatique Hospitalière (CAIH), ce qui lui ouvre les portes des marchés publics dans la santé.

Prochaine étape : étendre son réseau de partenaires, pour accéder aux appels d'offres de l'ensemble du secteur public, et constituer un véritable écosystème souverain dans l'accompagnement cloud. En 2023, NumSpot a noué des partenariats avec des leaders dans l'accompagnement vers le cloud tels qu'IBM, Sopra Steria, Devoteam ou Alter Way, et avec des acteurs portant des solutions souveraines de data et d'IA comme la startup LightOn (qui conçoit des modèles de langage d'IA générative), Aleaia ou Illuin Technology.

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Sylvain Rolland

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Commentaires 4
à écrit le 03/12/2023 à 20:50
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Concurrencer amazon ou microsoft avec 100 personnes ? C'est tres complexe de construire un cloud: il y a des gens qui planent. Et les salaires des ces ingés ? Voulez vous les meilleurs ? Moi a moins de 250K je bouge pas, vous vous alignez "la banqu...

à écrit le 29/11/2023 à 19:38
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bon courage a eux!!!!!! de memeoire y a deja eu un cloud avec dassault orange et consors, et personne n'en voulait........le jour ou on comprendra ce que le cloud implique, certains vont comprendre leur douleur

à écrit le 29/11/2023 à 18:47
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Je suis sur que toute l'infra est américaine donc avec les lois sur l'extraterritorialité du droit américain, c'est plié ! "La vraie alternative souveraine" n'est qu'une vue de l'esprit ou un vœu pieux.

à écrit le 29/11/2023 à 18:46
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Après au sein d'un internet dans lequel aucune donnée n'est en sécurité ne vaut il pas mieux confier les siennes à un pays étranger éloigné dont ils ne pourront pas faire grand chose puisque nous n'y résidons pas plutôt qu'à notre propre pays qui lui...

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