Plus connue pour avoir interdit les plastiques à usage unique dans la restauration rapide, la loi AGEC contre le gaspillage et pour l'économie circulaire accouche aussi - et c'est tant mieux - d'une ribambelle de jeunes pousses dans la construction. Neolitik (ou « l'âge de la pierre nouvelle » en grec ancien) est l'un de ces as du recyclage nés dans son sillage. Installée près de Fécamp, cette startup fabricante de matériaux pour le bâtiment revendique de travailler exclusivement avec des déchets, là où beaucoup de ses pairs se limitent à en incorporer quelques dizaines de pourcents.
Sa botte secrète ? Un alliage de rebuts de béton concassés issus de la démolition agglomérés grâce à un liant à base de déchets plastiques dits « complexes ». Deux matières premières qui jusqu'ici avaient du mal à trouver preneur sur le marché, s'enorgueillit Marc Dib, son fondateur. « On crée un nouveau débouché pour des déchets orphelins comme la fraction fine du béton difficilement valorisable dans la construction ou des plastiques trop compliqués à recycler », détaille t-il. Baptisé Ecolithe, le matériau « 100% recyclé et recyclable » a trouvé une première application dans la fabrication de dalles de sol hydrofuges. Esthétiquement, le pari est réussi. D'aspect grainé, les modèles les plus clairs ressemblent à s'y méprendre à de la pierre.
Une dalle bas carbone
Présentées comme deux fois plus résistantes que leurs équivalentes en béton, elles affichent aussi un bilan carbone impeccable, inférieur de 95% à celui ces dernières, pour un prix comparable. De quoi attirer l'attention des acteurs du BTP que le durcissement des réglementations environnementales poussent au réemploi. Premier à s'être laissé tenter : le bureau de Bouygues Bâtiment en Ile-de-France. A titre de test, Neolitik, qui dispose de sa propre usine, lui fournit 800 m2 de dalles pour garnir un toit terrasse et des cheminements piéton Nanterre « peut-être le début d'une collaboration durable », risque Marc Dib.
Parrainée par les groupes Valgo et NGE et investie dans une myriade de réseaux professionnels, la startup (5 salariés aujourd'hui) ne cible pas que le marché des grandes majors de la construction. Elle adresse aussi le marché des artisans et des particuliers. Si rien ne vient contrarier les négociations en cours, ses produits devraient bientôt faire leur entrée dans les rayonnages de Point P et de Leroy Merlin. Côté R&D, le maître de maison planche sur la mise au point d'autres applications pour l'Ecolithe. « Des revêtements de façades et des tuiles » sont à l'étude. D'ici là, Neolitik espère avoir obtenu le blanc-seing du CSTB, l'organisme qui certifie les produits et services du bâtiment. Un passage obligé pour qui veut percer.
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