Aurora, cette startup normande qui veut révolutionner la stérilisation

Lauréate du plan France 2030, la medtech rouennaise Aurora a mis au point une méthode à base de plasma exempte de produits chimiques pour stériliser les instruments multi-matériaux, comme les endoscopes que les hôpitaux peinent à décontaminer. Le procédé intéresse aussi les fabricants de dispositifs médicaux, en quête d’une alternative au redoutable oxyde d’éthylène.
Un dispositif médical est dit stérile quand il existe moins d’une chance sur un million de trouver ce dispositif contaminé avec des microorganismes pathogènes (virus, bactéries ou spores). On parle de Niveau d’Assurance de Stérilité (NAS). Aurora se flatte d'atteindre le NAS en une heure sur tous les types de microorganismes.
Un dispositif médical est dit stérile quand il existe moins d’une chance sur un million de trouver ce dispositif contaminé avec des microorganismes pathogènes (virus, bactéries ou spores). On parle de Niveau d’Assurance de Stérilité (NAS). Aurora se flatte d'atteindre le NAS en une heure sur tous les types de microorganismes. (Crédits : DR)

Le 3 mars, le parquet de Privas a ouvert une enquête préliminaire pour « mise en danger de la vie d'autrui » à l'encontre du fabricant de dispositifs médicaux à usage unique, Tetra Médical, installé à Annonay (Ardèche). Liquidé depuis un an, le laboratoire est suspecté d'avoir exposé des dizaines de ses salariés à l'oxyde d'éthylène. Ce dernier est un gaz classé cancérogène, mutagène et reprotoxique. Il était utilisé pour stériliser les cathéters et autres kits chirurgicaux avant leur commercialisation.

Ce n'est pas le premier scandale qui éclabousse cette molécule, proscrite depuis peu en Europe pour la stérilisation des additifs alimentaires, mais auquel le secteur médical recourt encore fréquemment, faute de mieux.

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Une mise sur le marché dès l'an prochain

La donne pourrait bien changer grâce au procédé développé et breveté par la startup rouennaise Aurora à partir des recherches menées à l'université de Reims par la professeure Marie-Paule Gellé. En quête d'une alternative pour décontaminer les implants dentaires, cette orthodontiste a imaginé la première technologie de stérilisation à base de plasma froid, utilisant exclusivement les gaz de l'air (oxygène et azote), sans produit chimique. Une petite révolution dans cette spécialité qui s'est rappelée à notre bon souvenir lors la crise Covid.

Après avoir levé 5 millions d'euros auprès des fonds Go capital et Normandie Participations associés à des business angels, Aurora qui est lauréate du plan France 2030* vient de lancer l'industrialisation de ce procédé disruptif avec trois premières machines en cours d'assemblage. La mise sur le marché des Aquasaniit (aurore boréale en inuit), leur appellation commerciale, débutera que l'an prochain au prix d'environ 150.000 euros l'unité. Mais les premiers clients se manifestent déjà, assure Jan Laarman, PDG et co-fondateur.

« Il ne se passe pas un jour sans que nous soyons approchés par des fabricants de dispositifs médicaux qui nous demandent de l'aide pour remplacer l'oxyde d'éthylène ».

Au secours des hôpitaux

La technologie promet également d'enlever une sérieuse épine du pied aux hôpitaux. Ces derniers peinent à décontaminer les instruments multi-matériaux de plus en plus complexes qui ont fait leur apparition dans les salles d'opération, à commencer par les endoscopes. Ces dispositifs munis de caméras permettent de regarder l'intérieur du corps.

« 250 millions d'endoscopies sont réalisées chaque année à travers le monde, mais 70% de ces instruments sont insuffisamment stérilisés et 20% sont contaminés au point d'être mis au placard », souligne Jan Laarman qui chiffre ce seul marché à plusieurs milliards d'euros.

L'enjeu n'est pas mince. Aux Etats-Unis où Aurora est en cours d'accréditation par la FDA (Food & Drug Administration), « 1 patient sur 31 contracte au moins une infection en association avec les soins hospitaliers », selon le dernier rapport des centres de santé et de contrôle.

La méthode pourrait aussi inspirer de nouvelles pratiques dans la lutte contre la prolifération microbienne. Certains responsables d'établissements voient ainsi dans les Aquasaniit un moyen de stériliser les doudous, jouets, smartphones et autres tablettes tactiles apportés par les patients et impossibles à désinfecter dans les autoclaves.

Vers une percée dans l'agroalimentaire ?

La portée de l'innovation n'a pas non plus échappé à l'industrie agro-alimentaire, elle aussi en quête d'alternative à l'oxyde d'éthylène. Cela n'est sans doute pas un hasard si Jérôme Foucaud, co-fondateur de William Saurin et président de l'Adepale, une des principales fédérations professionnelles de l'industrie alimentaire, est entré au capital d'Aurora.

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De bon augure pour la levée de fonds de série B que prépare la startup en vue de lancer la commercialisation et de créer sa première chaîne d'assemblage « quelque part en Normandie ». En attendant, Bruno Guicheux, directeur des investissements associé du fonds Go Capital, lui prédit un avenir de « leader européen des technologies de stérilisation ».

*dans le cadre de l'appel à projets "maladies infectieuses et émergentes"

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Commentaire 1
à écrit le 14/03/2023 à 22:00
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Bonjour, Belle invention et logique Dommage on n'a pas d'explication theorique pour le fonctionnement, tout le monde connaît les 4 états de la matière solide liquide gazeux et plasmatique. Par exemple on tire au canon plasma sur une surface qu...

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