La filiale cybersécurité d'Atos, Eviden, remporte un nouveau contrat dans la fabrication du Supercalculateur Jupiter

C’est désormais officiel ! Eviden annonce ce mardi 23 janvier 2024 la signature d’un nouveau contrat stratégique avec l'un de ses clients, le centre de recherche Jülich (Allemagne). Une occasion pour la filiale du géant français de l'informatique Atos de participer à l'aventure exascale de l'Europe en dirigeant le consortium de fabrication du supercalculateur Jupiter et en délivrant désormais le centre de données qui l’hébergera.
Vue d’artiste du futur data center modulaire développé par Eviden à Angers pour le centre de recherche allemand Jülich.
Vue d’artiste du futur data center modulaire développé par Eviden à Angers pour le centre de recherche allemand Jülich. (Crédits : Eviden SAS)

Le 3 janvier dernier, Atos, qui est en difficulté depuis plusieurs mois, annonçait être en discussions préliminaires avec Airbus pour la cession de sa branche « big data et cybersécurité » avant de remanier son équipe de direction et son conseil d'administration mi-janvier. En ce mardi 23 janvier, le géant français de l'informatique fait une nouvelle annonce : sa filiale Eviden a remporté un nouveau contrat avec le centre de recherche de Jülich près de Aix-la-Chapelle en Allemagne. « La signature a eu lieu en décembre dernier », précise à La Tribune Emmanuel Le Roux, Senior vice-président d'Atos, directeur Advanced Computing, HPC, IA et Quantum.

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Pour rappel, ce contrat fait suite à la sélection d'Eviden, en octobre dernier, comme chef de file du consortium franco-allemand pour la fabrication de Jupiter, premier supercalculateur exascale d'Europe qui pourra réaliser un milliard de milliards d'opérations par seconde. Lequel sera utilisé par ce même centre de recherche allemand pour réaliser des prévisions météorologiques et des recherches sur le climat, pour produire des simulations de développement de nouveaux matériaux dans l'automobile ou l'aviation mais aussi pour créer des jumeaux numériques du cerveau (Human Brain Project).

Un data center de 2.300 m2

Ce nouveau contrat vise à « développer un datacenter composé d'une cinquantaine de modules qui seront pré-équipés de dix racks chacun et pré-assemblés dans l'usine Eviden d'Angers (Maine-et-Loire) », poursuit Emmanuel Le Roux. Dans le détail, ce centre de données qui hébergera le premier supercalculateur exascale d'Europe sera équipé de 20 conteneurs informatiques, 15 conteneurs d'alimentation électrique et 10 conteneurs dédiés à la logistique (hall, atelier, entrepôt, etc.), d'environ 10 mètres de long et 5 mètres de large chacun. Le tout sur 2.300 m2.

D'après Eviden, cette solution modulaire présenterait divers avantages. Tout d'abord, le centre de recherche de Jülich en Allemagne pourra « bénéficier de plus de flexibilité et d'agilité sur le long terme, avec une plus grande facilité de mises à jour ou de remplacement de modules individuels, indépendamment du reste du système ».

L'entreprise assure qu'il suffit d'enlever un module et de le remplacer par un autre doté d'une configuration informatique mise à niveau alors que, avec les systèmes actuels, le démantèlement d'un système obsolète et la mise à niveau du centre de données pour prendre en charge les nouvelles technologies peuvent prendre des semaines ou des mois et entraîner une longue indisponibilité.

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Autre atout avancé par Eviden comparé aux centres de données traditionnels : « des coûts divisés par trois et un délai de livraison réduit de 50% ».

Réception du data center en 2025

Les racks de calcul du supercalculateur Jupiter seront intégrés dans les conteneurs avec le système de refroidissement, l'alimentation, le réseau et le câblage directement dans l'usine Eviden d'Angers, avant la livraison en Allemagne. « Cette étape clé permet d'accélérer considérablement le processus d'installation et de réduire le risque de découverte de défauts chez le client. » De même, la conception de ce centre de données modulaire permettrait de réduire la consommation d'énergie, d'améliorer le recyclage des matériaux utilisés et d'améliorer globalement l'efficacité énergétique. Grâce à la technologie de refroidissement d'Eviden intégrée au refroidissement à eau chaude breveté du supercalculateur, la chaleur générée par le système Exascale offrirait également une meilleure capacité de réutilisation de la chaleur au sein du centre de recherche de Jülich, explique l'entreprise.

Quid du calendrier ? « Les premiers modules seront déployés en juin prochain au sein du centre de recherche de Jülich et la fin des travaux interviendra au cours du premier semestre 2025 ».

Interrogé sur le montant de ce nouveau contrat qui lie Eviden à son client allemand, Emmanuel Le Roux n'a pas souhaité le communiquer, mais assure que les deux contrats récemment signés totalisent une enveloppe supérieure à 300 millions d'euros  (Jupiter représente, lui, un investissement de 273 millions d'euros, ndlr).

« Un vaisseau amiral pour les 10 à 15 ans à venir »

Ce contrat intervient alors que l'usine d'assemblage d'Eviden est en pleine expansion sur le site de Belle-Beille à Angers. C'est ici que sera aussi développé le fameux Jupiter, le troisième au monde à atteindre la vitesse exascale. « Un tel contrat représente 35% de la charge du site et plus de 50% en pleine production », souligne Vincent Sarracanie, son directeur responsable de la supply chain et des achats. La construction de ce supercalculateur débutera quant à elle mi-mars pour une durée de six mois. « Pour l'heure, les principaux sous-traitants d'électronique ont lancé les productions et quelques validations techniques restent à obtenir ».

Ce gros chantier de reconstruction vise à faire émerger un nouveau site de production de 30.000 m2. À la clé : des gains de productivité. « Les nouvelles machines étant de plus en plus lourdes, il nous fallait investir massivement dans cette usine qui date de 1962 pour la maintenir en condition opérationnelle. Nous avons donc lancé un chantier de restructuration en 2022 afin d'avoir un vaisseau amiral pour les 10 à 15 ans à venir », explique encore Vincent Sarracanie.

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En lieu et place d'une ancienne friche industrielle, inoccupée depuis 2015, ce projet chiffré à 80.000 euros se poursuit en ce début d'année. Après une phase de démolition d'anciens bâtiments, aujourd'hui finalisée, les nouvelles constructions vont débuter dans le courant de ce semestre avant une livraison en deux temps : « une première phase au cours du premier semestre 2025 puis une seconde en 2027 ». Entre-temps, en 2026 plus exactement, le site de production actuel sera à son tour démoli. L'ensemble passera alors de quatre à sept hectares, laissant place à une possible extension. La surface de production va, elle, doubler, avec plus d'une centaine d'emplois supplémentaires, selon les estimations de Vincent Sarracanie.

Dans la course à l'exascale, cette « usine hors norme » sera alors dimensionnée pour développer un second supercalculateur européen, autre contrat que la filiale d'Atos espère remporter à l'issue d'un nouvel appel d'offres de l'UE auquel elle a répondu. Réponse en 2025.

Atos scinde ses activités historiques

Confronté à un mur de dette, Atos doit rembourser ou refinancer 3,65 milliards d'euros d'emprunts et obligations venant à échéance d'ici fin 2025.

Pour résoudre la crise financière à laquelle elle fait face, l'entreprise a donc pris la décision de scinder ses activités historiques de conseil en informatique et celles dans la cybersécurité. D'une part, Tech Foundations, qui regroupe les activités de conseil en informatique et qui doit être cédée au groupe EPEI de Daniel Kretinsky. D'autre part, les activités dans la cybersécurité, qui regroupent la branche BDS (Big data & security), et qu'Atos prévoit de conserver au sein de cette nouvelle entité qu'est Eviden.

Néanmoins, début janvier, le groupe d'aéronautique et de défense européen a indiqué avoir lancé une phase de « due diligence » avec Airbus pour le rachat de cette branche BDS pour laquelle il propose une valeur d'entreprise entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d'euros.

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Commentaires 7
à écrit le 24/01/2024 à 17:00
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Bonjour Ça fait toujours plaisir de voir la ville d'Angers et Belle beille reprendre son activité en informatique, perso c'était encore mémoire à tores, cartes perforées et disques durs en salles blanches et près de 2m de. Diamètre . C'était en...

à écrit le 24/01/2024 à 2:01
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Atos assemble les composants à haute valeur ajoutée qui ont été conçus et produits dans des pays étrangers, alors n'essayons pas de prétendre qu'Atos est le cœur et le cerveau de tout superordinateur. Les précédents superordinateurs assemblés par Ato...

à écrit le 23/01/2024 à 19:38
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ah ah ah ah je ne pense pas que l article dispose de sources d informations vérifiées , ils ont eu une dépêche afp

à écrit le 23/01/2024 à 12:12
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Eviden, c'est la grosse pépite que la France devait à tout prix protéger, même au sein d'une coopération européenne. Je me rappelle que, courant printemps 2023, la presse indiquait que + de 40 des supercalculateur du Top 500 étaient ATOS, dont celui...

le 23/01/2024 à 13:00
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Pk la France c'est une entreprise allemande

le 24/01/2024 à 10:14
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Pépite française ou notre pépite, je n’ai pas écris. Les affaires : Atos est clairement une multinationale depuis une dizaine d’années, par l’achat de branches de Bull, Siemens et Schlumberger, donc des pépites passées sous contrôle français. Grou...

le 25/01/2024 à 14:57
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Plutöt Pépite allemande!!!! ATOS n'a jamais été une vraie entreprise technologique francaise. Il y a 10 ans Thierry Breton achetait ourbi orbi des entreprises technologiques allemandes et toute la presse francaise le fêtait comme une Rock-Star. Maint...

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