Atos en discussion avec Airbus pour lui céder ses activités stratégiques de cybersécurité, son action bondit

Le géant français de l'informatique a annoncé ce mercredi matin être en discussions préliminaires avec Airbus pour la cession d'une de ses branches stratégiques. En difficulté depuis plusieurs mois, le groupe cherche des solutions pour se désendetter.
Suite à cette annonce, l'action boursière d'Atos bondissait ce matin de 11,24% à 7,78 euros vers 09h05.
Suite à cette annonce, l'action boursière d'Atos bondissait ce matin de 11,24% à 7,78 euros vers 09h05. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Une grande manœuvre à venir pour le géant français de l'informatique Atos, en difficulté depuis plusieurs mois. Le groupe a annoncé ce mercredi être en discussions préliminaires avec Airbus pour la cession de sa branche stratégique (BDS) spécialisée en big data et cybersécurité, ce que le groupe aéronautique a confirmé. Après cette annonce, l'action boursière d'Atos bondissait ce matin de 11,24% à 7,78 euros vers 09h05.

Pour rappel, ces discussions entre les deux sociétés sont encore à un stade préliminaire. En clair, un accord n'est, à ce stade, pas garanti. Pour l'heure, Atos indique dans un point de marché qu'il va « ouvrir une phase de due diligence (procédure détaillée d'examen des comptes, ndlr) avec Airbus, dont l'offre indicative d'une valeur d'entreprise de 1,5 à 1,8 milliard d'euros porte sur l'intégralité du périmètre BDS ».

Se désendetter pour Atos, se renforcer dans la cybersécurité pour Airbus

Cette nouvelle cession est envisagée par le groupe informatique qui doit se désendetter et prévoit désormais d'aller « bien au-delà » de l'objectif de « 400 millions d'euros » envisagés en juillet afin d'honorer ses échéances de financement. Pour Airbus, cette potentielle acquisition pourrait lui permettre de renforcer son portfolio « en matière de défense et sécurité grâce à des capacités de premier plan dans les domaines du cyber, du calcul avancé et de l'intelligence artificielle ».

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Par ailleurs, Atos indique avoir reçu une deuxième marque d'intérêt pour une partie du périmètre de BDS, sans dévoiler le nom de la société. Face à des conditions de marché difficiles, le groupe « n'exclut pas des cessions d'actifs complémentaires » si le projet de cession de sa branche Tech Foundations n'aboutit pas.

En octobre de l'année dernière, Atos a vu ses ventes reculer de 10,8% à 1,37 milliard, avec une baisse organique de 7,2%. A 2,59 milliards d'euros, le chiffre d'affaires était à ce moment-là en recul organique de 3%, hors changes et variation de périmètre. Pendant le troisième trimestre 2023, le groupe a recruté 3.630 personnes, tandis que 5.800 employés ont quitté le groupe.

Restructuration

Atos a prévu depuis 2022 de se scinder avec, d'un côté, la branche Tech Foundations (infogérance) et, de l'autre, la branche stratégique Eviden (cloud, cybersécurité, supercalculateurs). L'été dernier, le groupe a finalement décidé de vendre Tech Foundations au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Eviden serait, de son côté, mise en Bourse, après une augmentation de capital initialement prévue de 900 millions d'euros, et revue à la baisse mercredi.

« Les discussions se poursuivent sur le prix à payer, la structure de l'opération et le transfert d'une très grande partie des passifs attachés à Tech Foundations. Comme pour toutes négociations, il n'y a aucune certitude qu'elles aboutissent à un accord. En outre, l'évolution des conditions et des réactions de marché nécessitent de réduire la taille initialement prévue de l'augmentation de capital d'Eviden », nuance Atos dans son communiqué.

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Mi-décembre, le cabinet de conseil Onepoint a renforcé sa participation au capital du groupe Atos, dont il détient désormais 11,4%. Celui-ci avait déjà acquis 9,9% du capital du groupe informatique en novembre, devenant son premier actionnaire. Pour autant, son intention n'est pas de prendre le contrôle d'Atos.

Onepoint a aussi indiqué vouloir « disposer, dès que cela sera possible, de trois représentants au conseil d'administration d'Atos, ce nombre étant susceptible d'évolution en fonction du niveau de détention auquel se stabilisera la participation de Onepoint ». Le cabinet de conseil avait aussi de nouveau réclamé que la cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky « intervienne à des conditions significativement améliorées par rapport à celles du projet annoncé le 1er août 2023 ».

Le gouvernement ne nationalisera pas Atos

Interpellé à plusieurs reprises par des parlementaires inquiets de la situation du groupe informatique, le gouvernement a rappelé sa position sur le sujet en novembre dernier : il ne prévoit ni de nationaliser Atos, ni d'y prendre une participation.

Lors d'une déclaration mercredi 8 novembre dernier aux Assises de l'Industrie, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a, en revanche, rappelé qu'il veillerait à protéger la branche du groupe dédiée aux supercalculateurs. Et pour cause, celle-ci est indispensable à la dissuasion nucléaire française. Seul constructeur européen de supercalculateurs, Atos est le quatrième groupe mondial dans ce domaine.

« Je rappelle que Atos est une entreprise qui a bien entendu des activités très sensibles, d'autres qui le sont moins. Là, ma responsabilité n'est pas d'investir dans l'entreprise, c'est de protéger les technologies les plus sensibles. Elles seront protégées », a ainsi expliqué le ministre.

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Cette déclaration n'avait pas rassuré certains députés et sénateurs inquiets de l'avenir d'Atos. A l'instar du président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Cédric Perrin, qui s'oppose à l'arrivée du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky du groupe.

Interpellé par le sénateur lors de questions au gouvernement le 8 novembre dernier, le ministre délégué chargé du numérique Jean-Noël Barrot lui avait rétorqué qu'une nationalisation d'Atos « ne réglerait pas les problèmes opérationnels et financiers de l'entreprise ». Il avait ajouté : « Ce n'est pas de la tutelle de l'État qu'Atos a besoin, mais bien de partenaires industriels et d'investisseurs ».

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2024 à 6:28
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C'est pas vraiment un géant français maid plutot allemand sous gouvernance de Sirmens

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