IA dans le militaire : la France reste dans la course aux armements

L'intelligence artificielle (IA) va sans doute modifier en profondeur la manière de faire la guerre. Cette guerre du futur est-elle déjà en action sur les théâtres d'opérations ? Pas encore, mais les armes automatisées sont inéluctables.
Comme le marteau est devenu l'extension du bras de l'homme, l'IA sera l'extension de son cerveau, a estimé le colonel François Beaucournu, référent innovation technico-opérationnelle, chef de section études, prospective et innovation capacitaires à l'État-major de l'Armée de Terre
"Comme le marteau est devenu l'extension du bras de l'homme, l'IA sera l'extension de son cerveau", a estimé le colonel François Beaucournu, référent innovation technico-opérationnelle, chef de section études, prospective et innovation capacitaires à l'État-major de l'Armée de Terre (Crédits : Pixabay)

L'intelligence artificielle est déjà très utilisée dans l'univers sensible de la défense. Pourquoi ? "l'IA n'est pas une technique à forte barrière d'entrée. Elle est disséminée partout et il n'y aura pas de retour en arrière", a expliqué à l'occasion du Paris Air Forum organisé jeudi 21 juin par La Tribune, le colonel François Beaucournu, référent innovation technico-opérationnelle, chef de section études, prospective et innovation capacitaires à l'État-major de l'Armée de Terre.

L'IA va-t-elle changer l'art de la guerre?

L'IA représente-t-elle une véritable rupture dans l'art de la guerre ? Pour Jérôme Lemaire, chargé de mission intelligence artificielle et digitalisation systèmes opérationnels à la DGA ), "c'est une possibilité. Mais nous avons du temps pour nous y préparer, car il existe encore peu d'applications en service dans le domaine militaire, contrairement au domaine civil où on les trouve déjà dans le trading financier, le commerce électronique ou dans les smartphones, avec la reconnaissance vocale et faciale".

L'intelligence artificielle permettra entre autre de contrer les futurs missiles hypervéloces, capables d'atteindre des vitesses allant de cinq à dix fois la vitesse du son. Elle le fait déjà aujourd'hui. "Face à ces missiles hyper rapides, l'IA répond en temps réflexe à la place de l'humain. Elle va également venir en appui de l'homme pour les tâches complexes, comme la relève des blessés, le ravitaillement ou les actions de combat, même si l'humain doit rester au cœur de la décision", a expliqué le colonel. Les IA intégrées dans les capteurs vont également augmenter l'agilité dans les décisions.

Les SALA, une crainte?

Les armées occidentales vont devoir anticiper toutes les éventualités lors d'un conflit armé, y compris l'éventualité que leurs ennemis potentiels ne s'embarrassent pas de questions éthiques, à l'image de l'utilisation de SALA (systèmes d'arme létaux autonomes), les fameux "robots tueurs". "C'est une mauvaise expression", a estimé le colonel Beaucournu, "car il y a un homme derrière la télécommande. Néanmoins, les Russes ne se gênent pas pour tester leurs robots en Syrie". Pour autant, les SALA vont certainement s'installer dans le paysage militaire, a estimé Emmanuel Chiva, directeur général adjoint d'Agueris (groupe CMI), pour qui "le risque n'est pas le transhumanisme ou l'IA forte (dotée d'une conscience, Ndlr), mais la facilité pour un hacker de pirater une base d'apprentissage des algorithmes".

Selon Emmanuel Chiva, "les SALA ne sont pas une priorité. Ils sont pour l'instant autorisés seulement dans l'espace exo-atmosphérique et sous l'eau. La recherche en IA va dans le sens d'une incorporation d'un corpus de valeurs éthiques. Mais quel gouvernement acceptera de stopper ses recherches en IA à cause des SALA ? La robotisation est inéluctable sur le champ de bataille". Déjà, des robots Samsung SGR-1, capables de détecter les mouvements d'un intrus dans un rayon de quatre kilomètres et de le neutraliser, sont déjà en action dans la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corée. Il y en aurait également sur le plateau du Golan.

La France reste dans la course

La France est-elle encore dans la course de l'IA ? Pour Jérôme Lemaire, il existe un premier cercle où l'on trouve les États-Unis et la Chine, et un second avec Israël, le Canada, la Corée du Sud, le Royaume Uni, le Japon et la France. "Nous possédons un bon niveau académique, un écosystème de 200 start-up et des grandes entreprises comme Atos, Dassault Systèmes, Thales et MBDA. Nous n'avons pas forcément beaucoup de données pour nourrir les algorithmes, mais une combinaisons d'experts, de compétences et de clients pour nos produits".

Le colonel Beaucournu mise beaucoup sur le programme Scorpion, dont le maître d'oeuvre est la direction générale de l'armement (DGA), qui vise à assurer la modernisation des groupements tactiques interarmes. "L'idée de base dans Scorpion, c'est qu'il y aura bien des automatismes robotisés dans certains cas spécialisés, mais sinon, l'homme sera là pour superviser la majorité des actions. Comme le marteau est devenu l'extension du bras de l'homme, l'IA sera l'extension de son cerveau", a-t-il expliqué. À condition, comme le rappelle justement le colonel François Beaucournu, que "les officiers soient capables de comprendre la logique algorithmique pour l'expliquer à leurs chefs"...

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Commentaire 1
à écrit le 01/07/2018 à 9:03
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Les robots tueurs type Terminator se n'est pas pour tous de suite, car ils faut avant tous regler le probleme d'énergie ... Ensuite nous en prenons la direction ... Mais bon , nous ne somme pas obliger de cree des machine a tuer.... La robotique...

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