Alternative au viager, GYLB monétise les maisons des seniors

Moyennant le versement d’un petit loyer, cette jeune entreprise à mission aide des personnes âgées à rester à leur domicile, après leur avoir racheté leurs maisons à un prix non-calculé sur leur espérance de vie. Une alternative innovante au viager pour qui veut mobiliser son épargne.
Dans la Manche, Sylvie âgée de 70 ans a cédé sa maison de 150 m2 à Gylb, de préférence à un viager. Elle continue d'y séjourner.
Dans la Manche, Sylvie âgée de 70 ans a cédé sa maison de 150 m2 à Gylb, de préférence à un viager. Elle continue d'y séjourner. (Crédits : DR)

Rester chez soi une fois passé l'âge de la retraite, 85% des Français en rêvent, selon une enquête Ifop publiée en 2019. Encore faut-il avoir les moyens de laisser dormir son épargne dans la pierre, ce qui est loin d'être donné à tout le monde. GYLB, jeune entreprise à mission active depuis 2022 près de Caen, a trouvé une parade. Elle a exhumé et dépoussiéré un modèle imaginé, il y a une quinzaine d'années, par le Crédit Agricole qui ne l'a jamais mis en pratique.

Lire aussiJeunes actifs ou retraités : qui bénéficie des fruits de la croissance ?

Baptisée Mona Logy, le modèle en question consiste à racheter, puis à rénover, le logement de retraités afin de leur permettre de se maintenir à demeure ad vitam. Le tout moyennant le versement d'une "charge d'occupation" que GYLB promet « toujours inférieure au prix de marché ». A titre d'exemple, le loyer perçu par la société avoisine aujourd'hui 350 euros pour une maison valant 250.000 euros.

« La valeur du bien n'est pas calculée en fonction de l'âge du propriétaire, détaille Yoann Léonard, son directeur général et co-fondateur. On applique une décote minimale de l'ordre de 30% de façon à ce que le prix de portage soit égal à zéro. Ainsi, le capital restitué au senior est maximisé ».

« Notre approche comble un manque »

Ancien banquier d'affaires reconverti dans l'innovation sociale, l'intéressé a créé sa société après avoir géré, pendant deux ans, le portefeuille d'investissement en viager d'un promoteur immobilier. Il en est revenu : « C'est une solution très déséquilibrée, parce que l'investisseur a toujours tendance à sous-évaluer le bien. A contrario, nous savons que nous ne ferons pas de gras, mais que notre approche comble un manque entre le viager et l'Ehpad ».

Lire aussiLe système de retraite sera-t-il aussi généreux avec les générations futures qu'avec les retraités actuels ?

Associé à Gérard Ballière, un ancien haut fonctionnaire territorial, comme lui, en quête de sens, Yoann Léonard est parvenu à convaincre, non pas le Crédit Agricole, mais le CIC de lui apporter son soutien. Non sans quelques difficultés, admet-il. « Il a fallu se faire accepter, reconnaît-il. Mais aujourd'hui, la banque nous accorde des prêts in fine, on ne rembourse donc que les intérêts jusqu'au remboursement du capital à échéance ».

Pour les classes moyennes

Pas question toutefois de se lancer dans des opérations trop risquées sur des biens supposés invendables : « La vieille ferme isolée dans la Creuse, on ne sait pas faire, cela mettrait le modèle en danger ». Faute de pouvoir mettre sur pied un système universel, les fondateurs de GYLB se flattent néanmoins d'adresser les classes moyennes détentrices de logements standards, « celles qui en ont le plus besoin ». « On ne cherche pas à faire de coup », assurent-ils.

Lire aussiCrise du logement : « Il n'existe pas de solution miracle » (Olivier Sichel, CDC-Banque des territoires)

En phase de décollage, la société a déjà acquis trois premiers biens en dix mois. Elle revendique une dizaine d'autres projets prêts à aboutir, notamment autour de l'ancienne usine Moulinex de Cormelles-le-Royal (Calvados) dont de nombreux ex-salariés boomers ont atteint l'âge de la retraite. Pour élargir son périmètre et consolider son modèle, elle cherche à lever 5 millions d'euros, la Banque des territoires est approchée. A bon entendeur.

Au Havre, les Maisons de Marianne investissent une ancienne caserne

Construire des logements adaptés au maintien à domicile des personnes âgées et au bien vivre ensemble. C'est la promesse des Maisons de Marianne. Pionnier de l'habitat intergénérationnel et solidaire, il développe depuis 13 ans des résidences inclusives et participatives, aujourd'hui au nombre de 38. Conscient que le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) risque de le priver de foncier, le groupe investit dorénavant des bâtiments existants qu'il rénove. Le premier du genre a vu le jour au Havre dans une ancienne caserne de pompiers, à l'initiative d'Edouard Philippe que le concept a séduit.

Baptisé Le Blason et réalisé en partenariat avec le promoteur Nexity et le bailleur social Alceane, l'ensemble abrite 81 logements sociaux en location et 35 en accession à la propriété « tous occupés » précise sa directrice générale Raphaëlle Gilaber. Outre des salons communs et d'autres espaces dédiés au bien-être et à la santé, il est le premier lieu à être doté d'une galerie d'art aménagée dans les vastes espaces où stationnaient hier les camions des pompiers. « L'art est un puissant vecteur de lien social qui répond à notre exigence de haute qualité humaine », explique Raphaëlle Gilaber. Dans le sillage de ce programme précurseur, Les Maisons de Marianne ont acquis plusieurs châteaux « en ruines » qui seront reconfigurés.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.