AlphaStar, la nouvelle IA de Google qui vous écrasera à Starcraft 2

L'intelligence artificielle a battu les humains aux échecs, Scrabble and Go - et maintenant, elle a le meilleur sur nous au jeu vidéo de stratégie en temps réel Starcraft II. Est-ce bonne nouvelle... pas certain !?
Laurent Lequien
(Crédits : Warner Bros)

L'algorithme AlphaZero est devenu champion d'échecs, de go et de shogi (échecs japonais), grâce à un entraînement intensif... contre lui-même. La startup britannique DeepMind (filiale d'Alphabet, la maison mère de Google) a conçu cette intelligence artificielle polyvalente, capable de battre d'autres logiciels spécialistes de chacun de ces jeux - eux-mêmes meilleurs que les champions humains.

Les jeux de stratégie en temps réel restaient pour certains experts relativement inaccessibles aux intelligences artificielles (IA) face à des joueurs aguerris. DeepMind a encore prouvé la supériorité de l'approche deep learning de la startup en battant 5 fois de suite deux des meilleurs joueurs professionnels du jeu vidéo Starcraft II le 24 janvier dernier.

Pour obtenir ce résultat, l'éditeur du célèbre jeu de stratégie Blizzard s'était associé dès 2017 à Google DeepMind pour créer une passerelle (sous la forme d'une API) permettant d'entraîner des intelligences artificielles au jeu de stratégie Starcraft. Suite au lancement de ces briques logicielles, des tournois permettant aux IA de s'affronter sur le jeu ont pu être organisés.

Lire aussi : DeepMind, l'IA de Google, veut triompher sur Stracraft II

Un scénario à la "Wargames" ou à la "Terminator" ?

Dans Starcraft, les joueurs doivent contrôler leurs armées sur un terrain donné. À l'instar des terrains de manoeuvres militaires, les joueurs doivent mettre en place des infrastructures pour conquérir des territoires. L'algorithme AlphaZero a dans un premier  temps été entraîné à partir d'enregistrement de séquences de jeux humains. Comme pour le go, les IA ont été dupliquées et se sont ensuite affrontées pour accumuler l'équivalent de 200 ans d'expérience du jeu, un niveau d'apprentissage inaccessible pour le commun des mortels.

La double particularité qui fait la force d'AlphaZero, c'est-à-dire l'apprentissage de l'algorithme par le jeu contre soi-même et les applications multiples, lui ont valu un article dans le magazine anglo-saxon de référence Science, qui y voit un "pas en avant significatif vers la création d'un programme de jeu universel".

Imaginer que l'apprentissage des multiples stratégies acquît par l'IA serait transposable sur un théâtre d'opérations réel, épaulant ainsi un état-major, n'est pas irrationnel. Dans les années 80s, les films d'anticipation avaient déjà soulevé ces questions : le film "Wargames" avait anticipé cette réalité tangible d'une IA en charge du feu nucléaire américain et qui à partir de l'apprentissage de plusieurs jeux, avait forgé ses propres règles de gestion du conflit nucléaire mondial. La série de films "Terminator" aborde également la même problématique avec son intelligence artificielle nommée "Skynet".

IA WOPR (Wargames, 1983)

IA SKYNET (Terminator, 1984)

L'IA représente-t-elle une véritable rupture dans l'art de la guerre ? Pour Jérôme Lemaire, chargé de mission intelligence artificielle et digitalisation systèmes opérationnels à la DGA, "c'est une possibilité". "Mais nous avons du temps pour nous y préparer, car il existe encore peu d'applications en service dans le domaine militaire, contrairement au domaine civil où on les trouve déjà dans le trading financier, le commerce électronique ou dans les smartphones, avec la reconnaissance vocale et faciale."

L'intelligence artificielle permettra entre autre de contrer les futurs missiles hypervéloces, capables d'atteindre des vitesses allant de cinq à dix fois la vitesse du son. Elle le fait déjà aujourd'hui.

"Face à ces missiles hyper rapides, l'IA répond en temps réflexe à la place de l'humain. Elle va également venir en appui de l'homme pour les tâches complexes, comme la relève des blessés, le ravitaillement ou les actions de combat, même si l'humain doit rester au cœur de la décision", a expliqué le colonel François Beaucournu, référent innovation technico-opérationnelle lors du dernier Paris Air Forum en juin dernier.

Les IA intégrées dans les capteurs vont également augmenter l'agilité dans les décisions.

Lire aussi : IA dans le militaire: la France reste dans la course aux armements

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Laurent Lequien

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Commentaire 1
à écrit le 30/01/2019 à 8:22
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