Emplois, revenus, domination parisienne... ce qu'il faut retenir de l'édition 2023 du Next40 et du French Tech 120

Alors qu'Emmanuel Macron rencontre ce lundi à l’Élysée l'écosystème de la French Tech, le gouvernement a révélé les 122 startups qui composent l'édition 2023 du French Tech Next40 et du French Tech 120. Revenus, emplois, secteurs les plus représentés, place des femmes et répartition géographique : La Tribune fait le point.
Sylvain Rolland
(Crédits : DR)

C'est fait : après des mois d'une sélection sur dossier fastidieuse, la Mission French Tech et le gouvernement ont rendu leur verdict et révélé, dimanche 19 février, la quatrième promotion du French Tech Next40/120, l'indice des startups les plus prometteuses du pays. Cette année, le prestigieux label a été accordé à 122 entreprises, dont les deux-tiers situées en Île-de-France.

Ces pépites révèlent toute la diversité sectorielle de la French Tech, des logiciels professionnels aux pépites engagées dans la transition écologique et énergétique, en passant par les places de marché en ligne ou encore les innovations de rupture (deeptech) dans tous les domaines, futur de l'industrie tricolore dans l'électronique, le spatial, les mobilités ou encore la santé. Comme l'an dernier, l'indice est renouvelé d'un tiers en 2023. Ce sont 11 nouvelles startups qui intègrent le Next40 (six pour la première fois, cinq étaient déjà dans le French Tech 120 et ont progressé). Pour les 80 places restantes, 34 startups intègrent le French Tech 120 : 22 pour la première fois, 3 font leur retour après une ou deux années d'absence, et 9 étaient l'an dernier dans le Next40 mais ont reculé (Aledia, Alma, Bioserenity, Brut, Kineis, Lifen, LumApps, Malt et Ornikar). Analyse.

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Des performances économiques de plus en plus solides

Signe du développement du secteur de la tech, les entreprises du Next40 et du French Tech 120 pèsent de plus en plus lourd dans l'économie française. Désormais, les 120 startups emploient 47.800 personnes dans le monde, dont 31.400 en France, soit presque le double de la première promotion, en 2020. Ces emplois ont un impact concret sur le tissu économique, notamment en Ile-de-France mais aussi dans tous les territoires. Ainsi, Exotec (robots pour la logistique industrielle) prévoit de doubler ses effectifs dans le Nord en embauchant 580 personnes en 2023, tandis que la construction de la gigafactory de Verkor, près de Grenoble, va engendrer la création de 200 emplois en 2023 et 1.200 à terme.

Ces 120 pépites sont également les têtes de proue des levées de fonds : dans une année 2022 record pour la French Tech avec 13,5 milliards d'euros récoltés, les entreprises labellisées French Tech Next40/120 ont levé l'an dernier 5,8 milliards d'euros, soit près de la moitié à elles seules du total. Le Next40 compte 26 licornes (startups valorisées au moins 1 milliard de dollars) dans ses rangs, dont 8 ont atteint ce statut en 2022. Et 9 pépites ayant levé plus de 100 millions d'euros intègrent le palmarès : ClubFunding (financement participatif), Electra (bornes de recharge), Flying Whales (ballons dirigeables pour le fret aérien), Innovafeed (élevage d'insectes pour l'alimentation), Pigment (planification financière), Safti (mandataires immobiliers), Verkor (batteries électriques), Wifirst (Wi-Fi pour professionnels) et ZePlug (bornes de recharge).

Les performances en terme de chiffre d'affaires sont plus mitigées : si la French Tech compte quelques centaures (des startups qui réalisent plus de 100 millions d'euros par an de revenus récurrents), la moyenne du French Tech 120 se situe à 11,3 millions d'euros (contre 6,7 millions en 2020), soit l'équivalent d'une petite PME. Au total, les 120 entreprises cumulent 11,3 milliards d'euros de revenus en 2022.

Mais les produits et les services proposés par les startups de la French Tech s'insèrent de plus en plus dans le quotidien des Français. D'après une étude de Roland-Berger, plus de trois Français sur cinq (62%) utilisent tous les mois au moins un service ou un produit de la French Tech, qu'il s'agisse de prendre un rendez-vous médical sur Doctolib, payer son déjeuner avec Swile, acheter des vêtements de seconde main sur Vestiaire Collective, se faire livrer un colis avec Trush, covoiturer avec BlaBlaCar ou jouer à un jeu mobile développé par Voodoo.

Paris et de l'Ile-de-France dominent (quasiment) sans partage

C'est un fait : malgré les efforts du gouvernement pour développer la tech partout dans les territoires, les startups les plus performantes gravitent encore et toujours autour de la capitale, là où se situe l'essentiel des fonds d'investissement et des sièges sociaux des grandes entreprises.

Le Next40 est même encore plus parisien en 2023 qu'en 2022 : 34 startups sur 40 (32 en 2022), soit un écrasant 87,5%, ont leur siège social à Paris ou en Ile-de-France. Les six rescapés sont la licorne de robots industriels Exotec et le champion des protéines végétales Innovafeed dans les Hauts-de-France ; la startup du spatial Loft Orbital Technology basée à Toulouse ; la licorne des avantages salariés Swile, et le réseau immobilier Safti, tous deux à Montpellier ; et enfin le champion des batteries électriques Verkor, situé près de Grenoble. Et sur les onze nouveaux entrants dans le Next40 en 2023, tous sont franciliens à l'exception de Verkor et Safti.

Le French Tech 120 est plus équilibré : 37,8% des 82 autres startups qui complètent l'indice sont basés en régions, soit 25 points de plus que pour le Next40. Mais cette représentativité est faussée par les quotas régionaux imposés. Sans eux, le French Tech 120 serait lui aussi nettement plus parisien.

Dans le détail, la région Aura se distingue avec 6 startups dans le French Tech 120 : Aledia (électronique), Alma (fintech), Agicap (fintech), LumApps (logiciel), HelloCSE (logiciel RH) et Iten (électronique). Les régions Occitanie, Sud et Hauts-de-France suivent dans une triple égalité, avec 4 places chacune.

 Au total, onze régions métropolitaines sur 13 sont représentées dans le French Tech 120. Seules la Corse et la Normandie sont absentes. Du côté des Outre-Mer, seule la Guadeloupe se distingue, avec deux entrées en 2023 dans le French Tech 120 pour l'agritech Myditek et le site de design/décoration Tootila.

Les femmes toujours pas à la fête

L'Élysée se réjouit d'accueillir au sein du Next40 une femme dirigeante pour la première fois en 2023 : Éléonore Crespo, la fondatrice et dirigeante de Pigment (logiciel financier). Mais si la représentation des femmes dans le French Tech 120 a indéniablement progressé (de 5 en 2020 à 15 en 2023), près de 88% des entreprises de l'indice sont dirigées exclusivement par des hommes, ce qui confirme la tech comme l'un des secteurs les moins paritaires de l'économie.

Et encore : parmi les 15 femmes de la promotion 2023, seulement 6 sont les dirigeantes de l'entreprise, les autres étant « seulement » des cofondatrices, avec parfois peu de fonctions opérationnelles. Et parmi les 6 femmes CEO, 2 partagent le poste avec un homme, ce qui fait que seulement 4 startups parmi les 122 de l'indice sont dirigées par une femme seule.

Poussée des deeptech et des startups industrielles

2023 marque aussi l'éclosion de plus en plus de startups industrielles et de deeptech (innovations de rupture) dans le Next40/French Tech 120.

La filière de la production de véhicules électriques est particulièrement représentée avec Verkor, Iten, Electra, NW Group et Zeplug, tout comme l'alimentation durable (Innovafeed, Ynsect, Myditek), domaine dans lequel la France fait figure de précurseur dans le monde.

D'après l'Élysée, 18 pépites du French Tech 120 ont déjà amorcé la construction de leur première usine en 2022, et les projets pullulent pour 2023. La sélection contient aussi une quinzaine de startups qui produisent des biomédicaments ou des dispositifs médicaux innovants.

« L'écosystème s'est déployé dans de nouveaux secteurs, passant du tout numérique à la création de plus en plus de startups industrielles, notamment pour faire face aux défis de la transition écologique », a commenté Clara Chappaz, directrice de la mission French Tech.

Sylvain Rolland

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