Contraint de retravailler son « business plan », Atos décale la date butoir fixée aux créanciers

Le groupe informatique français Atos, en pleine crise financière, a repoussé au 3 mai la date butoir fixée à ses créanciers pour qu'ils lui fassent des propositions de refinancement. En cause, la nécessité pour l'entreprise de réajuster son plan d'affaires pour la période 2024-2027.
A fin mars, l'endettement d'Atos atteignait 3,9 milliards d'euros pour une trésorerie d'un milliard d'euros.
A fin mars, l'endettement d'Atos atteignait 3,9 milliards d'euros pour une trésorerie d'un milliard d'euros. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Les créanciers d'Atos disposent d'une semaine de plus pour faire des propositions de refinancement du groupe. Visant un accord de refinancement d'ici à juillet, le groupe informatique français en grande difficulté financière leur a donné jusqu'au 3 mai pour formuler des propositions. Le report de ce délai, qui devait initialement s'achever ce vendredi, est la conséquence d'un besoin pour l'entreprise de revoir son plan d'affaires pour la période 2024-2027, ce qui pourrait entraîner un besoin accru en liquidités et une réduction de la dette plus importante qu'envisagé.

Pour rappel, début avril le denier plan d'affaires, présenté aux investisseurs, tablait sur une « reprise des activités commerciales à partir de fin 2024 » avec l'hypothèse d'un chiffre d'affaires d'environ 9,9 milliards d'euros en 2024 puis de 11,4 milliards d'euros en 2027. Le groupe avait indiqué rechercher de 1,2 milliard d'euros d'argent frais et vouloir diviser par deux sa dette, qui avoisine les 5 milliards d'euros, en la convertissant pour moitié en actions.

« Nous mettrons à jour dans les jours à venir ces paramètres afin de tenir compte de l'ajustement de notre plan d'affaire pour 2024-202 », a averti jeudi le directeur général d'Atos, Paul Saleh, dans un communiqué publié à l'occasion des résultats du premier trimestre.

Baisse du chiffre d'affaires

A l'origine de ce réajustement, Atos a évoqué la baisse de son activité, avec un repli de ses ventes de 11% au premier trimestre à 2,479 milliards d'euros, et les « conditions de marché actuelles ». La baisse d'activité a autant affecté le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le « big data », dont le chiffre d'affaires à chuté de 11,6% à 1,2 milliard d'euros, que la branche Tech Foundations (infogérance,) qui a connu un recul de ses ventes de 10,8% à 1,3 milliard.  A périmètre et changes constants, le chiffre d'affaires global a baissé de 2,6%, dont -3,9% pour Eviden et -1,5% pour Tech Foundations. Au-delà de la faiblesse du marché, notamment dans la région Amérique et en Europe centrale, Paul Saleh, a également fait état de reports dans l'attribution de contrats de la part de clients qui attendent plus de clarification sur la résolution du plan de refinancement. A fin mars, l'endettement d'Atos atteignait 3,9 milliards d'euros pour une trésorerie d'un milliard d'euros.

Les porteurs d'obligations s'allient

Les porteurs d'obligations - qui possèdent environ 2,4 milliards d'euros de dette, l'autre partie étant détenue par les banques - avaient déjà organisé leur offensive. Les créanciers obligataires à courte échéance, plutôt des fonds spéculatifs, et ceux à plus longue échéance, plutôt des acteurs institutionnels et des banques privées, ont ainsi décidé de s'allier pour avoir plus de poids dans les négociations, selon l'AFP citant une source proche du dossier.  Il existe une égalité juridique entre les différents créanciers d'Atos, grâce à une clause baptisée « pari passu », qui rend possible un alignement d'intérêts entre les prêteurs.

Jusqu'à ce changement de date butoir, ce front obligataire était prêt à apporter 600 millions d'euros d'argent frais et convertir la moitié de sa dette en actions, soit 1,2 milliard d'euros, si les banques faisaient de même.

Des actionnaires minoritaires, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (UDAAC) avait fait savoir leur opposition à une « mainmise » des fonds spéculatifs sur le groupe. Il n'est pas non plus acquis que ce schéma plaise aux banques. Après la transformation de créances en actions, certains créanciers pourraient toutefois ne pas vouloir prendre les parts de capital, parce que leur statut légal le leur interdit par exemple, pour un expert du secteur.

Si ce scénario s'applique, il se rapprocherait du modèle de restructuration du loueur de voitures français Europcar, où les prêteurs sont devenus actionnaires, avant un rachat par le groupe allemand Volkswagen, selon un expert du secteur.

L'Etat suit de près le dossier

Mais dans le cas d'Atos, l'Etat veille au grain pour garantir la souveraineté de certaines activités stratégiques du groupe, qui détient notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l'armée française.

Le ministère de l'Economie s'est engagé à prêter 50 millions d'euros à l'entreprise pour l'aider à stabiliser sa situation financière en échange d'une « action de préférence » qui lui permet de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, filiale d'Atos qui construit ses supercalculateurs. Bercy envisagerait même de prendre une participation minoritaire dans la division BDS du groupe, qui chapeaute ces activités sensibles, selon BFM Business.

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Commentaires 6
à écrit le 25/04/2024 à 18:07
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Thierry Bretton s’est cassé avant le naufrage causé par ses choix hasardeux, il n’a quand même pas oublier ses dividendes. À la même époque rappelons nous que le conseil d’administration comptait un autre pantouflard en la personne d’Edouard Philipp...

le 28/04/2024 à 11:39
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n'est ce pas le pouvoir qui pour masquer un desastre a deplacer un pion et oui la magouille date du temps ou l'entreprise s'appeler bull et depuis rien n'a changer sauf le non

à écrit le 25/04/2024 à 15:16
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L'Etat suit de près le dossier" ah ouais ! et c'est thierry breton qui s'en occupe?!!! ah ah ah ah voir edouard philippe ? quelle farce ! Le fait de devoir revoir son business plan, montre surtout l’amateurisme..... Mais bon, les patrons de droit...

à écrit le 25/04/2024 à 9:23
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Adieu ATOS, une victime de plus de cette énarchie.. Quand va t-on enfin arrêter ces pantouflages..

le 25/04/2024 à 13:24
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l'entreprise doit reintegrer m breton et dans ce cas la justice pourra lui demander des comptes au lieu de fanfaronner a bruxelles

le 25/04/2024 à 22:34
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Thierry Breton, dont la stratégie hasardeuse a endetté le groupe, n'est pas un énarque.

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